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Marcel Henriet, le pilote aux 33 500 heures de vol

Roger Henriet en copilote du B17 à l’occasion du tour de France des jeunes pilotes (collection privé Henriet/ Suroy)

La vie de pilote de Marcel Henriet

Recordman européen du nombre d’heures de vol avec 33 654 heures, Marcel Henriet a passé plus de 4 ans de sa vie aux commandes d’un avion grâce à trois carrières successives, sans jamais lâcher le manche.

Débuts difficiles dans la vie

Né le 05 avril 1908 à Sancey-le-Grand, Roger Marcel Constant Henriet est très vite orphelin de son père Jules mort au combat durant la première guerre mondiale. Il va à l’école primaire à Maîche, puis sa mère pour respecter la tradition familiale l’inscrit au petit séminaire.

Parce qu’il manque de se faire renvoyer suite à un problème de discipline, sa mère le rejette. C’est seulement 27 ans plus tard, parce qu’il a reçu la légion d’honneur, qu’elle accepte de le revoir. Entre temps un oncle l’a pris en charge lui permettant de continuer la filière séminaire. Mais à 18 ans, il se fait prendre à faire le mur et est exclu définitivement. Son oncle le rejette à son tour.

En 1930, se trouvant seul à Dijon, il passe par hasard devant une caserne de l’aviation. Les tenues des aviateurs lui plaisent, il s’engage immédiatement sur place et n’ayant pas de préférence se retrouve mécanicien au sol.

Bien que les premières années sa vie n’aient pas été simples, Marcel Henriet aimait à dire qu’il avait eu la Baraka (chance) à plusieurs reprises que ce soit grâce à la rencontre de certaines personnes ou lors de ses accidents d’avion.

Quand le vent tourne

Au sein de la caserne, il joue dans une équipe de rugby dont le capitaine est également un haut gradé de la caserne. Celui-ci le prend à part et lui dit. « Tu n’es pas bon avec les mains mais ton cerveau tourne bien, je peux te faire passer élève pilote mais tu dois passer d’abord ton bac ».

Il s’inscrit en candidat libre pour passer le bac, et trouve des petits boulots en parallèle pour le payer. Il sera serveur, jardinier… et il fera aussi le mannequin dans une vitrine durant une journée entière.

Le 2 février 1932, accident du sergent Marcel Henriet à bord d’un Nieuport NiD62C du 2 eme RAC de Strasbourg sur le terrain de Neuhof (collection privé Henriet/Suroy)

Ayant obtenu son bac, il peut changer de filière. Il quitte Dijon pour rejoindre Strasbourg où il devient pilote au 2 – ème RAC (Régiment des Avions de Chasse). En 1932 Il a son premier accident à bord d’un Nieuport NiD62C (photo ci-dessus) sans gravité pour lui alors que l’avion est détruit. Ce sera la seconde manifestation de la « baraka ».

Malgré les 142 impacts de balle, Roger Henriet a réussi à poser ce Caudron Goéland dans le désert tunisien (collection privé Henriet/Suroy)

En 1934, Marcel quitte une première fois l’Armée de l’air pour rentrer à Air France. Alors qu’il est en poste en Algérie, la seconde guerre mondiale est déclarée, de fait il se retrouve à nouveau incorporée sous les drapeaux comme pilote et il participe à quelques bombardements. Mais durant cette période il est essentiellement affecté au convoyage des huiles Lors d’un transfert, il est abattu et doit poser en catastrophe le Caudron Goéland qu’il pilote, on retrouve 142 impacts de balle sur la carlingue et seul, le radio est blessé au pied ; troisième action de la « baraka ». A la suite de cet évènement il reçoit une première distinction

En mai 1945 il reçoit la Croix de Guerre des mains du Colonel Pelletier Doisy pour sa participation à la campagne de Tunisie,

Au pied d’un DC-4 d’Air France (collection privé Henriet/Suroy)

En 1946, il reprend du service à Air France et rouvre la ligne sur Hong Kong ainsi que celle sur Madagascar.

C’est en Tunisie, juste avant guerre que Marcel rencontre Andrée, sa future épouse

A partir de 1949, il est en poste à SaÏgon où Andrée donne naissance en 1950 à Dominique, leur première fille. En 1952, de retour à Paris, ils se marient. Leur seconde fille Catherine nait en 1953 à Brazzaville où Marcel Henriet est alors affecté.

De 1957 à 64, il est détaché à Madagascar avec d’autres pilote de ligne d’Air France pour former des pilotes locaux et lancer la compagnie Air Madagascar il y reste jusqu’ à sa retraite en 1964

En 1961, ayant toujours eu envie d’être avocat, Marcel Henriet obtiendra sa licence de droit à Madagascar.

Marcel Henriet devant un Cessna C172 (collection privé Henriet/ Suroy)

En 1964, il se décide à prendre sa retraite, mais pas question de rester inactif. Il prend des responsabilités au sein de la caisse de retraite des pilotes jusqu’en 1995. Il s’investit aussi dans la société SOGESTA en tant qu’administrateur et pour compléter son planning il devient commissaire général du Tour de France Aérien des Jeunes Pilotes organisé par la Fédération Nationale Aéronautique (FNA) et ce jusqu’en 1991 participant ainsi au perfectionnement de près de 12 000 jeunes pilotes. Il est également moniteur bénévole à Meaux-Esbly et participe ponctuellement à des opérations d’Aviation sans Frontière.

En 1984 à l’age de 82 ans Marcel Henriet effectue son premier saut en parachute (collection privé Henriet/Suroy)
Vainqueur du rallye Toulouse Saint-Louis du Sénégal en 1988 avec le Cessna C172 F-GDIB (collection privé Henriet/Suroy)

En 1988 il participe à la 6 – ème édition au Rallye Toulouse-St louis du Sénégal avec le Cessna C172 F-GDIB et remporte la 1ere place.

En 1992, la fédération Aéronautique Internationale lui attribua le diplôme Charles Lindbergh pour honorer tant d’années au service de l’aéronautique et des jeunes, ce qui constitua sa plus grande fierté.

Marcel Henriet copilote sur ce piper PA28 (collection privé Henriet/Suroy)

Puis il prend enfin sa vraie retraite et descend dans le midi où jusqu’en 1999, il continue de voler à l’aéroclub de Cannes la Napoule . Le 5 octobre 2000, Marcel Henriet s’envole pour toujours après 70 ans au service de l’aviation et un peu plus de 35 500 heures de vol.

Témoignages à lire

Décorations et distinctions

Récapitulatif des brevets et licences aéronautiques de Marcel Henriet

  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 1er degré
  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 2eme degré N°10-260 le 12/11/3 $
  • Brevet Pilote Privé d’avion TT N°24118 le 09/04/1968
  • Instructeur pilote privé avion Voltige 2eme cycle et testeur SFA 04570 le 22/10/86

Tourisme :

  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 1er degré
  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 2eme degré N°10-260 le 12/11/3 $
  • Brevet Pilote Privé d’avion TT N°24118 le 09/04/1968
  • Instructeur pilote privé avion Voltige 2eme cycle et testeur SFA 04570 le 22/10/86

Militaire :

  • Brevet supérieur de mécanicien n° 4417 le 27/03/27
  • Brevet de pilote de chasse n° 23316 le 03 juin1931 à Istres

Transport

  • Brevet de pilote transport public N° A 43 A le 10/11/41
  • Brevet de navigateur élémentaire N°A 33 A le 23/06/41
  • Brevet de navigateur supérieur N°A 233 P le 08/12/49
  • Brevet Pilote de ligne PL N°0119 le 22/10/54

Source des informations

  • Catherine et Joël Suroy
  • Benoît Colin
  • Aviation et pilote N°226 novembre 1992

Michel Bourreau pilote de ligne à Air France

Michel Bourreau commandant de bord à Air France (Collection privé famille Bourreau)

Nous avons vu dans 1er article comment Michel Bourreau a obtenu, en 1938, l’année de ses 20 ans, à la fois ses brevets de pilote d’avion de tourisme 1er et 2eme degrés à Poitiers et ses brevets A, B et C de pilote de planeur au centre national de vol sans moteur de La Banne d’Ordanche (Puys de Dôme Dans le deuxième article le concernant nous avons pu suivre son engagement dans l’armée de l’air, sa formation au Maroc de pilote militaire, son affectation au GC I/5  » Champagne » dans l’ escadrille « les Cigognes » sous les ordres d’Edmond Marin La Meslée puis au II /5 « Lafayette » dans l’escadrille « les Sioux » et ses missions de guerre sur P-47 Thunderbolt.Nous retrouvons ici Michel rendu à la vie civile, le 3 avril 1946, Nous allons maintenant le suivre tout au long de sa carrière de pilote commercial chez Air France.

Le DC-3 F-AZTE aux couleurs du F-BBBE d’Air France au meeting de Meaux 2018 ©Xavier Cotton

Carrière civile de Michel Bourreau

Le 03 mai 1946, Michel Bourreau est breveté pilote de transport public et entre à Air France où il débute sur Caudron Goéland, Bloch 161.Il fait des navettes vers Paris, Vichy, Bordeaux Toulouse, Mulhouse et Strasbourg. Il obtient son brevet de navigateur élémentaire à cette même date. Il effectue son premier vol sur DC-3 (F-BBBE) le 09 octobre 1946

Bloch 220 N° 2 F-AOHB Gascogne Paris-Le Bourget (1938) (collection privée Xavier Cotton)

A partir de 1947 il vole aussi sur Bloch 161, Bloch 220, Dewoitine 338, JU 52, Bloch 221. Il vole beaucoup sur DC-3 d’autant plus qu’il est instructeur sur ce type d’avion. Il s’entraîne à Pontoise-Cormeilles. Basée au Bourget, il fait des vols intérieurs, aller-retour Paris- Lyon, Ajaccio, Bastia. Nice mais aussi vers les capitales européennes : Amsterdam, Zurich, Londres, Prague.

Michel Bourreau (à gauche) descend du Bloch MB161 F-BATC (collection privée famille Bourreau)

En 1948, il poursuit ses vols sur Bloch 161. Il vole sur le lignes intérieures : Paris-Marseille, Corse, Nice . Il s’entraine à Orly et au Bourget.

En 1949, Il fait des vols d’essai à Marseille sur DC-3 et DC-4/C-54, des aller-retour Casablanca-Bordeaux, Nantes. Il commence a faire des long-courriers vers l’Afrique du Nord et de l’Ouest : Niamey , Dakar, Libreville, Lomé, Abidjan, Robertsfield, Archambault, Fort Lamy, Gao, Brazzaville sur Lockheed Constellation L.749 et L.1049.

Après Jacques on aîné né le 23 décembre 1944, il aura son deuxième enfant Anne Marie, le 11 novembre 1949. Yves, le petit dernier naitra le 09 février 1954

Il obtient son brevet de navigateur supérieur le 22 juillet 1953.

Constellation L.749A d’Air France (F-BAZU) à Bordeaux-Mérignac (collection privée Xavier Cotton)

 Il est breveté pilote de ligne le 27 janvier 1955

1955-1958 : toujours des vols intérieurs plus destinations vers l’Afrique.

1958 : Il vole sur Super Constellation L1049 vers l’Afrique, mais aussi vers de grandes villes européennes : Athènes, Milan, Düsseldorf, Berlin, Munich, Francfort, Rome.

En janvier 1960 : Michel Bourreau est lâché sur L.1649 dit « Super Star ». Reprise des vols sur l’Afrique : Lagos, Port Gentil, Brazzaville, Khartoum, Nairobi.

En 1962, Fernandel,pose avec le CdB Michel Bourreau (3eme en partant du bas) et son équipage devant le Lockheed L.1049G (F-BHMJ) d’Air France. (collection famille Bourreau)

Il est Breveté Pilote Privé d’avion N°TT 10459 le 27/06/1963

Les carnets de vol de Février 1960 à août 1966 et de 1967 à 1971 sont pour le moment malheureusement introuvables. Il manque, à la liste des très nombreux avions que Michel Bourreau a piloté, la trace des heures de vol effectuées sur certains appareils, comme la caravelle sur laquelle il fera aussi de l’instruction, le Breguet 2 ponts, ou le Boeing B707 en Co-pilote.)

Michel Bourreau fini sa brillante carrière à Air France en aout 1966, avec 15 304 heures de vol .

Michel Bourreau à droite (collection privée famille Bourreau)

Mais sa carrière civile n’est pas encore terminé, Il part a Madagascar comme instructeur pour former 2 pilotes Malgaches et y restera jusqu’en novembre 1971. Il y vole exclusivement sur DC-3 ET DC-4 pour des vols locaux à Tananarive, des circulaire nord et sud de l’ile. Il va une fois par mois à la Réunion ou en Afrique du sud. Ses horaires, beaucoup plus souples lui permettent bien sûr de mieux profiter de ses deux enfants plus jeunes. Jacques l’aîné jacques étant rester à Paris pour ces études. Toutefois celui-ci aura deux fois l’occasion de venir faire des balades dans le sud de Madagascar accompagné de son père et la troisième fois il vient avec son épouse.

le 04 novembre 1971 pour son dernier vol, il effectue une boucle nord et reçoit à chaque étape dont la petite ile de Nosy-Be, un accueil chaleureux de tous le personnel technique au sol, et pour finir il se pose à Ivato, l’aéroport international de Tananarive où l’attend une surprise. Quelques temps avant Mr Marcel Debris chef pilote téléphone à la famille Bourreau, le plus jeune de enfants décroche : « Allo Yves, préviens ta maman, je vous emmène à Ivato pour accueillir ton papa qui fait son dernier atterrissage et je vous invite tous les deux au pot qui  sera donné en son honneur pour sa fin de carrière ». A la descente de l’avion sur la passerelle comme il se doit, il est le dernier à descendre et se trouve ébahi, surpris, ému, de voir sa famille à son arrivé sur le tarmac ainsi que certaines personnalités dont Monsieur et Madame Alexandre directeur d’AIR MADAGASCAR et le ministre des Transport qui l’attendent tout heureux de lui faire cette magnifique surprise. Il finir sa carrière de pilote de transport avec plus de 20 837 heures de vols. La famille Bourreau quitte Madagascar en  août 1972.

 Michel Bourreau continue de voler pour son plaisir à Toussus-le-Noble et dans les  environs sur Cessna C150 C172, Morane MS883, Wassmer W41 et toute la famille des Robin. Il participe à la recherche archéologique par vues aériennes jusqu’en 1989. Après avoir appris à un de ses petits enfants, Il prend la décision d’arrêter de piloter ; le flambeau est passé. Il a alors passé près de 23000 heures en l’air, que ce soit en planeur, en  avion de tourisme, en avion de chasse ou en avion de transport civil. Il a la joie de connaître sa première arrière-petite-fille né le 20 avril 1999. Il décède le 30 juillet 1999 à l’âge de 81 ans. Mais comme dit Antoine de Saint-Exupery : Un pilote ne meurt jamais, il s’envole juste et ne revient pas. Alors, souhaitons bon vol à Michel Bourreau.

Il est inhumé le 03 août 1999 dans le caveau familiale au Gond-Pontouvre. Ses amis du la Fayette lui offriront la plaque « commémorative de l’Association des pilotes de chasses les Sioux, les cigognes et les diables rouges »

Michel Bourreau a volé sur 71 types d’avions de transport, 14 types d’avions de chasse et 16 type de planeurs, plus une vingtaine de type d’avions de tourisme et fait quelques heures comme passager sur les bombardiers North-American B-25 Mitchell et sur le Marauder B-26.

Il a transmis, la joie et le bonheur de voler, à ses enfants et à son petit-fils ainée et probablement à des tas d’inconnus qui le rencontrant et l’écoutant ont développé la même passion pour le monde de l’aviation et y ont peut être même fait carrière. En tout cas j’aurais aimé croiser le chemin de cet »aviateur » et l’écouter raconter ses expériences

Récapitulatif des brevets et licences aéronautiques de Michel Bourreau

Tourisme :

  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 1er degré N°10-260 le 28/03/1938
  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 2eme degré N°10-260 le 11/10/1938
  • Brevet Pilote Privé d’avion TT N°10459 le 27/06/1963
  • Brevet de planeur A N°343 22 /08/38
  • Brevet de planeur B N°343 23/08/38
  • Brevet de planeur C N°343 03/04/38

Militaire :

  • Brevet de pilote de chasse le 3 avril 1940

Transport

  • Brevet de pilote transport public N° A 164 P le 3/05/46
  • Brevet de navigateur élémentaire N°A 197 P le 3/05/46
  • Brevet de navigateur supérieur N°A 283 P le 22/07/53
  • Brevet Pilote de ligne PL N°0272 le 27/01/1955

Précédents articles sur Michel Bourreau

Sources des informations


Le choix du noir et blanc (épisode 3): intemporel

La Ferté Alais 2015. Albatros C2 (F-AZAV) et Fokker Dr.I Dreidecker (F-AYDR) ©Xavier Cotton

Comme je l’avais indiqué dans “Le choix du noir et blanc” certaines photos aéronautiques m’inspirent pour les passer en noir et blanc, cela leur donne un aspect intemporel qui me plait bien. Surtout n’hésitez pas à laisser vos commentaires et vos critiques pour donner votre avis.

Free Flight World de Chambley 2016. Rafale Solo Display, Jean-Guillaume Martinez- « Marty » ©Xavier Cotton
Saint-Quentin Roupy 2014. La patrouille « Cartouche Doré » sur TB30 Epsilon ©Xavier Cotton
La célèbre « crevette » d’Air -France sur le réacteur droit d’un A320 lors d’un Paris-Toulouse ©Xavier Cotton

SNCASE SE.161 Languedoc

SNCASE SE.161 Languedoc F-BCUA au Bourget (collection privée Michel Léveillard)

J’ai reçu ces deux photos de Languedoc de la part de Michel Léveillard ces deux photos scannées d’après des cartes postales qu’il avait achetées au Bourget en 1949.

Pour l’identification et l’historique de ces deux avions, je ne pouvais pas faire mieux que  demander l’aide  de Philippe Ricco qui a écrit le livre : SNCASE SE.161 Languedoc. Les balbutiements de l’aviation de transport moderne en France

Voici sa réponse concernant le F-BCUA ci-dessus :

« La première photo montre le SNCASE SE.161/P7 « Languedoc » n° 27, immatriculé F-BCUA. Sur les documents officiels, y compris les certificats de navigabilité, la désignation initiale Bloch 161 est souvent utilisée, ce qui correspond en fait au nom du bureau d’études Marcel Bloch (qui prendra le nom de Marcel Dassault  après guerre) qui l’a développé, plutôt qu’à l’usine qui l’a fabriqué. Il a été construit à Toulouse par la SNCASE (Société nationale de construction aéronautique du Sud-Est) d’abord sous le n° 20 avec des moteurs Gnome et Rhône 14N54/55. Il a fait son 1er vol aux mains de Pierre Nadot le 7 janvier 1947, puis a été réceptionné par le CATRE le 6 février  1947. Le lendemain, il est officiellement pris en compte par Air France sous le n° 27, avec un total de 10 heures de vol.
Il est aussitôt entré en chantier à Toulouse-Montaudran pour recevoir des moteurs Pratt & Whitney et devenir ainsi un P7 (P pour Pratt et 7 pour 7eme version). Le chantier a duré du 18 février au 2 juin. Le 3 juin 1947, il a  été officiellement livré par l’établissement central du matériel aéronautique de Nanterre du ministère de l’Air à Air France, à titre gratuit. Il a obtenu son CdN le 5 juin et son certificat d’immatriculation F-BCUA le 6 juin 1947. Le 16 décembre 1950 il  mute de propriété du gouvernement provisoire de la république française vers Air France.

Il est retiré du service d’Air France le 30 décembre 1952 avec 6157 heures de fonctionnement. Il a été pris en compte par Tunis-Air du 23 février 1953 jusqu’au 17 octobre de la même année date à laquelle il est restitué à Air-France, hors exploitation, avec 6700 heures. Il est stocké pendant plus d’un an à Toulouse-Montaudran, avant d’y subir une révision complète et un chantier de modification pour le SAR, qui le prend en compte le 17 mars 1955. Il a été accidenté un mois plus tard, le 20 avril 1955 au Bourget : il a percuté le toit d’un bâtiment suite à une sortie dissymétrique des volets. L’équipage a survécu, mais pas l’avion. J’ai raconté en détail toute cette histoire dans mon livre, avec nombreuses photos, y compris diverses vues de cet accident. Il est radié du registre des immatriculations le 14 novembre 1966, mais ce n’est qu’une régularisation administrative. A cette date, plus aucun Languedoc ne volait. »

Philippe Ricco a raconté en détail toute cette histoire dans son livre SNCASE SE.161 Languedoc, illustré de nombreuses photos, y compris  de cet accident

SNCASE SE.161 Languedoc F-BATB (collection privée Michel Léveillard)

Et voici la réponse de Philippe Ricco pour la photo ci-dessus

« Celle- ci montre le Languedoc n° 2 F-BATB, doté de moteurs Gnome et Rhône 14N. On peut voir facilement la différence de moteurs entre les deux photos : position différente de la prise d’air (dessous sur les 14N, dessus sur les Pratt) et la casserole d’hélice beaucoup plus grosse sur les 14N. Autre différence importante : le n° 2 a les petites dérives initiales, alors que le n° 27 a des dérives agrandies. On voit aussi d’autres différences, comme la forme du pare-brise, plus inclinée sur le n° 2, ou bien encore la position des diverses antennes.

Pour en apprendre plus sur l’histoire des Languedoc :
SNCASE SE.161 Languedoc. Les balbutiements de l’aviation de transport moderne en France de Philippe Ricco

Air France 1945-1958, l’âge d’or des hélices de Bernard Vielle

Un rescapé, le SE-161 « Languedoc » par Roland de Narbonne dans le Fana de l’Aviation n°429 d’août 2005


B787-9 Dreamliner d’Air France

B787-9 DREAMLINER (F-HRBA) d’Air France ©Philippe Warnault

Le B787-9 Dreamlier F-HRBA qu’on peut voir sur ces photos fait partie des trois B787-9 actuellement exploités par Air France.Il ont étés livrés comme suit :

  • F-HRBA le 1er décembre 2016
  • F-HRBB le 18 avril 2017
  • F-HRBC le 28 septembre 2017

Deux autre exemplaires sont attendus d’ici la fin de l’année, deux autres sont prévus en 2018, et en 2019 Air France disposera de dix des quinze B787 Dreamliner prévus pour remplacer la flotte vieillissante de B777-200 et A340.

Ces  trois premiers B787-9 sont configurés pour accueillir 30 passagers en classe Affaires, 21 en Premium et 225 en Économie.

Les Boeing 787-9 d’Air France desservent actuellement Le Caire, Montréal, Lyon et Londres et à terme ils desserviront aussi Bamako, Abidjan, Boston, Toronto, Panama City donc et Sao Paulo.

B787-9 DREAMLINER (F-HRBA) d’Air France ©Philippe Warnault


Amicale du Super Constellation & Fondation du Patrimoine

Super Constellation F-BGNJ ©Romain Salerno
La Fondation du Patrimoine des Pays de la Loire s’’allie à l’Amicale du Super Constellation pour récolter vos dons en vue de la restauration du Super Constellation F-BGNJ de Nantes. Désormais, vous pouvez vous aussi participer à la restauration du F-BGNJ en envoyant vos dons via la fondation du patrimoine directement depuis le site internet : 
ou par chèque en téléchargeant et en renvoyant le bulletin de souscription : 
 Les travaux financés par vos dons porteront, entre autres, sur: 
– la réfection complète de la sellerie des 4 sièges du cockpit
– la réfection de 10 fauteuils passagers (banquette double) 
– le remplacement des pneus du train principal 
– la réfection complète des revêtements de sol du fuselage 
 Les dons ouvrent droit à une réduction d’’impôts de 66% pour les particuliers ou de 75% pour les particuliers à l’’impôt sur la fortune et de 60% pour les entreprises* . 
* dans la limite de 20% du revenu imposable pour les particuliers et de 5% du chiffre d’affaires pour les entreprises. 
Créée par la loi du 2 juillet 1996 et reconnue d’’utilité publique, la Fondation du Patrimoine est le premier organisme national privé indépendant qui vise à promouvoir la connaissance, la conservation et la mise en valeur du patrimoine non protégé par l’État. La Fondation du Patrimoine est une organisation décentralisée. Son action s’appuie sur un réseau de délégués départementaux et régionaux, tous bénévoles. 
Apportez votre soutien à la Fondation du Patrimoine pour la sauvegarde du Super Constellation F-BGNJ et profitez d’’une réduction d’impôt !
Amicale du Super Constellation
124 rue de l’aviation
44340 BOUGUENAIS
http://superconstallation-nantes.fr
contact@superconstellation-nantes.fr

Amicale du Super Constellation – Journées Portes Ouvertes – 27 & 28 septembre 2014

L’Amicale du Super Constellation organise des Journées Portes Ouvertes
 les 27 et 28 septembre 2014.
L’Amicale du Super Constellation organise des Journées Portes Ouvertes les 27 et 28 septembre 2014.
Ce sera l’occasion pour le public de (re)découvrir le Lockheed L-1049 C Super Constellation, le plus bel avion de ligne à moteurs à pistons jamais construit.
Sorti des usines de Burbank, CA en novembre 1953, le F-BGNJ est le dernier exemplaire encore en « bon état » existant en France.
Classé monument historique, il est le premier appareil à avoir participé aux évacuations sanitaires lors du conflit du Biafra en 1968.
Il est ainsi à l’origine de la création d’Aviation Sans Frontières qui verra le jour 10 ans plus tard.
En restauration depuis 2000, il est depuis 2012 enfin ouvert au public.
Beaucoup de travaux de restauration restent à faire, notamment le remplacement de l’ensemble des hublots (en cours), la restauration complète du cockpit (quasi terminé), l’aménagement d’une partie des sièges et d’un petit salon version « Parisien Spécial », la remise en place des dérives à entoiler…

Cette année nous aurons le plaisir d’accueillir les associations Aéroscope, AREA ainsi qu’ Aviation Sans Frontières.

Venez nombreux !

Lieu : Aéroport de Nantes-Atlantique – Chemin de Frémiou, Saint Aignan de Granlieu. (à côté de Météo France)
GPS : Lat 47° 8’57.59″N – Long 1°36’25.12″O 
Horaires d’ouverture : Samedi et Dimanche de 9h 12h30 et de 14h à 18h30
Tarif : 4 € (gratuit pour les moins de 18 ans), parking gratuit
Renseignements et informations : http://superconstellation-nantes.fr et contact@superconstellation-nantes.fr

Plan d’accès au Lockheed L-1049 C Super Constellation F-BGNJ

AIR FRANCE (1945-1958) L’âge d’or des hélices

AIR FRANCE (1945-1958) 
L’âge d’or des hélices
Bruno Vielle
Fin  1944, après l’euphorie de la  libération , le réveil des  Français est douloureux  les moyens de transport Ferroviaires, routiers et maritimes sont sinistrés. la restauration des liaisons aériennes est donc une priorité du gouvernement provisoire de la  république Française. Manquant de tout, avec une flotte dépassée, le réseau des lignes aériennes françaises rétablit rapidement, à la fin de la guerre, les liaisons aériennes entre les grandes villes françaises puis entre la métropole et les colonies. la paix revenue, Air France lui succède le 1er  janvier 1946. elle ouvre au cours de l’été ses premières liaisons transatlantiques avec des appareils américains, DC4 et constellation. leur utilisation, qui ne devait être qu’une exception en attendant le développement d’appareils nationaux, se généralise au fil des mois car les constructeurs nationaux souffrent des difficultés de l’après-guerre. pourtant, le formidable développement des technologies aéronautiques durant la guerre annonce un avenir prometteur à l’aviation civile mondiale.
Air France devra donc relever ce défi : se doter d’avions modernes et adaptés à cette nouvelle époque, développer le réseau aérien aussi bien français que mondial, afin d’élargir le rayonnement de la France et s’imposer dans les cieux. Préfacé par Alexandre de Juniac, le  PDG d’Air France-KLM, découvrez l’histoire passionnante de cette entreprise Française emblématique dans un ouvrage richement documenté de photos et documents d’époque.
L’Auteur : Bruno Vielle est passionné d’aviation depuis sa plus tendre enfance. Devenu mécanicien avion, il entre à Air Inter en 1988 puis à Air France en 1997. Féru d’histoire de l’aviation, après Air Inter, l’avion pour tous, publié chez E-T-A-I en 2005, il entreprend des recherches sur les débuts d‘Air France. Ce travail aboutit à la rédaction d’un premier tome sur la genèse de la compagnie publié en 2011 Air France 1933-1944, un turbulent décollage. Membre du Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine, après quatre années de restauration, il a fait revoler un Stampe SV4.
Date de parution : 05/02/14
ISBN : 978-2-7268-9751-5
EAN : 9782726897515
Nombre de pages : 176 pages
Photos : 219 photos
Dimensions : 24,7 cm × 27,6 cm × 1,7 cm
Poids : 1,095 Kg
Prix : 43€

Air France, la légende en légendes

Air France
La légende en légendes
The legend told in legends
Hélène Basselier-Volaire

À travers une iconographie unique, très majoritairement inédite, redécouvrez l’esthétique, l’histoire et les progrès d’Air France.
Organisé en grands chapitres chronologiques traitant des précurseurs aux regroupements et alliances de compagnies, cet album photographique  est un voyage à travers les styles, les modes, les technologies et les anecdotes marquantes de l’histoire d’Air France. Du Wibaut 283 à l’Airbus A380, de l’aéroport du Bourget au Hub de Roissy, de l’uniforme de Christian DIOR à celui de Christian LACROIX, des pionniers de l’aviation aux passagers frequent flyers : cet itinéraire en image  retrace l’histoire de la compagnie au fil des époques et illustre à travers elle, l’évolution du transport aérien de 1933 à nos jours.
L’auteur a rassemblé ces documents inédits et rédigé les légendes en français et en anglais permettant d’interpréter et de placer dans leur contexte historique les images, photographies et affiches présentées dans le livre.
Hélène Basselier-Volaire est ingénieure de l’Aviation Civile et a véritablement vécu Air France. Elle est à l’origine de cet ouvrage avec l’accord d’Air France qui s’est ensuite adjoint au projet.
 
Le livre  est dédié à tous ceux que l’univers aérien fait rêver, autant les passionnés d’aéronautique, que les familles qui à travers les générations reconnaitront leurs époques en échangeant avec bonheur sur l’évolution du monde aérien.
Bon voyage !
Air France 
La légende des légendes
The legend told in legends
éditions cherche-midi :  http://www.cherche-midi.com/
25cm x 28cm
192 pages
32€
Sortie le 3 octobre 2013
ISBN 978-2-7491-2754-5

Amicale du Super Constellation – Journées Portes Ouvertes – 28 & 29 septembre 2013

L’Amicale du Super Constellation organise des Journées Portes Ouvertes
 les 28 et 29 septembre 2013.

Ce sera l’occasion pour le public de (re)découvrir le Lockheed L-1049 C Super Constellation, le plus bel avion de ligne à moteurs à pistons jamais construit.
Sorti des usines de Burbank, CA en novembre 1953, le F-BGNJ est le dernier exemplaire encore en « bon état » existant en France.
Classé monument historique, il est le premier appareil à avoir participé aux évacuations sanitaires lors du conflit du Biafra en 1968.
Il est ainsi à l’origine de la création d’Aviation Sans Frontières qui verra le jour 10 ans plus tard.
En restauration depuis 2000, il est depuis 2012 enfin ouvert au public.
Beaucoup de travaux de restauration restent à faire, notamment le remplacement de l’ensemble des hublots, la restauration complète du cockpit (en cours), l’aménagement d’une partie des sièges et d’un petit salon version « Parisien Spécial », la remise en place des dérives à entoiler…
Venez nombreux


Aéroport de Nantes-Atlantique 

Chemin de Frémiou, Saint Aignan de Granlieu. (à côté de Météo France)
GPS : Lat 47° 8’57.59″N – Long 1°36’25.12″O 
Horaires d’ouverture : Samedi et Dimanche de 9h à 18h.

Renseignements et informations :

 http://superconstellation-nantes.fr
 contact@superconstellation-nantes.fr


Air France dans tous les ciels

AIR FRANCE
DANS TOUS LES CIELS
Denis Parenteau
En mission à Toulouse, je suis allé faire un tour à la FNAC où je sais trouver un rayon de livres aéronautiques assez copieux vu l’importance historique et industriel de l’aviation pour cette ville. J’y ai découvert ce joli livre objet très richement illustré et agrémenté de fac-similé de documents d’époque (flyers, affiche, billet d’avion…) bien protégés par des pochettes philatéliques. Bien que paru en octobre 2012, je ne résiste pas pas à vous le présenter car je suis sur qu’il fera rêver petits et grands.
En voici le texte de la 4eme de couverture :
« Depuis sa création en 1933, Air France est une des compagnies les plus emblématiques du transport aérien : soucieuse d’une image d’élégance et de savoir-vivre français, la compagnie a toujours été à la pointe des innovations et de la modernité, participant à la création des grandes lignes aériennes et à l’invention des vols de tourisme. L’histoire d’Air France se confond de fait avec celle du transport aérien français, des modes et des modèles de son époque. – Grâce à ce « livre-objet » vous plongerez dans l’Histoire la compagnie, des précurseurs de l’Aéropostale à l’Airbus A320. Vous découvrirez tous les secrets de la flotte et ses avions mythiques : la Caravelle, le Dewoitine D338, les Bloch, le Douglas DC3 et l’incontournable Lockheed Constellation. -Vous pourrez découvrir en fac-similés les documents de l’âge d’or des affichistes et des dessinateurs de publicité et vous pourrez épingler sur votre fauteuil le carton donné à bord du Lockheed Constellation indiquant qu’il vous est réservé…« 
Le livre aborde essentiellement 4 thèmes :
  • Histoire : Naissance d’Air france en 1933 de la compagnie crée en 1933, l’explication de la crevette, la présentation des appareils de chaque époque.
  • Préparer son voyage : Les agences, les affiches qui font rêver, les billets, le réseau. 
  • Le voyage : l’accès à bord, le confort, comment occuper les enfants le service et les repas, les personnels navigants, l’entretien des avions.
  • Souvenirs : Des passagers diplômés, une collection de timbres, cartes de vœux, objets et cadeaux publicitaires, maquettes et jeux, les calendriers.
Au final, un livre de référence écrit par Denis Parenteau qui est désormais Président d’honneur du Musée Air France, après avoir occupé plusieurs postes de direction chez Air France.

Air France dans tous les ciels
Auteur : Denis Parenteau
Editions Ouest France 

120 pages – format 27cm x 29cm- fermeture par rabat aimanté
32 euros
paru en octobre 2012
ISBN : 978-2-7373-5868-5

Vol Air France Paris-Marseille en 1937

Potez 62 F-ANPI  » Cigogne » d’Air France ed Godneff (collection privée Xavier Cotton)

Voici les impression du docteur Robert Delabost sur son vol de Paris à Marseille avec un Potez 62 d’Air France en 1937. Ce témoignage est paru dans la « Revue de l’Aéroclub de Normandie » (trimestrielle) d’août 1937. Air France est alors une toute jeune compagnie aérienne puisque fondée en 1933.

« Notre vice président fondateur de l’Aéro-Club, Robert Delabost, ayant le 13 mai dernier, employé l’avion de la ligne « Air-France » pour un déplacement dans le midi, a bien voulu donner à notre trésorier (Jean Bétrancourt, ndlr), et à l’attention de nos membres, ses impressions sur ce voyage.

Collection Alain Bétrancourt

Oui, mon cher trésorier, comme je l’avais projeté depuis longtemps, je viens de faire le voyage de Paris à Marseille par le service d »Air-France » sept cents kilomètres à …… vol d’oiseau, en trois heures un quart et deux demies heures d’auto.
C’est un rêve en comparaison avec la longue et fatigante nuit que l’on doit passer en chemin de fer pour effectuer le trajet, et c’est une joie pour un « vieux de l’air ».

Mais comment est-on admis à faire le voyage ?….

C’est bien simple : on consulte à la gare, dans les agences de voyage ou à l’aéroclub, un horaire d' »Air-France » et l’on retient, par lettre ou par téléphone, sa place à bord de l’avion, de préférence quelques jours à l’avance, au Bureau de cette Compagnie Aérienne, 2, rue Scribe, à Paris : On paie 630 francs à ce Bureau qui vous indique l’heure du départ de l’autobus spécial qui part du Bureau d' »Air-France » 116, rue Lafayette et vous conduit à l’aérodrome du Bourget. c’est dans ce Bureau que l’on vous remet les billets et que l’on vous prends tous vos bagages et votre appareil photographique. ceux ci vous seront remis à votre arrivée à Marseille.

Et c’est les mains libres que l’on monte dans l’autobus rapide qui vous attend, et on a juste le temps de traverser les interminables couloirs de la nouvelle gare pour arriver dans la salle d’attente et sur l’aire de départ de l’avion. À moins qu’une averse d’importance, comme celle qui tomba alors, ne retarde l’envolée de dix minutes par mesure de prudence.

Embarquement à bord d’un POTEZ 62 d’Air France Sur la ligne Paris-Bordeaux ©Jacques Hémet

On se hâte alors vers un superbe bi-moteur « Potez 62 », qui vous attend en face, à cinquante mètres : on monte à tour de rôle les marches d’un escabeau et l’on s’installe à son grès sur les fauteuils libres de la carlingue, absolument comme dans un wagon.

Les moteurs sont chauds, le pilote et le radio-gonio sont à leur poste, le steward s’assure que les douze voyageurs (dont onze anglais) sont à leur place, la porte est claquée, les moteurs ronflent plus fort et l’on décolle.

  Et le confort à bord ?….

Parfait. Les sièges, très souples, se moulent au corps, et le dossier, bien incliné, vous donne une impression si agréable que de tout le trajet, je n’ai vu aucun voyageur le quitter pour se délasser comme on le fait volontiers dans le chemin de fer. Une grande glace vous permet de voir aisément la terre en restant confortablement assis. Au dessus de la glace, un petit ventilateur réglable vous envoie un courant d’air frais très agréable sur la figure, car l’air de la carlingue est aussi calme et chaud que celui d’un compartiment de chemin de fer ; au dessous de la glace, une pochette contient trois petits sacs de papier résistant pour recevoir, au besoin, les résultats du mal de l’air.

Aménagement de la cabine d’un Potez 62 ©Photo constructeur via Jacques Moulin

Il y a très peu de vibrations et l’on peut écrire ses mémoires d’un écriture à peine tremblée.

Le steward vous remet bientôt un petit sachet de papier contenant du coton pour mettre dans les oreilles : mais le bruit des moteurs n’est pas très fort puisque l’on peut se parler et se comprendre à cinquante centimètres en élevant un peu la voix, et l’on ne tarde pas à se passer du bouchon de coton : quelques minutes après le départ, le steward vous distribue des bonbons. Le geste est délicat, mais aussi il est utile, car ce sont des pastilles de chewing-gum, que l’on suce pendant tout le trajet pour aider la pénétrations ou la sortie de l’air dans la caisse du tympan et éviter bourdonnements ou douleurs aux changements d’altitude.

Potez 62 F-ANPG ©Photo constructeur via Jacques Moulin

        

Et maintenant pourriez vous nous donner quelques impressions de voyage ?….

Bien volontiers. Au départ, on s’élève sur cette banlieue Nord-Est de Paris dont les maisons banales et les usines ne tardent pas à paraître bien petites ; puis, dans la brume qui suit la pluie d’orage, on devine Paris et sa tour Eiffel. Un ruban lamé d’argent, c’est la Seine ; puis un autre tortueux, c’est la Marne. Un troisième plus étroit apparait, c’est l’Yères (en réalité c’est l’Yerres dans l’Essonne à ne pas confondre avec l’Yères petit fleuve côtier de Seine-Maritime, ndlr). On vole encore sous les volutes noires d’un ciel orageux. Puis, c’est le brouillard : on traverse les nuages. Le soleil apparait alors éblouissant dans un ciel bleu, et aussitôt, on survole les moutons dorés, à perte de vue, de la mer de nuages. On est à 1,600 ou 1,800 mètres. Le spectacle est merveilleux.

De temps en temps,par une trouée noire, on voit la terre. Elle est bien sombre et bien vilaine, par comparaison, la terre.

Après trois quarts d’heure environ, petit à petit, le sol apparait à travers la brume, de plus en plus net ; mais ce n’est pas la terre de chez nous ; les champs sont petits et en forme de polygones irréguliers. À dix kilomètres environ sur la droite, on longe un long ruban argenté, c’est la Loire, dont nous remontons la vallée : nous survolons Chateau-Chinon. Un quart d’heure se passe et nous voyons un pays tout plein de flaques d’eau : le Nivernais.

Potez 62 F-AOUA à Lyon-Bron ©SLHADA

Puis nous tombons dans deux ou trois tous d’air causés par la traversée des Monts du Lyonnais et quelques minutes après, nous longeons la Saône, et nous sommes en vue du Rhône et son confluent. On est déjà sur Lyon, qui ne parait pas très grand. Voilées par une légère brume, on distingue Notre-Dame-de-Fourvières, la place Bellecour et la gare Perrache.

Mais tout cela s’enfuit rapidement, car l’avion va vite ; on se rapproche du sol, la terre tourne encore, et l’on roule sur le terrain de Bron. Cinq minutes d’arrêt, tout juste le temps de prendre un café trop chaud, et l’on court à l’avion qui s’envole.

Puis nous voyageons dans l’air limpide et chaud de la vallée du Rhône, à quelques 20 kilomètres de sa rive gauche. Les Alpes neigeuses sont toutes dorées par le soleil ; on reconnait le Massif du Mont-Blanc, puis celui du Pelvoux

Plus loin, on rase de près le Ventoux aux pentes pierreuses. On survole des fleuves de sable : C’est l’Isère, la Drôme et la Durance. Sur la droite, on distingue le Massif Central couvert d’orages éclairés par les lueurs rouges feux du soleil. le spectacle est passionnant de tous côtés… Et, tout d’un coup, on a l’agréable surprise de découvrir l’Étang de Berre, avec ses réservoirs de pétroles, ses deux terrains d’aviation et, plus loin, la belle mer bleue.

On cherche à s’orienter, mais la terre se met à danser une sarabande effrénée ; tout tourne devant les yeux et l’avion roule sur le terrain de Marignane.

À l’arrêt, seul je descends ; les onze autres voyageurs, Les Anglais, restent dans le Potez, qui repart aussitôt pour Cannes.

Dix minutes après, j’étais invité à monter dans un vieux tacot d' »Air-France », qui par des chemins invraisemblables, me conduit, avec un bruit de ferraille, vers la banlieue de Marseille, plus bruyante encore et plus grouillante, où l’on ne peut avancer qu’à grands coups d’une trompette sonore.

À trois heures, j’avais quitté la rue Lafayette, et à sept heures, j’étais sur la Cannebière, frais et dispos. C’est au bureau d' »Air-France » que mes bagages et mon appareil photographique me furent rendus.

Potez 62 F-ANPH ©Photo constructeur via Jacques Moulin

Et pour conclure ?……

Voyage beaucoup plus court, plus beau et moins fatigant qu’en Chemin de fer. À peine plus coûteux, si l’on tient compte qu’à l’arrivée on n’éprouve pas le besoin de perdre du temps pour se reposer.
Le Danger ? Infiniment moindre que dans les promenades en autocar dans les montagnes niçoises ou sur les corniches en bordure de la mer.
Enfin, c’est un agrément, et c’est aussi un devoir pour chacun de contribuer au développement de notre aviation en s’en servant, comme savent s’en servir…… les Anglais.

Sources des Informations et Documentations :
Alain Bétrancourt
Photos constructeur via Jacques Moulin
Revue de l’Aéroclub de Normandie août 1937
Société Lyonnaise d’Histoire de L’Aviation et de Documentation Aéronautique : http://www.slhada.fr/