Archives mensuelles : février, 2013

Marrakech au départ de Vatry avec Ryanair

B737-8AS EI-DCZ ©Xavier Cotton

Le 26 avril, Ryannair débutera une liaison deux fois par semaine depuis Marrakech (nouvelle base marocaine avec Fès) vers Vatry. Les vols du mardi et vendredi quitteront le Maroc à 15h40 pour arriver à 20h05, les vols retour décollant à 20h30 pour se poser à 22h55.
La ligne Vatry–Porto gagnera elle un aller-retour hebdomadaire : départs de Vatry mardi et jeudi à 11h05,  samedi à 16h25, et retour de Port respectivement à 7h15 et 12h35
Marseille sera aussi relié à Vatry à compter du 2 avril, avec des vols mardi, jeudi et samedi (horaires variables selon les jours).
Par contre cet été, Ryanair abandonne  la liaison entre Paris-Vatry (Disney) et Stockholm-Skavsta. Cette liaison crée en 2010 assurait deux rotations hebdomadaires. Vatry avait déjà perdu fin 2011 sa liaison avec Oslo.
Rappelons que Jetairfly a confirmé le retour des liaisons bi-hebdomadaire entre Nice et Vatry du 29 mars au 25 octobre 2013, que LuxairTours assurera des rotations sur Palma de Majorque (22 mai au 25 septembre) et Heraklion (27 juin au 29 août) et que des vols Charters vers le Cap-Vert, la Croatie, Madère et Malte seront organisés par Top of Travel et vers la bulgarie par Look Voyages.
Vous trouvez sous ce lien le programme complet des vols au départ de Paris-Vatry : http://www.vatry.com/IMG/pdf/progvol.pdf
Sources des informations :
L’Est Eclair : http://www.lest-eclair.fr
Aéroport de Paris-Vatry : http://www.vatry.com

Le CRNA-Est fête ses 30 ans

Centre en Route de la Navigation Aérienne-Est à Reims ©Xavier Cotton

Non ce n’est pas BEAUBOURG mais le CRNA-Est (Centre en Route de la Navigation Aérienne Est). Implanté à Reims, il est en charge de la gestion du trafic aérien du quart Nord-Est de la France.
Il fête aujourd’hui ses  30 ans depuis le premier message diffusé dans les airs, le 22 février 1983.
Le CRNA-Est se situe au cœur de la zone des plus importants carrefours européen de trafic aérien, la « Core area » où il gère un espace presque exclusivement dédié aux survols. Il est à la croisée des transits de l’Italie et la Suisse à destination du Royaume-Uni , des pays scandinaves et du nord de l’Allemagne vers la l’Espagne, les îles Canaries et le Maghreb , ainsi que des départs de la plate-forme parisienne vers l’orient, le Moyen-Orient, l’Asie et des vols transatlantiques en provenance de l’Europe de l’Est.
540 personnes y travaillent, une population plutôt jeune puisque la moyenne d’age y est de 33 ans. La fluidité et la sécurité  des vols y sont assurées pour une moyenne de 2500 vols/jour et plus de 800.000 vols /an.

Vol Air France Paris-Marseille en 1937

Potez 62 F-ANPI  » Cigogne » d’Air France ed Godneff (collection privée Xavier Cotton)

Voici les impression du docteur Robert Delabost sur son vol de Paris à Marseille avec un Potez 62 d’Air France en 1937. Ce témoignage est paru dans la « Revue de l’Aéroclub de Normandie » (trimestrielle) d’août 1937. Air France est alors une toute jeune compagnie aérienne puisque fondée en 1933.

« Notre vice président fondateur de l’Aéro-Club, Robert Delabost, ayant le 13 mai dernier, employé l’avion de la ligne « Air-France » pour un déplacement dans le midi, a bien voulu donner à notre trésorier (Jean Bétrancourt, ndlr), et à l’attention de nos membres, ses impressions sur ce voyage.

Collection Alain Bétrancourt

Oui, mon cher trésorier, comme je l’avais projeté depuis longtemps, je viens de faire le voyage de Paris à Marseille par le service d »Air-France » sept cents kilomètres à …… vol d’oiseau, en trois heures un quart et deux demies heures d’auto.
C’est un rêve en comparaison avec la longue et fatigante nuit que l’on doit passer en chemin de fer pour effectuer le trajet, et c’est une joie pour un « vieux de l’air ».

Mais comment est-on admis à faire le voyage ?….

C’est bien simple : on consulte à la gare, dans les agences de voyage ou à l’aéroclub, un horaire d' »Air-France » et l’on retient, par lettre ou par téléphone, sa place à bord de l’avion, de préférence quelques jours à l’avance, au Bureau de cette Compagnie Aérienne, 2, rue Scribe, à Paris : On paie 630 francs à ce Bureau qui vous indique l’heure du départ de l’autobus spécial qui part du Bureau d' »Air-France » 116, rue Lafayette et vous conduit à l’aérodrome du Bourget. c’est dans ce Bureau que l’on vous remet les billets et que l’on vous prends tous vos bagages et votre appareil photographique. ceux ci vous seront remis à votre arrivée à Marseille.

Et c’est les mains libres que l’on monte dans l’autobus rapide qui vous attend, et on a juste le temps de traverser les interminables couloirs de la nouvelle gare pour arriver dans la salle d’attente et sur l’aire de départ de l’avion. À moins qu’une averse d’importance, comme celle qui tomba alors, ne retarde l’envolée de dix minutes par mesure de prudence.

Embarquement à bord d’un POTEZ 62 d’Air France Sur la ligne Paris-Bordeaux ©Jacques Hémet

On se hâte alors vers un superbe bi-moteur « Potez 62 », qui vous attend en face, à cinquante mètres : on monte à tour de rôle les marches d’un escabeau et l’on s’installe à son grès sur les fauteuils libres de la carlingue, absolument comme dans un wagon.

Les moteurs sont chauds, le pilote et le radio-gonio sont à leur poste, le steward s’assure que les douze voyageurs (dont onze anglais) sont à leur place, la porte est claquée, les moteurs ronflent plus fort et l’on décolle.

  Et le confort à bord ?….

Parfait. Les sièges, très souples, se moulent au corps, et le dossier, bien incliné, vous donne une impression si agréable que de tout le trajet, je n’ai vu aucun voyageur le quitter pour se délasser comme on le fait volontiers dans le chemin de fer. Une grande glace vous permet de voir aisément la terre en restant confortablement assis. Au dessus de la glace, un petit ventilateur réglable vous envoie un courant d’air frais très agréable sur la figure, car l’air de la carlingue est aussi calme et chaud que celui d’un compartiment de chemin de fer ; au dessous de la glace, une pochette contient trois petits sacs de papier résistant pour recevoir, au besoin, les résultats du mal de l’air.

Aménagement de la cabine d’un Potez 62 ©Photo constructeur via Jacques Moulin

Il y a très peu de vibrations et l’on peut écrire ses mémoires d’un écriture à peine tremblée.

Le steward vous remet bientôt un petit sachet de papier contenant du coton pour mettre dans les oreilles : mais le bruit des moteurs n’est pas très fort puisque l’on peut se parler et se comprendre à cinquante centimètres en élevant un peu la voix, et l’on ne tarde pas à se passer du bouchon de coton : quelques minutes après le départ, le steward vous distribue des bonbons. Le geste est délicat, mais aussi il est utile, car ce sont des pastilles de chewing-gum, que l’on suce pendant tout le trajet pour aider la pénétrations ou la sortie de l’air dans la caisse du tympan et éviter bourdonnements ou douleurs aux changements d’altitude.

Potez 62 F-ANPG ©Photo constructeur via Jacques Moulin

        

Et maintenant pourriez vous nous donner quelques impressions de voyage ?….

Bien volontiers. Au départ, on s’élève sur cette banlieue Nord-Est de Paris dont les maisons banales et les usines ne tardent pas à paraître bien petites ; puis, dans la brume qui suit la pluie d’orage, on devine Paris et sa tour Eiffel. Un ruban lamé d’argent, c’est la Seine ; puis un autre tortueux, c’est la Marne. Un troisième plus étroit apparait, c’est l’Yères (en réalité c’est l’Yerres dans l’Essonne à ne pas confondre avec l’Yères petit fleuve côtier de Seine-Maritime, ndlr). On vole encore sous les volutes noires d’un ciel orageux. Puis, c’est le brouillard : on traverse les nuages. Le soleil apparait alors éblouissant dans un ciel bleu, et aussitôt, on survole les moutons dorés, à perte de vue, de la mer de nuages. On est à 1,600 ou 1,800 mètres. Le spectacle est merveilleux.

De temps en temps,par une trouée noire, on voit la terre. Elle est bien sombre et bien vilaine, par comparaison, la terre.

Après trois quarts d’heure environ, petit à petit, le sol apparait à travers la brume, de plus en plus net ; mais ce n’est pas la terre de chez nous ; les champs sont petits et en forme de polygones irréguliers. À dix kilomètres environ sur la droite, on longe un long ruban argenté, c’est la Loire, dont nous remontons la vallée : nous survolons Chateau-Chinon. Un quart d’heure se passe et nous voyons un pays tout plein de flaques d’eau : le Nivernais.

Potez 62 F-AOUA à Lyon-Bron ©SLHADA

Puis nous tombons dans deux ou trois tous d’air causés par la traversée des Monts du Lyonnais et quelques minutes après, nous longeons la Saône, et nous sommes en vue du Rhône et son confluent. On est déjà sur Lyon, qui ne parait pas très grand. Voilées par une légère brume, on distingue Notre-Dame-de-Fourvières, la place Bellecour et la gare Perrache.

Mais tout cela s’enfuit rapidement, car l’avion va vite ; on se rapproche du sol, la terre tourne encore, et l’on roule sur le terrain de Bron. Cinq minutes d’arrêt, tout juste le temps de prendre un café trop chaud, et l’on court à l’avion qui s’envole.

Puis nous voyageons dans l’air limpide et chaud de la vallée du Rhône, à quelques 20 kilomètres de sa rive gauche. Les Alpes neigeuses sont toutes dorées par le soleil ; on reconnait le Massif du Mont-Blanc, puis celui du Pelvoux

Plus loin, on rase de près le Ventoux aux pentes pierreuses. On survole des fleuves de sable : C’est l’Isère, la Drôme et la Durance. Sur la droite, on distingue le Massif Central couvert d’orages éclairés par les lueurs rouges feux du soleil. le spectacle est passionnant de tous côtés… Et, tout d’un coup, on a l’agréable surprise de découvrir l’Étang de Berre, avec ses réservoirs de pétroles, ses deux terrains d’aviation et, plus loin, la belle mer bleue.

On cherche à s’orienter, mais la terre se met à danser une sarabande effrénée ; tout tourne devant les yeux et l’avion roule sur le terrain de Marignane.

À l’arrêt, seul je descends ; les onze autres voyageurs, Les Anglais, restent dans le Potez, qui repart aussitôt pour Cannes.

Dix minutes après, j’étais invité à monter dans un vieux tacot d' »Air-France », qui par des chemins invraisemblables, me conduit, avec un bruit de ferraille, vers la banlieue de Marseille, plus bruyante encore et plus grouillante, où l’on ne peut avancer qu’à grands coups d’une trompette sonore.

À trois heures, j’avais quitté la rue Lafayette, et à sept heures, j’étais sur la Cannebière, frais et dispos. C’est au bureau d' »Air-France » que mes bagages et mon appareil photographique me furent rendus.

Potez 62 F-ANPH ©Photo constructeur via Jacques Moulin

Et pour conclure ?……

Voyage beaucoup plus court, plus beau et moins fatigant qu’en Chemin de fer. À peine plus coûteux, si l’on tient compte qu’à l’arrivée on n’éprouve pas le besoin de perdre du temps pour se reposer.
Le Danger ? Infiniment moindre que dans les promenades en autocar dans les montagnes niçoises ou sur les corniches en bordure de la mer.
Enfin, c’est un agrément, et c’est aussi un devoir pour chacun de contribuer au développement de notre aviation en s’en servant, comme savent s’en servir…… les Anglais.

Sources des Informations et Documentations :
Alain Bétrancourt
Photos constructeur via Jacques Moulin
Revue de l’Aéroclub de Normandie août 1937
Société Lyonnaise d’Histoire de L’Aviation et de Documentation Aéronautique : http://www.slhada.fr/


Souvenirs “turbulents” de la période 1935-1940

MÉMOIRES D’UN INGENIEUR DE RECHERCHE  – suite n°1
Georges ROLLIN (1915 – 2001)
Vous avez déjà pu lire dans mon blog, un extrait des mémoires de Georges Rollin relatif aux essais en vol du Laté 631, et fait connaissance avec « l’anémoclinomètre » utilisé pour l’étude de la turbulence. Dans le texte qui suit, qui a fait l’objet en 1993 d’un exposé à la demande de la Fédération Française de Vol à Voile, Georges Rollin nous raconte les essais en vol dans le cadre de l’étude de la turbulence ; les essais rapportés ici ont été effectués dans le massif central avant la guerre de 1939.

Souvenirs  “turbulents”  de  la  période  1935 – 1940 .

Note préliminaire :
                        Se souvenir à presque soixante ans de distance de cette période historique et agitée est un exercice délicat . Il est bien évident que mes souvenirs ne peuvent être que personnels malgré la consultation des quelques documents rescapés de la guerre . Je prie donc le lecteur de bien vouloir m’excuser si je suis trop présent dans ce récit . Mais je pense que si d’autres témoins, dont le nombre diminue sans cesse, écrivent également leurs mémoires, un historien pourra en faire un jour une synthèse plus impersonnelle. (G. R.)
            Un rappel historique est ici nécessaire .
            En 1934, à la suite de la catastrophe du trimoteur “Émeraude” victime de conditions atmosphériques particulièrement difficiles, le Ministre de l’Air décide de pousser au maximum l’étude des « rafales, remous et courants aériens » ; c’est ainsi qu’il crée le 27 avril 1935 la « COMMISSION  de  la  TURBULENCE  ATMOSPHÉRIQUE«  qui a pour but la coordination des études déjà entreprises sur ce sujet . L’arrêté ministériel nomme membres de cette commission les personnalités suivantes sous la présidence de Mr. Ph. Wehrlé  Directeur de l’O.N.M.  :
MM. Dedebant et  Baldit de l’O.N.M.
Mr. P. Dupont,  Ingénieur en Chef de l’Aéronautique,
MM. H. Benard, P. Idrac, Métral  et  J. Kampé de Fériet,  Professeurs de mécanique des fluides .
            Cette commission établit immédiatement un vaste programme de recherches que je ne détaillerai pas ici, mais qui couvre tous les domaines depuis les études théoriques, les mesures en laboratoire, en atmosphère et en vol, la réalisation du matériel expérimental nécessaire, et les applications à la météorologie .
            Embauché en octobre 1935 comme jeune ingénieur à l’I.M.F.L. (Institut de Mécanique des Fluides de Lille), le Directeur de cet institut, le professeur J. Kampé de Fériet me charge de l’étude et de la réalisation des moyens expérimentaux, ce qui me place d’emblée au cœur de la turbulence. Mes premières réalisations portent notamment sur l’adaptation de l’anémoclinomètre IMFL, détecteur de pression des paramètres de la turbulence, aux mesures sur avions et planeurs, et un enregistreur photographique équipé de manomètres à miroir de différentes sensibilités adaptées aux mesures sur planeurs, sur avions plus ou moins rapides et également au sol pour l’étude des couches basses de l’atmosphère. Par ailleurs, au moyen de dispositifs expérimentaux appropriés, j’ai procédé à l’étude en soufflerie des temps de réponse des principaux indicateurs de vitesse du vent utilisés à cette époque.
            L’étude de la turbulence est d’une importance capitale pour le calcul de la structure des avions qui doivent la supporter sans dommage, mais également pour les planeurs dont elle est le moteur ; en effet, sans turbulence (ascendances) le vol à voile ne serait pas possible ; le planeur, largué à une certaine altitude, ne pourrait que descendre et parcourir une distance déterminée par sa finesse .
       L’atmosphère étant essentiellement turbulente, MM. Wehrlé et Dedebant ont eu le mérite d’introduire la notion « d’échelle de la turbulence » qui permet de classer les phénomènes et de procéder à leur étude avec des moyens appropriés. L’échelle la plus élevée que l’on puisse adopter pour l’atmosphère est celle du globe terrestre où l’on ne différencie que de vastes domaines constitués par la troposphère , la stratosphère, les fronts polaires, etc……
Immédiatement au dessous se place l’échelle appelée “synoptique” dans laquelle travaillent les météorologistes qui établissent les cartes présentées notamment à la télévision, sur lesquelles on distingue les perturbations de grande étendue, les cyclones et anticyclones .
Puis nous avons le domaine de « l’aérologie » qui correspond à des particules de quelques centaines de mètres ; les remous, rafales, tourbillons qu’étudie l’aérologie constituent le domaine d’activité de la Commission de la turbulence.  
Le domaine suivant correspond à des particules de quelques mètres à quelques dizaines de centimètres provenant, par exemple, du passage du vent sur un sol plus ou moins rugueux. Pour bien préciser cette notion d’échelle je préfère citer M.Kampé de Fériet: « Chaque fois que l’on descend d’un rang dans la hiérarchie des échelles, aux mouvements précédemment définis pour les particules correspondantes s’ajoutent les mouvements propres des micro-particules dans lesquelles on est parvenu à fractionner ces particules ; à chaque stade, la complexité des mouvements s’accentue et leur caractère chaotique mérite toujours davantage le qualificatif  « turbulent » . A la limite, si l’on admet le point de vue de la théorie cinétique, on aboutit à l’échelle moléculaire où les particules ultimes sont constituées par les molécules ; c’est le chaos moléculaire qui est le terme final de cette cascade de turbulences emboîtées les unes dans les autres comme des poupées gigognes ».
            En résumé, l’atmosphère étant interposée entre la terre et le soleil, sa turbulence, toutes échelles confondues, provient des forces de Coriolis, des phénomènes thermiques (convection), des phénomènes orographiques (rugosité des sols, mers, montagnes…). Ces mouvements tourbillonnaires sont liés à des variations de pression statique qui font l’objet de nos mesures ; on distingue le cyclone, constitué d’une dépression centrale, tourbillon qui tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère Nord ; inversement l’anticyclone tourne dans l’autre sens autour d’une surpression .
            Tant que nous sommes au sol, nous sommes soumis, indépendamment des pressions cycloniques, essentiellement à la turbulence orographique qui provoque des micro-fluctuations de pression dont la fréquence est détectée par notre organisme et peut être préjudiciable à notre santé (effet néfaste du vent d’Autan à Toulouse)..

            Les effets de la turbulence sur un avion ne peuvent être étudiés qu’en vol, les mesures en soufflerie sur maquette, utiles dans bien des domaines, n’apportent rien dans celui-ci, car la turbulence ne suit pas les lois de la similitude. Je dirais même qu’au deuxième degré, c’est à dire pour la détermination sur maquette des caractéristiques  d’une soufflerie à construire, cette technique peut se solder par de sérieux déboires. C’est ce que j’ai évité de faire  lors de la construction de deux souffleries, l’une du type « Eiffel » de 80 CV à Lille en 1938 pour la mise au point des équipements de mesure, l’autre « à retour » de 120 CV à Toulouse en 1941.

Dès sa formation, la Commission de la Turbulence a choisi pour zone d’expérimentation la Banne d’Ordanche et ses environs où le professeur Kampé de Feriet avait déjà, avec son équipe, installé un laboratoire et procédé à de nombreuses mesures aérologiques en liaison avec l’ONM également pourvu d’une station de mesures. Par ailleurs le relief accidenté de la chaîne des puys offrait un champ d’étude intéressant du point de vue turbulence. La proximité du terrain d’aviation d’Aulnat à Clermont-Ferrand ne pouvait que favoriser ce choix.
Potez 540 avec l’Anémoclinomètre ©Philippe Rollin

            En septembre 1935, pendant que l’Ingénieur en Chef de l’Aéronautique P. Dupont procédait à la transformation d’un bombardier  POTEZ 540 en avion laboratoire, les équipes au sol de l’ONM et de l’IMFL ne restèrent pas inactives et procédèrent à de nombreuses mesures aérologiques avec des moyens divers : fusées fumigènes, anémoclinomètres montés à trois mètres du sol sur des pylônes alignés dans la direction du vent dominant.  J’ai mis en évidence, avec ce type de dispositif en 1936, qu’une rafale enregistrée à une certaine vitesse par l’anémoclinomètre de tête se déplaçait à vitesse moitié pour atteindre les anémoclinomètres suivants. Ceci m’a permis de rassurer Mr Hurel responsable d’essais avec ballon à MURUROA en lui précisant que si le vent soufflait à 100 km/h, le ballon ne se déplacerait qu’à 50 km/h, ce qu’il a effectivement constaté ; il m’a remercié pour cette information.

            En septembre 1936, la campagne d’essais avec Potez 540 a pu avoir lieu et les principaux vols ont été effectués entre Aulnat et la Banne d’Ordanche à différentes altitudes et dans des conditions météorologiques variées contrôlées par le poste au sol de la Banne dont les informations étaient complétées par les renseignements fournis par les pilotes de planeurs parmi lesquels Erik Nessler .
Les résultats font l’objet, dans le cadre des « Publications Scientifiques et Techniques du Ministère de l’Air », du B.S.T. n° 77 de 1938 de l’Ingénieur Paul Dupont.
POTEZ 58 offert par Pierre Cot  Ministre de l’Air en 1937 ©Philippe Rollin

            En 1937, Pierre Cot, Ministre de l’Air, nous rendant visite à l’IMFL, est particulièrement intéressé par nos travaux d’aérologie et par les moyens de mesures au sol et en vol que nous avons développés. Aussi, pour marquer son intérêt pour nos recherches et nous encourager, il met à notre disposition un petit avion militaire, un Potez 58, et son pilote ;  par ailleurs il m’accorde une bourse de pilotage dans le cadre de l’aviation populaire qu’il vient de créer, bien que j’aie dépassé la limite d’âge autorisée. J’ai pu ainsi passer fin 1937 mon brevet sur le terrain de Lille-Ronchin en même temps que Christian, frère d’Edmond Marin la Meslée dont on oublie trop qu’il a été classé Premier Chasseur Français au cours de la dernière guerre après 20 victoires aériennes, et avec Lami, qui, entré à Air France, a terminé sa carrière comme Commandant de bord sur Boeing 747. Si j’évoque ici le souvenir de mon camarade Lami , c’est qu’il m’a avoué un jour qu’il pratiquait le vol à voile pour avoir de temps en temps la possibilité de voler et de tenir en main un vrai manche à balai !

POTEZ 25 servant aux sondages météo entre 0 et 6000m ©Philippe Rollin
            La campagne de septembre 1937 a donc eu lieu avec les Potez 540 et 58 auxquels est venu se joindre un Potez 25 pour effectuer les sondages météorologiques jusqu’à 6000 m. au-dessus de la Banne d’Ordanche. Ayant personnellement volé sur cet avion, je puis dire que c’est vraiment du sport d’atteindre 6000 m. en n’étant protégé du vent et du froid que par un simple pare-brise, surtout si l’on précise qu’il faut au moins autant de temps pour passer de 5000 à 6000 m. que pour monter à 5000 m.
Passage au voisinage du Puy de Dôme (1465m) en POTEZ 25 ©Philippe Rollin
            Les mesures sur le Potez 540 ont permis d’affiner celles de 1936. Quant au Potez 58, qui pouvait se permettre de voler plus près du sol, il a contribué à l’étude de l’influence orographique notamment par la mesure de la turbulence au dessus des lacs, des forêts et dans le sillage de certains sommets.
            L’examen de l’écoulement de l’air au voisinage des roches Tuilière et Sanadoire, responsable de plusieurs accidents de planeur, a été entrepris. Au retour de chaque mission nous passions régulièrement entre ces roches sans incident, jusqu’au jour où notre avion est brusquement tombé, nous laissant sur place, défonçant la verrière supérieure avec nos têtes ; le pilote n’a eu que le temps de récupérer le manche à balai, de basculer l’avion à la verticale et d’effectuer une ressource au fond de la vallée. Nous avons établi une corrélation entre ce phénomène tourbillonnaire et le sillage du Puy de Dôme que par ailleurs nous étudiions systématiquement .
            Indépendamment de la campagne de la Banne d’Ordanche, nous avons utilisé notre Potez 58 pour l’étude de la turbulence dans la région du Nord entre Lille et Calais, étude de la turbulence à l’intérieur et au dessus des nuages ainsi qu’au voisinage du sol où la micro-turbulence thermique faisait frétiller la cellule ; frétillement « sensible aux fesses », et je puis dire qu’avec ce type de détecteur je pouvais reconnaître si nous survolions un lac, une forêt, un champ de blé ou de betteraves . L’effet de sol, par vols à différentes mais très faibles altitudes a pu être mis en évidence à l’aide de l’anémoclinomètre .
            En résumé et en ce qui concerne les planeurs, on peut distinguer trois types de turbulences :  le frétillement dont je viens de parler, la forte turbulence qui secoue énergiquement la structure de l’engin, et l’ascendance tant recherchée qui permet au planeur de « spiraler » et de gagner de l’altitude, donc du temps de vol et de la distance parcourue.
            Quant à la campagne de septembre 1938 avec les mêmes avions que dans la précédente, mais avec des équipements de mesure plus précis et des enregistreurs photographiques, je me contenterai de l’illustrer en évoquant trois incidents de parcours qui heureusement n’ont eu aucune suite fâcheuse .
            Notre Potez 540 était prêt à décoller, attendant qu’un deuxième Potez 540 de notre équipe arrive de Villacoublay. C’était un jour de beau temps sans le moindre souffle de vent, la manche à air pendante, et l’on sait – ou l’on ne sait pas – que dans ce cas il faut manœuvrer à la main le « T » recouvert de toile blanche qui indique le sens d’utilisation de la piste. Las d’attendre, nous décidons de partir sans nous préoccuper de la position du « T ». A peine décollé, nous ne voyons pas immédiatement sur fond de montagnes l’autre Potez arrivant en sens inverse. Les deux pilotes n’ont eu que le temps de dégager par la droite et d’éviter de justesse le contact .
            Deuxième incident avec ce même Potez 540 qui venait d’être équipé du premier pilote automatique dont nous étions chargé de la mise au point. La décision est prise de faire un test sur le trajet Clermont-Ferrand – Lyon. Décollage, traversée de la couche nuageuse, réglage du cap et enclenchement du pilotage automatique. Le pilote descend de son siège pour bien montrer son inutilité. Après le temps calculé pour le trajet, il reprend les commandes et pique dans les nuages d’où nous émergeons juste dans l’axe de la piste de Bron, ce qui était remarquable. Après un déjeuner au mess de la base, nous re-décollons vers Clermont-Ferrand en appliquant le même processus. Dans la traversée des nuages en fin de parcours quelqu’un s’inquiète et dit « où est le Puy de Dôme  ? ». Panique à bord, le pilote fait immédiatement un 180° avant de poursuivre la descente. Nous sortons des nuages au dessus d’une ville que personne n’identifie. Nous repérons la gare qui malheureusement est couverte, ce qui nous oblige à faire trois passages en rase-mottes pour lire le nom de la gare en bout de quai –Montluçon — ; il n’y avait plus qu’à suivre la voie ferrée, dans le bon sens, pour regagner Aulnat …..
Potez 58 en panne au dessus de la Bourboule ©Philippe Rollin

 Troisième incident, mais avec le Potez 58. Une panne de moteur avant d’atteindre La Bourboule nous oblige à atterrir sur le plateau mal pavé de Charlanne.

Le téléphérique descendant vers La Bourboule n’est pas loin mais ne fonctionne plus à cette heure tardive. Une descente m’est accordée avec beaucoup de gentillesse, ce qui me permet d’alerter la gendarmerie dont le règlement l’oblige à assurer la garde de tout avion militaire en difficulté. Seulement, après examen de la carte, il apparaît que le plateau de Charlanne est sur le territoire de La Tour d’Auvergne ; c’est donc finalement la gendarmerie de celle-ci qui délègue deux gendarmes munis de couvertures, thermos et casse-croûte, pour passer la nuit à bord, ce qui d’ailleurs les a ravis. Pendant ce temps-là, le pilote et moi avons passé une excellente soirée à La Bourboule avec les amis de la Banne descendus pour nous tenir compagnie. Après dépannage le lendemain matin par un mécanicien de la base d’Aulnat, retour sans incident après un décollage type “porte-avions”.
            Tous ces incidents seraient impensables de nos jours, compte tenu des équipements radio et des radars.
            La campagne de septembre 1939 n’a évidemment pas eu lieu. Mais il faut cependant noter à l’actif de la Commission que M. Kampé de Feriet avait organisé en juillet, avec le concours du Club Alpin Français, une campagne aérologique en montagne, au Mont Lachat au pied du Mont Blanc. Etude des courants ascendants au moyen de fumigènes, de cerfs-volants larguant de petits parachutes lestés ainsi que des ballons dont les trajectoires étaient suivies au moyen de théodolites… et surtout avec la collaboration de deux planeurs pilotés par……MM. Tournon et Spire  dont nous avons admiré les prouesses.
Pour nous aider dans ces manipulations nous avons eu le concours des « Scouts de l’Air » (élèves des grandes écoles) conduits par le Père Guy Bougerole, aumônier de l’air et pilote bien connu, ainsi que la collaboration d’un ingénieur belge, M. Descamps, qui a fait une publication sur cette campagne, ce dont je le remercie .
            A la déclaration de guerre en septembre 1939, MM. Wehrlé, Metral et Kampé de Fériet proposèrent au Ministre de l’Air de mettre les connaissances aérologiques de la Commission  de la Turbulence au service de l’armée ; c’est ainsi que fut constitué le Groupe « Météo Z » chargé de la détermination des conditions météorologiques favorables dans le cas de l’utilisation de gaz de combat. Ce groupe autonome et autotracté était composé d’une dizaine d’officiers et de deux cents militaires formés au centre météo du Fort de Saint-Cyr . Six des officiers  provenaient des Scouts de l’Air cités ci-dessus, anciens élèves des écoles de l’Air, de Centrale et de Polytechnique et moi-même muté en décembre de l’Artillerie à l’armée de l’Air pour y remplir la fonction de technicien du groupe. Comme j’étais à cette époque EOR à l’école d’Artillerie de Poitiers, je suis sorti premier de l’école….deux mois avant les autres, tout en obtenant un classement de sortie très honorable.
            La formation aérologique spéciale de ces jeunes officiers a été assurée par un stage à l’IMF de Lille, où je faisais procéder par ailleurs à la réalisation du matériel  de mesure indispensable au groupe, puis au fort de Saint-Cyr, point de rassemblement de notre formation .
Ma distraction dans ce Fort était de me rendre chaque matin dans le service centralisant  par téléphone les informations de tous les postes météorologiques répartis sur le territoire. J’ai constaté  brusquement  que certains postes du Nord ne répondaient plus à l’appel ; aussi, dès que le poste de Lille, situé à l’IMFL même, n’a plus donné signe de vie pour des raisons bien évidentes, j’ai décidé d’aller chercher d’urgence le matériel commandé à l’IMFL. C’est ainsi que, muni d’un ordre de mission, j’ai fait l’aller et retour Paris-Lille-Paris les 19 et 20 mai 1940 avec un camion militaire conduit par un jeune chauffeur volontaire et dévoué, Bertrand, imprimeur à Bourges si mes souvenirs sont exacts. Ce fut une expédition particulièrement difficile, surtout pour le chauffeur, avançant à l’aller à contre courant du flot des réfugiés, difficile pour accéder au matériel dans un bâtiment fermé et abandonné depuis trois jours par son personnel et ses chefs, difficile au retour avec la rencontre et le croisement « courtois » avant Amiens de la 2èmepanzer division fonçant en direction d’Abbeville, et la traversée d’Amiens sous un bombardement aérien nous transformant, mon chauffeur et moi, en ambulanciers .
            Ce groupe « Météo Z » n’a pas eu à intervenir, car, après l’ordre de départ en direction du NE, notre trajectoire s’est rapidement incurvée pour aboutir à Vic-en-Bigorre où il fut dissous à l’armistice.
Planeur MC-Jalon à Aire-sur-l’Adour en 1946©Philippe Rollin
            C’est ainsi qu’a pris fin, à ma connaissance, l’activité de la Commission de la Turbulence …… Mais les recherches sur la turbulence n’ont pas été abandonnées pour autant . En effet, dès fin 1940, M. Kampé de Fériet envisage de poursuivre, au sein du G.R.A., les études de la turbulence et des phénomènes aérodynamiques autour de profils d’aile au moyen d’un planeur, ce qui aboutit en 1941 à l’étude d’un planeur laboratoire par MM. Castello et Mauboussin. Ce planeur, baptisé  « Jalon », qui sortira des usines FOUGA à Aire-sur-Adour en 1944, fait l’objet d’une description détaillée dans le livre  « PLANEURS et AVIONS » de Christian Castello, éditions « le Lézard » 1993, ouvrage passionnant pour tout amoureux du vol à voile .
            Ma conclusion, après ce rappel de mes « souvenirs turbulents », je la trouve dans les sujets traités au cours du dernier Colloque de l’ONERA d’avril 1993. Toutes les communications présentées par les aérodynamiciens sous la direction de M. Claude Capelier, sous les ordres duquel j’ai eu le plaisir de travailler, avant ma mise à la retraite en 1980, portent sur les écoulements tourbillonnaires .
            Dans son discours de présentation, M. Capelier signale que les méthodes numériques utilisées pour déterminer les performances d’un avion ne sont pas encore assez précises et qu’il est nécessaire d’utiliser les souffleries pour préciser ces performances « en espérant » qu’elles seront confirmées par le vol. Il préconise l’utilisation de souffleries de grandes dimensions pour être le plus réaliste possible …… pourquoi pas les essais en vol eux-mêmes pour des points particuliers de recherche.
            Je ne puis m’empêcher pour terminer de citer M. Capelier :
« Cette relative faiblesse des moyens de calcul (des performances) provient essentiellement de la turbulence pour laquelle nos connaissances sont encore insuffisantes quant à ses effets. Théoriquement, rien n’empêche de déterminer un écoulement turbulent par résolution numérique, le seul problème c’est qu’il faudrait pour cela avoir accès à des ordinateurs qui auraient une taille mémoire et des vitesses de calcul de plusieurs ordres de grandeur supérieures à celles qui sont actuellement envisagées pour les ordinateurs actuels ».
            Nous retrouvons là  le même problème sur lequel bute et butera encore longtemps l’ONM (Météo France) pour obtenir de bonnes prévisions à toutes les échelles tourbillonnaires. 

Georges Rollin
Croissy-sur-Seine
Janvier 1994.

L’Aviation civile : une administration dans Paris 1919-2009

L’Aviation civile
Une administration dans Paris – 1919-2009
Pierre LAUROUA

  


Véritable livre d’histoire, l’ouvrage de Pierre Lauroua s’adresse  à tous ceux qui considèrent que la mémoire de l’Aviation civile est très important, mais aussi aux personnels de la DGAC qui ont su adapter les très nombreuses réglementations du ciel et des aéroports à l’évolution incroyable de l’Aviation. Au grès des 450 pages illustrées de centaines de photos vous pourrez reconnaitre des collègues en particuliers pour les plus anciens des rémois, vous vous rappellerez de trois jeunes femmes ayant participé au rallye des gazelles de 1991, mais aussi une collègue de la direction du CRNA-Est alors membre du bureau national du SNCTA en train de signer le 3 novembre 1994 le protocole social 1994-1997.

Voici la présentation du livre écrite par Pierre LAUROUA
« L’aviation nait avec le XXe siècle. l’Administration qui la prend en charge se constitue au lendemain de la guerre de 1914-1918. Contrairement à d’autres départements ministériels de création plus ancienne, elle ne dispose pas d’un patrimoine immobilier pour loger ses services centraux. C’est vrai pour l’avant-guerre, et il faut attendre 1934 pour que le ministère de l’air soit doté de locaux dignes de ce nom sur le boulevard Victor ; c’est encore plus vrai pour l’après-guerre et pour l’Aviation civile naissante, qui ne trouvera de domicile fixe que cinquante plus tard, au fond du 15e  arrondissement, face au terrain qui fit la gloire d’Henry Farman.

Durant un demi-siècle, l’Aviation civile a vécu éclaté, de réquisitions en locations, entre anciens appartements, hôtels particuliers et constructions précaires, à la recherche d’un espace qui lui permettrait de se regrouper enfin.Sa géographie est faite d’itinérances réelles, dans un Paris où apparaissent les tours et qu’encercle bientôt le périphérique, mais aussi de voyages imaginaires vers des sites un temps convoités.

Le présent ouvrage s’est donné pour objectif de faire revivre ces lieux. La mémoire administrative n’est pas abstraite, elle s’incarne dans les bâtiments, les cours, les rues, les quartiers ; la genèse des dossiers est indissociable des murs, des couloirs et des antichambres. retrouver la trace des implantations disparues, c’est voir réapparaitre la vie quotidienne des hommes et des femmes qui les habitaient, tout comme les grands moments de l’Aviation civile du siècle passé.

Dans cette quête, les archives publiques et privées ont comme toujours révélé des richesses, parfois insoupçonnées, que sont venus éclairer les témoignages des acteurs. Les uns ont pris la plume, d’autres la parole, certains avec nostalgie, tous avec enthousiasme, pour évoquer le temps où l’Aviation civile était une Administration dans Paris. »

L’Aviation civile, une administration à Paris, 1919-2009
Pierre Lauroua
collection mémoire de l’aviation civile
450 pages
ISBN : 978-2-11-129156-0


Exemplaire papier disponible sur demande :

L’aérodrome de Challes fête ses 100 ans

 

Cet article a été rédigé par « Challes Aviation », qui organise cet anniversaire, pour l’office de tourisme de Challes-les-Eaux et publié initialement sur Marque-en-Ciel de Jean-Noël Violette.
Le 26 octobre 1913 naissait l’aérodrome de Challes-Les-Eaux, inauguré en grande pompe en présence de tous nos édiles locaux.
Les acteurs aéronautiques actuels de cette belle plateforme ne pouvaient que commémorer cet évènement au cours de quelques temps forts, auxquels tous nos concitoyens seront les bienvenus.
6 avril 2013 à 11 h : inauguration , après rénovation, de la Stèle dédiée aux Ailes Brisées , à l’entrée de l’aérodrome.
Cette cérémonie sera suivie d’une petite réception devant le hangar historique de notre aérodrome redécoré avec son habillage  » 1913 « . Quelques aéronefs anciens (planeurs et avions) seront présents lors de cette journée .
8 au 30 avril 2013 : Exposition de photographies relatant la création de l’aérodrome ainsi que l’activité des femmes pilotes célèbres du siècle dernier. Cette exposition aura lieu à la médiathèque de Challes les Eaux lors de ses heures d’ouverture au public .
3 mai au 20 octobre 2013 : au CHÂTEAU DES COMTES DE CHALLES , exposition de photographies consacrées à la vie de l’aérodrome de Challes lors de la 1ère partie du 20ème siècle (ouverte au public) .
8 et 9 juin 2013 : Fête aérienne sur l’aérodrome de Challes , avec rassemblement d’ avions, exposition d’avions et de planeurs anciens, journées portes ouvertes des différents acteurs de la plateforme (Centre de vol à voile , Aéroclub de Challes , Les amis du CLAP 73 , Airmonie , Les aéromodélistes des Raz – Mottes et la Société de construction et de réparation de matériels volants Stralpes Aéro)
Ces journées sont ouvertes au public gracieusement, et des vols d’initiation (à titre payant) seront organisés. Le public sera accueilli sur les espaces qui lui seront dévolus .
9 novembre 2013 : Un colloque sur  » 100 ans d’aviation sur l’aérodrome de Challes-les-eaux  » est organisé au  » Manège  » à Chambéry de 9h à midi et de 14h à 17 h 30 .
Une quinzaine d’intervenants feront revivre un siècle d’aviation sur notre aérodrome , en insistant sur les  » grands moments « . Toutes les personnes intéressées sont chaleureusement invitées à y assister. ENTRÉE LIBRE .
Ce colloque se clôturera par une soirée Grand Public , toujours au  » Manège  » , sur un sujet majeur de l’ aviation contemporaine (sujet non défini à ce jour), concernant l’Air ou l’Espace. Le sujet et l’horaire seront communiqués prochainement : ENTRÉE LIBRE
4 novembre au 31 décembre : Une exposition plus conséquente de photographies, illustrant la vie de l’aérodrome de Challes depuis ses débuts , est organisée à la galerie EUREKA à Chambéry (Carré Curial) . ENTRÉE LIBRE .
Le livre « Challes avec deux ailes » de Jean-Noêl Violette pourra être dédicacé à l’occasion de nos diverses manifestations

Affiche de Meeting Aérien à Rouen-Le Madrillet

Journée Aérienne-Aérodrome de Rouen-Le Madrillet ©OKR

Voici une très belle affiche (155 x 117 cm) dessinée par B. Delcourt journaliste-dessinateur à Paris-Normandie récemment entoilée  annonçant une journée aérienne  sur l’Aérodrome de Rouen-Rouvray dit « Le Madrillet » (fermé en 1968). Cette journée organisée par l’Aéroclub de Normandie sous le patronage de Paris-Normandie et Sprint eut lieu un 6 juin, mais on peut se demander de quelle année ?

Grâce à une demande d’aide sur Aéroforum (http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist), nous sommes actuellement arrivés au conclusions suivantes. En prenant pour référence arbitraire que pour ce meeting le 6 juin était un dimanche cela donne les 3 années suivantes possibles 1948, 1954, 1965.
Sur l’affiche on peut voir deux Vampires particulièrement reconnaissables en raison de leur fuselage arrière bi-poutre ce qui peut nous aider à trouver l’année de cette journée aérienne rouennaise.

Michel Léveillard témoigne « Le premier Grand Meeting d’après-guerre a Rouen fut en 1947 avec la participation des YAKs Du Normandie Niemen. Les suivants eurent lieu en 1948 – 1949 …etc
Le seul de ces trois Meetings dont je me souviens avoir vu des Vampire fut en 1948
 » Regis Biaux nous informe que l’Armée de l’Air n’a mis en service ses Vampire qu’en octobre 1949, par conséquent les Vampire vus par Michel Léveillard en 1948 en présentation au Madrillet, ne pouvait être que des Vampire de la RAF. Dans ce cas, on peut se demander pourquoi les Vampires de l’affiche ont des cocardes françaises ?
En 1954, ce sont les pleines années Vampire dans l’Armée de l’Air, donc possible en vol lors d’un meeting au Madrillet… et en corrélation avec l’affiche.

Les Vampire de l’Armée de l’Air l’avion ayant terminé leur carrière opérationnelle en 1961, il n’a pu être possible de les voir en meeting en 1965.

Maintenant, les affiches des meeting aérien organisés par l’Aéroclub de Normandie étant soumises à concours il se peut que cette affiche soit seulement une étude.  Il faudrait probablement aller chercher dans les archives de Paris-Normandie ou de Sprint pour obtenir plus d’informations sur cette journée aérienne.

Voici quelques dates de meeting aérien organisés à Rouen après la seconde guerre mondiale : 11/08/46, 8/06/47, 06/06/48, 6/06/49, 4/06/50, 31/08/52, 30/05/55, 10/07/57, 6/09/59 (Pavilly) et 24/06/62 (Rouen-Boos)


Henri Wénisch, l’ancien mécanicien personnel de l’as Edmond Marin la Meslée, nous a quittés

C’est une figure de l’Armée de l’air, le tout dernier des « grands anciens » de la défunte base aérienne 112 de Reims qui vient de disparaître : Henri Wénisch, quatre-vingt-quinze ans, ancien du groupe de chasse I/5 de Reims, qui fut pendant la guerre le mécanicien personnel du commandant Marin la Meslée, l’un des plus glorieux as de la Seconde Guerre mondiale.
Henri Wénisch, né le 7 août 1917 à Bouguenais (Loire-Atlantique), était l’incarnation même de ce mécanicien complice du pilote de chasse, en charge de l’entretien méticuleux de son appareil. Humaniste, attachant, bienveillant, fidèle et dévoué, c’était aussi un homme à la mémoire prodigieuse, un grand témoin de l’histoire de l’Armée de l’air, où il était entré au milieu des années trente.
Photographie d’Henri Wénisch prise à l’école de Rochefort où il fut apprenti mécanicien de 1935 à 1936, avant d’être affecté sur la base aérienne 112 de Reims, au groupe de chasse I/5.

Affecté sur la base aérienne 112 en 1936, Henri Wénisch n’était alors qu’un simple soldat fraichement sorti de l’école des mécaniciens de l’Armée de l’air de Rochefort. Il n’allait cependant pas tarder à faire la connaissance de celui qui allait marquer sa vie et qu’il admirerait jusqu’à son dernier souffle : un pilote prodigieux, futur as des as de la campagne de France de 1939-1940 et parrain à partir de 1953 de la base aérienne 112, Edmond Marin la Meslée (1912-1945), qui devait totaliser seize victoires certaines et quatre probables.
Henri Wénisch deviendra l’un des meilleurs experts du Curtiss H-75, ce chasseur d’exception que les escadres de chasse rémoises, à partir du printemps 1939, furent à peu de choses près les seules à mettre en œuvre, notamment le groupe de chasse I/5 auquel appartenait Marin la Meslée. Un chasseur d’exception avec lequel s’illustrèrent douze des quinze meilleurs as de 1939-1940, et qu’Henri Wénisch eut le privilège de côtoyer, parmi lesquels le commandant Jacques-Louis Murtin, le capitaine Jean-Mary Accart, Camille Plubeau, Michel Dorance, son ami le Rémois François Warnier décédé en 2005… et tant d’autres !
Henri Wénisch photographié sur la BA 112 de Reims le 30 juin 2011, jour de sa dissolution.

Henri Wénich avait suivi le lieutenant Marin la Meslée en Afrique du Nord, le GC I/5 ayant été replié en Algérie puis au Maroc. Après l’opération Torch – le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 – une nouvelle page de l’histoire glorieuse du groupe de chasse devait être écrite. Mais en partie sans lui : « Marin » dut en effet se résoudre à l’été 1944 à se séparer d’Henri Wénisch, qui était monté en grade et ne pouvait être maintenu dans les effectifs de l’unité.

Lorsqu’il quitta l’Armée de l’air une quinzaine d’années plus tard, Henri Wénisch était adjudant-chef. Il ne tarda pas à ouvrir à Reims, en décembre 1960, un garage avec son ami Jean Prott et ils furent concessionnaires BMW.
L’une des dernières apparitions publiques d’Henri Wénisch : le 2 février 2012 à Reims, jour de l’inauguration d’une plaque à la mémoire du commandant marin la Meslée, pour le centenaire de sa naissance. À sa droite : Philippe Marin la Meslée, fils du commandant. À sa gauche : Jacques Cohen, adjoint au maire de Reims, et le lieutenant-colonel Jérôme Servat, commandant de l’organe liquidateur 112.

Très investi dans le tissu associatif, Henri Wénisch, membre notamment de l’ANSORAA, par ailleurs président d’honneur des anciens combattants de Tinqueux, était aussi artiste. Œuvrant au sein du groupe pictural de Champagne (dont il était le président d’honneur), il aimait peindre des aquarelles qui représentaient des combats aériens (mais aussi de beaux paysages). Il en avait offert plusieurs à sa création en 2002 au Musée de la BA 112 et de l’aéronautique locale, lieu de mémoire qui fonctionna jusqu’en 2011 et auquel il était extrêmement attaché, raison pour laquelle, jamais, il ne manqua la moindre édition des Journées européennes du Patrimoine pour y accueillir le public et présenter « sa » salle : celle consacrée à son as de héros. Un héros qu’il honorait chaque année, aux côtés du commandant de la BA 112, au pied de la stèle Marin la Meslée, à la date anniversaire de la disparition du parrain de cette base.

L’une des très nombreuses aquarelles peintes par Henri Wénisch, président d’honneur du groupe pictural de Champagne. Ici, évoluant à la verticale des hangars d’aviation de la défunte base aérienne 112 de Reims : les quatre Republic F-84 emmenés par le commandant Pierre Delachenal de la 3e escadre de chasse, fondateur à Reims en 1953 – il y a tout juste soixante ans – de la célèbre « Patrouille de France ».

Henri Wénisch, qui résidait à Tinqueux, ville de l’agglomération de Reims, était titulaire de plusieurs décorations, parmi lesquelles la médaille militaire, la médaille du combattant 1939-1945 et la médaille de l’Aéronautique. Ses obsèques ont étés célébrées le samedi 2 février en l’église Sainte-Bernadette de Tinqueux, à 10 heures.

Source : Frédéric Lafarge, ancien conservateur du Musée de la BA112 et de l’Aéronautique locale (Reims)