Catégorie : Aviation historique

Le tour du Monde de Costes et Le Brix

Départ du Bourget de Costes et Le Brix pour leur tour du monde

Le 10 octobre 1927 à 9h45 Dieudonné Costes et Joseph Le Brix décollent du Bourget à destination de Saint-Louis au Sénégal à bord du Breguet XIX GR N°1685 emportant des lettres, des journaux, 600 kg. de fret pour l’etape suivante Buenos-Aires, et 2.800 litres de combustible. Le Breguet est dénommé « Nungesser – Coli »- en l’honneur des deux aviateurs disparus le 8 mai de la même année en tentant la traversée de l’Atlantique Nord d’Est en Ouest.

Dieudonné Costes chef-pilote chez Breguet a une bonne expérience du Breguet XIX n° 1685 avec lequel, il a déjà réalisé plusieurs vols record de distance sans escale et sans ravitaillement :

  • Le 27 septembre 1926, avec le lieutenant René de Vitrolles comme navigateur, il effectue le vol Paris-Assouan, soit 4050 km , mais ils ne remporte le record de distance. Celui-ci a été battu par les frères Arrachart, le 27 juin 1926 en réalisant un vol d’une distance de 4 305 km entre Le Bourget et Bassorah (Iran).
  • Le 28 octobre 1926, avec le capitaine Georges Rignot comme navigateur il bat de record du monde de distance en réussissant un Paris-Jask (Iran), parcourant une distance de 5 396 km.
  • Le 4 juin 1927, toujours avec Georges Rignot en observateur, il tente d’améliorer son record en traversant l’Asie mais un problème mécanique le contraint à se poser à Tagilsk autour des Monts Oural en n’ayant parcouru que 4 640 km.

Voici ce qu’en dit Dieudonné Costes dans le livre « Costes et Le Brix – Notre tour de la Terre «  »Bien qu’il ait l’âge de la retraite, le déjà glorieux Breguet XIX numéro 1685, devenu civil après une longue carrière militaire: Deux records de distance en ligne droite avec Girier et Dordilly (4700 km) puis Costes et Rignot (5400 km) – Voyageur infatigable, qui est allé montrer ses cocardes tricolores en Égypte, aux Indes et une seconde fois encore en Sibérie, totalisant 75000 kilomètres, – il ne peut se résigner à laisser remplacer ses trois couleurs par les disgracieuses lettres d’immatriculation. Ce serait une profanation. Il restera donc habillé en militaire comme un vieux soldat qui ne peut se décider à quitter l’uniforme. »

Et c’était donc avant ce tour du monde…

Dieudonné Costes, Jean-Jules Lacoste (Hispano-Suiza), Louis Breguet et Joseph Le Brix devant le Breguet XIX GR n°1685 « Nungesser – Coli » (collection privé René Brioux/Regis Jacquemin)

L’itinéraire de la première étape était Bordeaux, Bayonne, Madrid, Rabat, la Mauritanie, le Rio de Oro, Saint-Louis, soit 4.300 Km. Louis Breguet et Jean-Jules Lacoste (Hispano Suiza) ont assisté au départ en compagnie des notabilités. françaises de l’Aéronautique. A l’arrivée, Jean Mermoz leur fait la surprise de les accueillir, une fois certain de leur départ du Bourget, il avait décollé de Toulouse pour pouvoir arriver avant eux à Saint- Louis.

le 10 octobre1927 le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser – Coli » au Bourget prêt au départ pour un tour du monde (collection privé René Brioux/Regis Jacquemin)

Voici le compte rendu de ce voyage qu’on peut lire dans

La REVUE AERONAUTIQUE DE FRANCE, NOVEMBRE 1927 :

Traversée de l’Atlantique-Sud-Paris-Buenos-Aires par une équipe nationale française

sur le Nungesser – Coli, Breguet grand raid, Hispano-Suiza 600 CV, dont la cellule glorieuse a déjà totalisé environ 70.000 km., Costes et Le Brix se sont envolés du Bourget, le 10 octobre à 9 h. 45 emportant des lettres, des journaux, 600 kg. de fret pour Buenos-Aires, et 2.800 litres de combustible. L’itinéraire de la première étape était Bordeaux, Bayonne, Madrid, Rabat, la Mauritanie, le Rio de Oro, Saint-Louis, soit 4.300 Km.

Avec les notabilités françaises de l’Aéronautique, MM. Breguet et Lacoste (NDLR : au nom d’Hispano-Suiza) ont assisté au départ, ainsi que M. de Alvarez, ambassadeur de la République Argentine, le colonel Pillotto, attaché militaire, MM. Ferreza, Muniz, de la mission brésilienne;

Après un magnifique voyage de 26 heures, le Nungesser-Coli se posait à Saint-Louis (les mécaniciens Jean et Jousse l’y attendaient).

Ils furent reçus par une foule énorme et félicités par les deux gouverneurs, celui du Sénégal et celui de la Mauritanie.

Retardée par un terrain détrempé à la suite d’un orage, l’équipe française repartait le 14 et franchissant en 18 heures 30 les 3.200 km. de son étape au-dessus de l’Atlantique, se posait à 23 h. 40 (heure locale) sur le terrain de. Natal où l’attendait le gouverneur.

Ainsi, l’Atlantique fut vaincu après bien des tentatives par une équipe françaisesur un appareil français dont les victoires ne se comptent plus. Le passé de Costes et de Le Brix est glorieux aussi. Leurs noms sont connus de tous, ils sont estimés et aimés.

Le 16 octobre, le Nungesser-Coli quitta Pernanbouc et s’arrêta à Caravellas, à 750 km. au nord de Rio, sur un des terrains aménagés par Latécoère.

Le 10 octobre 1927, le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » est sorti du hangar pour son départ du Bourget pour le Tour du monde 1

Le 17, il arriva à.Rio à midi 43 (15 h. 43 de Paris).

L’accueil fut enthousiaste de la part de nos amis Brésiliens, si disposés à acclamer l’Oiseau de France. Mais l’accident qui coûta la vie à trois aviateurs brésiliens qui venaient à sa rencontre arrêta la joie de Rio. Costes et Le Brix furent reçus par le Président de la République. A la même heure, en France, ils étaient tous deux inscrits au tableau puis nommés officiers de la Légion d’honneur.

Partis de Rio-de-Janeiro le 19 octobre, Costes et Le Brix surpris par une tempête, durent atterrir dans l’Etat de Rio-Grande-do-Sul, à Pelotas (Brésil), non loin de la frontière uruguayenne. Enfin, le 20, après avoir tourné au passage au-dessus de Montevideo, capitale de l’Uruguay, escortés par deux escadrilles argentines ils arrivèrent à Palmas à 40 km. de Buenos-Aires. Là, les attendait M. Picot, ambassadeur de France, le colonel Cossinelli, chef de l’aviation militaire, les pilotes, dont quelques-uns avaient combattu en France, tel Almonacid, les aviateurs ou mécaniciens français fixés en Argentine.

Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton

Costes et Le Brix, officiers de la Légion d’honneur, ont bien travaillé pour la France. Ils ont trouvé le cœur 4e ces populations, nos sœurs latines ; ils ont été les fourriers magnifiques de la ligne postale France-Amérique du §ud. L’appareil avait déjà accompli :

  • Parîs-Omsk, sans escale et retour
  • Paris-Djask, sans escale.
  • Paris-Calcutta, et retour.
  • Paris-Tajilsk, sans escale et retour. Environ plus de 70.000 kilomètres.

Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton
Siège arrière du Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton
le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » au Bourget prêt au départ pour un tour du monde (collection privé René Brioux)

Source des informations

  • René Brioux
  • Regis Jacquemin
  • Notre tour de terre par Dieudonné Costes et Joseph Le Brix
  • Revue aéronautique de France novembre 1927 organe officiel de la Ligue aéronautique de France


Baptême de l’air avec la S.T.A.R.

Fokker F.VIIa F-AJUC (ex PH-AFG) de la Société de Transports Aériens Rapides au Bourget (Collection privée René Brioux)

Nous sommes au Bourget à fin de l’été 1930. Comme chaque 1er jeudi du mois René Brioux (en costume clair sur la photo ci-dessus) délégué de la Ligue Aéronautique de France est chargé d’organiser pour ses membres une visite du Bourget et un baptême de l’air à bord des avions de la S.T.A.R.

Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la Société de Transports Aériens Rapides, au Bourget (Collection privée René Brioux)

Extrait de l’historique de la S.T.A.R. publié sur le Cercle Aéronautique Louis Mouillard : La Société de Transports Aériens Rapides (STAR), est une compagnie aérienne créée en mai 1930 filiale de la Société Nieuport-Delage, Gustave Delage en devenant directeur général, et Jean Denis d’Air Union comme chef-pilote.
Son objectif est de faire du transport aérien à la demande et des liaisons rapides entre Paris et d’autres villes de France. Entre juin et septembre 1930, elle acquiert 7 Nieuport-Delage Nid-641(F-AJNO,NP, NU, QY, QZ, RA, RB ) et 3 Fokker F.VII a. (F-AJUB, UC, UD respectivement ex PH-AFF, FG, FH).

Malheureusement en 1931, plusieurs accidents causant la perte d’un certain nombre de Nid-641 dont le F-AJRB* contribuent à la fin de la compagnie fin août de la même année. La société Air Union se met sur les rangs pour reprendre la S.T.A.R.

Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la Société de Transports Aériens Rapides, au Bourget (Collection privée René Brioux)

Accident du Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la S.T.A.R.

D’après l’historique de la S.T.A.R. : Le 15 juillet 1931, la berline monomoteur Nieuport-Delage, type 641, n° 10, immatriculée F-AJRB, appartenant à la Société de transports aériens rapides (S.T.A.R.), s’écrase dans le brouillard, vers 11 h 30, lors de son approche sud du Col de Lus la Croix Haute (Drôme). L’appareil effectuait la liaison aérienne régulière Cannes- Paris avec escale sur le terrain d’aviation de Moirans, à proximité de Grenoble. Le pilote, Albert Bouthier, ainsi que deux passagers :Mlle. Aluta, connue dans le monde de la couture et de la peinture sous le nom d’Aline Chiffon et M. Arbeau, sont tués sur le coup; deux autres passagers sont commotionnés et transportés à l’hôpital de Grenoble: Mme. Soskins et M. Amon. Une vingtaine de mannequins appartenant à des maisons de couture parisiennes ont quitté Cannes à bord de trois appareils de la STAR, c’est l’un d’eux qui a été accidenté à Lus la Croix Haute.
Sur les lieux de l’accident, un monument commémore la mémoire du pilote, et l’autre celle de ses deux passagers.

Le pilote, le président de la ligue Aéronautique de France et René Brioux devant le Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la Société de Transports Aériens Rapides, au Bourget (Collection privée René Brioux)
Le tout se terminant par une flûte de champagne pour fêter la journée passée au Bourget. (Collection privée René Brioux)

Source des informations :


Verrons nous revoler le Lockheed 1049 HB-RSC sous pavillon allemand?

Lockheed 1049 Super Constellation « Star of Switzerland » (HB-RSC) au Salon du Bourget 2013 ©Xavier Cotton

Depuis la décision de Bretling d’arrêter toute opération de sponsoring aéronautique, les chances de revoir voler un jour le Lockheed 1049 Super Constellation « Star of Switzerland » (HB-RSC) étaient minimes , d’autant plus qu’il y a des des travaux de restauration importants à réaliser en particulier sur les ailes. Et malgré tout la bonne volonté du comité de direction de « La Super Constellation Flyers Association » qui gérait jusque là le quadrimoteur, l’argent nécessaire n’a pu être collecté. Mais, « La Super Constellation Flyers Association » à annoncé le 7 juillet que le « Star of Switzerland » était racheté par un groupe d’investisseurs allemands qui possède déjà plusieurs avions de collection. Le « Star of Switzerland » sera démonté et transporté par la route jusqu’à l’aérodrome de Bremgarten sa nouvelle base,


Patrouille d’après guerre sur Stampe

Pilotes de la  Patrouille sur Stampe à Rouen-le Madrillet après guerre (collection privée Michel Léveillard)

Cette photo de la collection personnelle de MIchel Léveillard a été prise selon ses souvenirs à Rouen-Le Madrillet lors du « Premier Grand Meeting d’Après Guerre » en 1947. A l’arrière de la voiture, de gauche à droite on identifie avec certitude le Lieutenant Alain Michaux le Capitaine Roger Perrier et le Lieutenant Yves-Marie Kerguelen, Seul le pilote à l’avant droite n’est pas encore identifié avec certitude
C’est seulement en 1946 que se reforme une patrouille acrobatique à l’école des « Moniteurs de Tours ». Prenant le nom de « Patrouilles de Tours », elle fut équipée de Stampe SV4 paris les deux cents exemplaires qui furent livrés à l’Armée de l’Air. Cet avion conçu avant la guerre, fut utilisé également par les plus grands pilotes civils de la nouvelle génération : Jean D’orgeix, Léon Biancotto, Fred Nicole, Reine Lacours, Monique Caillard etc. Divers moteurs sont montés sur le biplan a ailes décalées : moteur Renault 4 P et ses dérivés ou le moteur Mathis retenu spécialement pour la patrouille.

La patrouille était commandée par le Capitaine Perrier un grand ancien de la patrouille d’Étampes d’avant guerre, il constitua sa première équipe avec le lieutenant Guido et le Lieutenant Michaux. En 1947, deux nouveaux équipiers seront formés : le Lieutenant Darbois et le Lieutenant Kerguelen ; La formation des équipiers s’effectuait ici en deux parties : dans un premier temps, ils devaient réaliser l’exécution parfaite de toute les figures de voltige en solo de façon à se donner une grande assurance dans toutes les positions de vol. Ensuite ils passaient à l’entrainement en patrouille répétant les mouvements jusqu’à produire une évolution parfaite. Pour conserver leur qualification de chasseurs, les pilotes de la Patrouille d’Etampes volaient également sur monoplace, en l’occurrence, des Yak 3 hérités du Normandie-Niemen ( jusqu’en mars 1948) puis des Dewoitine D.520  double commande hérités de l’école des moniteurs de Tours qu’ils sont allés chercher à Châteauroux (le 22 juin pour les trois premiers). En 1949, ils avaient encore  six D.520.

Au mois d’août 1947, l’école des Moniteurs de Tours était dissoute et la Patrouille reprit son ancien nom « Patrouille d’Etampes en rejoignant la base du même nom, mais dès le 1er septembre 1948 elle changea à nouveau de dénomination et prit le titre de d’Escadrille de Présentation de l’Armée de l’Air N°58 (EPAA 58).

Au cours de la saison de 1948 de nombreuses démonstrations eurent lieu tant en France qu’à l’étranger : Luxembourg, Charleroi, La Haye-Ypenburg, Bruges-Maldegem, Anvers. Trois patrouilles à trois furent ainsi constituées, composées d’anciens chasseurs de a guerre 39-45 sous les ordres du Capitaine Roger Perrier

  • Capitaine Roger Perrier
  • Capitaine Jean Louveau
  • Lieutenant René Darbois du G.C. I/3
  • Lieutenant Yves-Marie Kerguelen du G.C. I/2
  • Lieutenant Maurice Guido du « Normandie Niemen »
  • Lieutenant Amaury Monfort du G.C. I/8S/
  • Lieutenant Richard du G.C. I/2
  • Lieutenant Alain Michaux du G.C. III/6
  • Lieutenant Louis Le Flècher du G.C. « Alsace »
  • Sergent-Chef Roger Parodi du G.C. I/5

Plus 3 individuels

  • Capitaine Marc Izaac de Kasba Tadia
  • Lieutenant Alain Le Guénnec du G.C. II/3
  • Aspirant Jacques Ménard du G.C. I/4

Marcel Lapotre assis dans un Stampe de la patrouille lors de la manifestation organisée à Saint Martin Aux Buneaux le 29 août 1948 (collection privé e de Michel Léveillard)

La patrouille se déplaçait souvent à quatre : trois pour la patrouille et un pour une démonstration individuelle. Alain Le Guennec jouait le plus souvent le rôle du pilote débutant « Ademaï » en décollant avec MS-315, comme s »il ne savait pas piloter et se mettant en mauvaise situation , bien sûr comme tout numéro de clown, tout était maitrisé du début à la fin.

De 1948 à 1951 les patrouilles étaient ainsi constituées

En 1948

Perrier, Kerguelen, Darbois
Michaux, Le Flécher, Parodi
Guido, Montfort, Slt Richard

En 1949

Perrier, Kerguelen, Darbois
Michaux, Le Flécher, Parodi
Guido, Montfort, Ménard

En 1950

Guido, Montfort, Ménard
Michaux, Darbois, Kerguelen
Izaac, Le Flécher, Claveau

En 1951

Guido, Ménard, Montfort
Izaac, Claveau, Darbois
Kerguelen, D’Hulst, Charollais.

 

Source des informations :

Michel Léveillard

Didier Lecoq : http://aeroplanedetouraine.fr/patrouille_etampes/

La Patrouille de France présenté par l’armée de l’air dont le texte est de Daniel Doucet

 


Avion des frères Wright au Mans en 1908

Flyer III des frères Wrigth au camp d’ Auvours près du Mans en août 1908, l’homme à la casquette derrière le biplan est le constructeur automobile Hart O’Berg (collection Sophie Leblay)

Sur cette carte postale ancienne qui m’a été prêtée, on peut voir le biplan Wright Modèle A modifié pour emporter deux personnes assises dont Wilbur Wright est venu démontrer en France en 1908, les qualités de vol. Ces démonstrations en vol font suite à un accord de licence sur le Flyer conclu avec la « Compagnie générale de navigation aérienne » du français Lazare Weiller sous réserve de performances et de formation de trois pilotes.

le 8 août 1908, il effectue le 1er vol du Flyer en Europe  devant de nombreux journalistes et bien sûr des pionniers de l’aviation tel que Louis Blériot et Henri Farman.

L’avion d’une longueur totale de 12,50 m est composé de deux plans superposés, à l’avant se situe le gouvernail de profondeur et le gouvernail de direction est à l’arrière. Le moteur à 4 cylindres délivre 28 CV et entrainent les deux hélices propulsives qui tournent en sens inverse.

Ne manquez pas d’aller voir le  précédent article sur le sujet : http://www.passionpourlaviation.fr/2015/01/18/wilbur-wright-au-mans-en-1908/


Voyage en Afrique de Dieudonné Costes

Ces deux photos m’ont étés prêtées par Jacques Hémet malheureusement sans plus d’information sur les personnages et les circonstances. Mais grâce au sérieux et la grande culture aéronautique des participants de « l’Aeroforum histoire de l’aviation » (http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist/index.php) des réponses ont étés apportées aux différentes questions.

Dans la revue « l’année aéronautique » (1931-1932) de L.Hirschauer  et Ch.Dollfus qu’on peut trouver sur BnF Gallica, voici ce que  ce qu’on peut lire aux page 233/234

VOYAGE EN AFRIQUE par COSTES
16 Février – 23 Mars 1932

But

Itinéraire de la mission aérienne accomplie par Costes et Schneider sur Breguet 27 Hispano-Suiza 500cv ©Espace Patrimoine Safran

Étude d’un nouvel itinéraire pour la ligne France-Madagascar.

Équipage

DIEUDONNÉ COSTES, pilote ; JEAN SCHNEIDER, de la Cie Air Union,passager ; VÉRON, mécanicien.

Matériel

Avion sesquiplan Breguel 270, moteur Hispano-Suiza de 500 CV.

Le Voyage

16 février 1932, Villacoublay-Marseille ; le 17, Rome ; le 18, Naples; le 19, Tunis ; le 20, Tripoli ; le 21, Benghasi ; le 22, le Caire ; le 23, Ouadi Halfa ; le 25, Khartoum; le 25, Abecher ; le 7 mars, Fort Archambault ;
le 23, Bangui ; le 31, N’ Guigmi ; le 2 avril, Bilma ; le 13, Djado; le 14, Fort Saint ; le 16, Tunis; le 17, Alger ; le 18, Oran; le 19, Séville; le 20, Madrid (trois escales dans cette étape par su

ite du mauvais temps) ; le 23,
Paris (le Bourget).

La longueur de ce voyage est de 15.000 km.

En conséquence l’inscription sur la camion « Societa benzin…. » et l’uniforme de l’officier indiques que nous sommes en Italie, la scène se situe donc soit le 17 février à Rome, soit le 18 février à Naples

Quand à cette photo on peut la retrouver sur le diaporama n° 28 de Pierre Jarrige (http://www.aviation-algerie.com/) avec cette légende

17 avril 1932 – Dieudonné Costes,
accompagné de Jean Schneider et Véron, se pose à Maison Blanche en Bréguet 27 en provenance de Tunis. Il rentre d’une mission en Afrique pour le compte d’Air-Union en vue de l’implantation d’une ligne aérienne vers le Tchad par le Sud-Tunisien. Il avait rejoint à Abécher, le 28 février, la mission automobile du prince Sixte de Bourbon. Il est vu ici avec le Colonel Weiss à Maison-Blanche (L Afrique du Nord Illustrée)

Publicité Breguet (collection privée Roger Gaborieau)

Sources des information :

Jacques Hémet

Roger Gaborieau  BLEU CIEL diffusion : http://www.aviation-legere.fr/

BnF Galica : http://gallica.bnf.fr/

Aeroforum Histoire de l’aviation : http://www.aerostories.org/

Le site de Pierre jarrige sur « l’aviation en Algérie de 1909 à 1962 « : http://www.aviation-algerie.com/

 


Amiral Gago Coutinho : traversée de l’Atlantique sud en 1922

l’Amiral Gago Countinho sur ce billet de 20 escudos émis par la Banque du Portugal le 4 octobre 1978  est un officier de la Marine portugaise, navigateur et historien.

Au service de la Marine portugaise, l ‘Amiral Carlos Viegas Gago Coutinho (1869 – 1959) a parcouru le monde.  À partir de 1898, il se fait connaître pour ses cartes géographiques de délimitation des frontières des territoires d’outre-mer. Au cours de ses travaux, Gago Coutinho fait une traversée de l’Afrique. En 1921, il réalise avec Sacadura Cabral la traversée aérienne Lisbonne – Funchal (Madère).

Entre 30 mars et le 18 avril 1922 , Gago Coutinho et  Sacadura Cabral réussirent la première traversée aérienne , de Lisbonne au Rocher de Saint Paul dans l’Atlantique Sud. Les rochers Saint-Pierre et Saint-Paul sont une douzaine de petites îles et rochers situés dans l’océan Atlantique, à environ 985 km au nord-est de la ville brésilienne de Natal. Ils font partie de l’État brésilien du Pernambouc.

Le 30 mars 1922 au matin, le capitaine de frégate Sacadura Cabral, pilote, et le vice-amiral Gago Coutinho, navigateur, quittaient la baie de Lisbonne sur un hydravion Fairey F-3 à moteur Rolls-Royce de 360 CV ; l’appareil était d’un type de série modifié par l’adaptation d’une plus grande voilure et de flotteurs appropriés à la charge accrue de l’hydravion, qui pesait plus de 3 tonnes. En huit heures et demie, le Lusitania — c’était le nom du Fairey — gagnait Las Palmas. Retenus aux Canaries par le mauvais temps jusqu’au 4 avril, les aviateurs volaient ce jour-là, en dix heures, jusqu’à Saint-Vincent (îles du Cap-Vert), où la tempête les bloquait. C’était seulement le 18 qu’ils quittaient Porto Praïa, au sud de l’archipel, à destination de l’île Fernando de Noronha. Un ravitaillement avait été prévu au rocher Saint-Paul pour le cas où le vent contraire interdirait de couvrir sans escale les 2.500 kilomètres de cette rude étape; de fait, le Lusitania, ayant dû mouiller au rocher, fut saisi par les lames violentes se succédant par trois, bien connues des marins habitués à ces parages ; un flotteur céda, l’hydravion fut détruit.

Un hydravion L’hydravion Fairey avec lequel Coutinho et Cabral entreprirent la première traversée de l’Atlantique-Sud, de Lisbonne à l’îlot Saint-Paul (30 mars-18 avril 1922)

Le 11 mai, Cabral et Coutinho, en possession d’un second Fairey, repartaient de Fernando de Noronha, allaient virer sur Saint-Paul où leur voyage avait été interrompu, puis remettaient le cap sur la côte brésilienne; cette fois, une panne de moteur les obligeait à se poser en mer et, huit heures plus tard, un vapeur britannique recueillait l’équipage; l’appareil, lui, était brisé dans les efforts faits pour le prendre à bord.

Le 5 juin, à bord d’un troisième hydravion, Cabral et Coutinho allaient de Fernando à Pernambuco ; le 17, ils mouillaient en rade de Rio de Janeiro.

Cette liaison, malgré ses traverses, était un grand exploit de navigation aérienne; l’amiral Gago Coutinho, alors âgé de cinquante-deux ans, avait apporté dans l’entreprise toute son expérience de spécialiste en matière de géodésie et d’observations astronomiques ; des bombes à fumée pour la détermination des dérives, un sextant spécialement étudié et depuis lors répandu à travers les aéronautiques du monde, des tables d’observation minutieusement préétablies pour tout le parcours, tels avaient été les éléments d’une navigation enfin victorieuse.

L’amiral Gago Coutinho ne devait pas cesser, depuis lors, de manifester le plus actif intérêt pour les traversées aéromaritimes au long cours; au début de 1931, il fut à bord du Do-X géant lorsque le grand Dornier à 12 moteurs alla, à son tour, de Lisbonne à Rio de Janeiro. Quant à Sacadura Cabral, il devait disparaître en mer, probablement dans la Manche, le 14 novembre 1924, alors qu’il convoyait un hydravion de Hollande au Portugal.

Auteur : Charles Dollfus (Histoire de l’Aéronautique 1938)

Comme reconnaissance de toute son œuvre, Gago Coutinho fut nommé directeur honoraire de l’Académie navale portugaise en 1926. Il se retira de la vie militaire en 1939. Il décède à Lisbonne en 1959.

Sources des informations :

Gallica.BNF.fr /Musée Air France

Histoire de l’Aéronautique 1938 par Charles Dollfus et Henri Bouché

L’année aéronautique 1922 par  Louis Hirschauer et Charles Dollfus

 


Le Breguet « ? » de Costes et Bellonte à Hanoï

Costes devant le « Point d’interrogation » à Hanoï ©Jacques Hémet

Voici deux photos de sa précieuse collection que Jacques Hémet nous fait partager. Cette fois ci, le travail d’identification, de localisation et de situation dans le temps  est plus facile à réaliser, il s’agit de l’escale du « ? » à HanoÏ lors du vol retour entre Shangai et Paris après le record de distance réussi par Costes et Bellonte.

Fin 1927,  dans son usine de Villacoublay,  Breguet construisit cinq exemplaires du BR-19TR (pour Transatlantique ) plus connu sous le nom de « Breguet-Bidon » en raison de son réservoir d’essence de 3 735 litres situé dans la partie centrale du fuselage. Trois de ces avions étaient équipés d’un moteur Hispano-Suiza 12 lb de 600 cv, un avec un Renault 12 Kg de 550 Cv et le dernier avec un Lorraine 12 Eb en W, de 450 Cv. Deux exemplaires supplémentaires furent construits sous licence en Espagne

Le troisième et dernier BR-19 TR   à moteur Hispano fit son premier vol le 23 juillet 1928. Équipé d’une double commande et d’un poste radio dont l’indicatif était F-RANS celui-ci était destiné pour le vol Paris – New-York. Son nom de baptême, le « Point d’Interrogation » vient des nombreux problèmes techniques qu’il fallut résoudre lors de sa mise au point, mais il sera aussi connu par l’appellation « Le Rouge » en raison de sa couleur écarlate. Ses essais furent poursuivis jusqu’au 8 septembre 1928 soit une environ une trentaine d’heures de vol puis transformé en  type19 TF « Super-Bidon » par plusieurs modifications de structure afin de supporter une augmentation de volume du réservoir le portant à 5 370 litres. Il effectua son 1er vol le  29 mai 1929 et finit ses essais un mois plus tard.

Le 13 juillet 1929, Costes et Bellonte décollèrent à bord du « ? » à destination de New York, mais arrivés par le travers des Açores, Costes constata une consommation exagérée de carburant causée par un fort vent de face, il prit la sage décision de faire demi tour se reposer à Villacoublay. Ils avaient tout de même parcouru 5 400 km.

Entretien du moteur Hispano-Suiza 12Nb de 650 CV du « ? » à Hanoï ©Jacques Hémet

En attendant une météo plus favorable sur l’ Atlantique-nord, l’équipage décida  de s’attaquer au record de distance en ligne droite, malgré l’arrivée prochaine de l’hiver une tentative en direction de la Chine fut préférée à un vol vers l’Afrique du Sud.

Décollant du Bourget le 27 septembre 1929, le « ? » vola non-stop jusqu’à se poser à bout de carburant  dans un champ de la Mandchourie le 29 après un vol de 7905 Km. Le lieu d’atterrissage étant une zone de conflit entre l’URSS et la Chine, Costes et Bellonte, furent pris pour des espions communistes en raison de la couleur rouge de l’avion et incarcérés par les chinois. Le consul de France du intervenir pour qu’ils soient enfin libérés le 8 octobre. Costes et Bellonte redécollèrent le 14 octobre pour Moukden, Shangaï et Hanoï où ils séjournèrent plus d’un mois dans l’ attente des autorisations de survol pour le voyage de retour.  Ils ne redécollèrent que le 14 novembre avec un sac de 100Kg de courrier. Après avoir fait escale à Calcutta, Karachi, Alep, Athènes, et Rome, ils atterrissaient le 21 novembre au Bourget.

Toujours avec « le point d’interrogation » Costes et Bellonte réussirent ensuite, les 1er et 2 septembre1930, la 1ere traversée de l’Atlantique Nord d’Est en Ouest entre Le Bourget et  Curtiss Fiel à New-York

Après une tentative Paris-Japon de Codos et Robida le 11 septembre 1931, qui échoua en Allemagne sur panne moteur, le »Point d’interrogation » fut donné au Musée de l’Air où vous pouvez toujours l’admirer. Il porte sur le flanc gauche, sur une bande tricolore, la liste des villes escales, en particulier Hanoï, entre Shanghai et Calcutta.

Caractéristiques du Breguet 19 TF  » Super Bidon »

  • Moteur : HIspano-Suiza de 650 Cv
  • Hélice : Bipale en bois Breguet série 123
  • Envergure 18,30 m
  • Longueur : 10,71 m
  • Hauteur : 4,08 m
  • Surface portante : 59,94 m2
  • Poids à vide : 1990 à 2190 kg
  • Poids total en charge : 5240à 6700 kg
  • Vitesse maximale : 250 km/h
  • Plafond : 6700m
  • Autonomie maximale : 9000 km

Sources des informations :

Jacques Hémet

Le Fana de l’Aviation N°110 janvier 1979

Docavia N°9 « Records français de distance, 19191-1939 par Jean Liron


Présentations d’avions de la 1ère guerre mondiale le 11 novembre à Toussus-le-Noble

Replique FOKKER DR 1 F-AZVD de Philippe CIEPELA

Replique FOKKER DR 1 F-AZVD de Philippe CIEPELA ©Xavier Cotton

Aujourd’hui 11 novembre sur l’aérodrome de Toussus-le-Noble

 

  • A 13h30, ouverture au public.
  • A 14h00, arrivée des derniers avions qui rejoignent ceux déjà stationnés sur le statique: Breguet XIV, Nieuport 28 et Sopwith Pup, Fokker Dr1 et Blériot XI.
  • Des maquettes, véhicules et objets d’époque en relation avec l’aviation de 14-18 seront exposés, ainsi que des panneaux sur l’as Pégoud, les femmes pilotes, les écoles militaires de pilotes, …
  • Fin de l’exposition à 16h00.

Pour plus de renseignements  : http://aviation14-18.com/

 


Moteur Rolls Royce Eagle VIII du Sopwith Atlantic

Moteur Rolls Royce Eagle VIII 12 cylindres du Sopwith Atlantic exposé sur le toit du magasin Selfridges, dans Oxford Street  ©Jacques Hémet

Moteur Rolls Royce Eagle VIII 12 cylindres du Sopwith Atlantic exposé sur le toit du magasin Selfridges, dans Oxford Street ©Jacques Hémet

Une fois de plus, Jacques Hémet nous fait partager une des photos de sa collection personnelle et je l’en remercie. il nous propose un petit défit d’identification sur les circonstances de l’exposition de ce moteur Rolls Royce Eagle VIII. de 550 cv Mais c’est sans compter sur les qualités de fin limier des amateurs de l’histoire de l’aviation que j’ai le plaisir de croiser sur Aéroforum.

Merci à Michael, Jean-Louis et Frank qui ont trouvé l’explication. Il s’agit du moteur de l’avion Sopwith Atlantic avec lequel Harry Hawker, chef pilote d’essai de Sopwith Aviation pendant la Première Guerre Mondiale et K.Mackenzie Grieve , officier de la Marine Royale ont tenté la première traversée de l’Atlantique Nord. Le 18 mai 1919, ils ont décollé de l’Aérodrome de Perle en Angleterre, mais malheureusement  après seulement 1,050 miles, une surchauffe du moteur les força à amerrir. C’est la canalisation du réservoir d’eau alimentant le radiateur qui a été étranglée suite à un choc provoquant la défaillance de celui ci.

Les deux pilotes ont étés repêchés par le bateau danois SS Mary , le 19 mai 1919, mais ce bateau ne possédait pas de radio. C’est donc seulement le 25 mai qu’on a appris que Harry Hawker et Mackenzie Grieve, que tout le monde croyait morts, étaient bien vivants.

Le Sopwith Atlantic n’a pas coulé et été repêché par le SS Charlotteville qui faisait route du Canada vers Danzig. L’épave a été ramenée en Angleterre et exposée sur le toit du magasin Selfridges, dans Oxford Street.

Source des informations :

Jacques Hémet

Aeroforum : http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist/

Les archives de Flight Global du 29 mai 1919 page 694 à 697

« Our Atlantic Attempt » de H.G. Hawker et K. MacKenzie Grieve


Guynemer le spadassin

Le Spad VII S 254 tel qu’on pouvait le découvrir au Musée de l’air et de l’espace du Bourget il y a quelques années, présenté suspendu au plafond de la « Grande Galerie ». Un avion d’une valeur inestimable présentant la particularité d’avoir conservé son entoilage d’origine. (photo : Xavier Cotton)

Le Spad VII S 254 tel qu’on pouvait le découvrir au Musée de l’air et de l’espace du Bourget il y a quelques années, présenté suspendu au plafond de la « Grande Galerie ». Un avion d’une valeur inestimable présentant la particularité d’avoir conservé son entoilage d’origine. (photo : Xavier Cotton)

De tous les avions présentés dans la « Grande Galerie » du Musée de l’air et de l’espace du Bourget, au sein de l’exposition conçue pour témoigner des prodigieux progrès techniques qui furent réalisés par l’arme aérienne de 1914 à 1918, il en est un qui, plus que tout autre, retient l’attention des visiteurs : le Spad VII immatriculé S 254 aux couleurs de la SPA 3, aisément reconnaissable à la cigogne ornant ses flancs. Un appareil qui, pour avoir été piloté par Georges Guynemer en personne et lui avoir permis de remporter plus du tiers de ses victoires homologuées, est plus qu’un avion : une relique.

Paris, 19 octobre 1917. Dans la cour d’honneur des Invalides, un avion trône, autour duquel s’agglutine une foule compacte de curieux. C’est le Vieux Charles de Georges Guynemer qu’on présente à la population, laquelle a été conviée à venir voir l’appareil (1). La mort du héros de la chasse française, disparu mystérieusement un mois plus tôt dans le ciel de Belgique, vient d’être annoncée par les journaux et l’heure n’est plus à la stupéfaction mais au chagrin. Et au recueillement. La France, toute entière, est en deuil, et pleure son jeune champion. Les Parisiens, eux, se déplaceront par milliers et auront tôt fait de transformer l’austère pavé de l’hôtel national en un parterre de fleurs.

C’est cet appareil à la valeur inestimable qui, un siècle plus tard, est présenté parmi de nombreux autres (2) au Musée de l’air et de l’espace du Bourget, où il est exposé depuis 1987 après l’avoir été pendant un demi-siècle au Musée de l’Armée (3) puis à Salon-de-Provence, siège de l’École de l’air. Un avion « pas comme les autres » qui, s’il appartint à l’ « as Guynemer », est de surcroît celui qu’il pilota le plus longtemps – de février à juillet 1917 – et avec lequel l’as remporta le plus de succès : pas moins de dix-neuf victoires certifiées et onze probables. C’est notamment à son bord que, le 25 mai 1917, depuis le terrain marnais de la Ferme de Bonne-Maison, il réalisa le quadruplé de sa carrière, abattant deux avions en une minute puis remportant dans la journée deux victoires supplémentaires.

Georges Guynemer à la mi-septembre 1916, posant devant le premier de ses SPAD VII, immatriculé S 115 « Vieux Charles VI ». Un appareil qu’il utilisa au combat pour la première fois le 27 août 1916 et qui fut détruit moins d’un mois plus tard, le 23 septembre, touché par un obus de la défense antiaérienne française. (photo : collection du musée de la BA 102)

Georges Guynemer à la mi-septembre 1916, posant devant le premier de ses SPAD VII, immatriculé S 115 « Vieux Charles VI ». Un appareil qu’il utilisa au combat pour la première fois le 27 août 1916 et qui fut détruit moins d’un mois plus tard, le 23 septembre, touché par un obus de la défense antiaérienne française. (photo : collection du musée de la BA 102)

Ce S 254 ne fut cependant pas l’unique Spad VII qui passa entre les mains de l’as, ce dernier, dans les faits, en ayant piloté… quatre. Son premier fut celui qu’il reçut dès la fin août 1916, immatriculé S 115. Un appareil qui, bien que de présérie, se révéla immédiatement supérieur au Nieuport 17 que l’as pilotait jusque-là, et qui, d’emblée, le séduisit : « L’avion est merveilleux. » (lettre du 28 août 1916). Pourtant, bien que rapide, robuste et piquant parfaitement, il s’avéra vite que l’avion souffrait d’un relatif manque de maniabilité par rapport à son prédécesseur ; surtout, son moteur Hispano-Suiza de 150 chevaux, dérivé d’un moteur initialement conçu pour les automobiles construites par la célèbre marque de luxe, révéla des problèmes de surchauffe qui demandèrent du temps avant d’être corrigés. Malgré tout, aux commandes de ce premier Spad, Guynemer remporta quatre victoires sûres, abattant deux Rumpler (4) et deux Fokker (5). « Vous avez vu que le Spad est baptisé. […] Quand je suis arrivé à 1 800 tours [en surpuissance] sur les quatre, ils ont été affolés par ce bolide. Et quand ils ont repris leur sang-froid et [le tir de] leur mitrailleuse, il était trop tard. » (lettre de Guynemer à l’ingénieur Béchereau relatant sa victoire du 4 septembre 1916). Malheureusement, le 23 septembre, ce biplan fut atteint par un obus tiré par la défense antiaérienne française et fit une chute vertigineuse de 3 000 mètres… dont le pilote sortit miraculeusement indemne (6). L’as des as de la chasse française perçut alors un nouveau Spad VII, immatriculé S 132, à bord duquel il remporta cinq victoires sûres supplémentaires. Fin décembre, il reçut son troisième avion, le fameux S 254, appareil figurant parmi les tout premiers exemplaires dotés d’un moteur surcomprimé fournissant un surcroît de puissance de 30 chevaux et permettant à l’appareil de franchir le cap des 200 kilomètres à l’heure en vol horizontal. Une livraison qui ne tenait pas du « hasard » : Georges Guynemer entretenait depuis août 1916 une correspondance soutenue avec Louis Béchereau, le « père » de l’avion, et, ayant mieux que quiconque perçu les « points faibles » du biplan, avait recommandé à l’ingénieur d’augmenter la puissance de l’Hispano-Suiza. Enfin, en juin et juillet 1917, l’as pilota le Spad VII S 413, qui lui permit d’ajouter cinq nouvelles victoires sûres et trois probables à son palmarès.

Georges Guynemer à la mi-septembre 1916, posant devant le premier de ses SPAD VII, immatriculé S 115 « Vieux Charles VI ». Un appareil qu’il utilisa au combat pour la première fois le 27 août 1916 et qui fut détruit moins d’un mois plus tard, le 23 septembre, touUn avion fleuri à la manière d’un autel : le Spad VII S 254 tel qu’il était exposé autrefois, en l’Hôtel national des Invalides, au sein du Musée de l’Armée. Un écrin que la précieuse relique ne quitta qu’en 1969, pour être transférée à l’École de l’air de Salon-de-Provence. (photo : collection du musée de la BA 102)ché par un obus de la défense antiaérienne française. (photo : collection du musée de la BA 102)

Un avion fleuri à la manière d’un autel : le Spad VII S 254 tel qu’il était exposé autrefois, en l’Hôtel national des Invalides, au sein du Musée de l’Armée. Un écrin que la précieuse relique ne quitta qu’en 1969, pour être transférée à l’École de l’air de Salon-de-Provence. (photo : collection du musée de la BA 102)

Le Spad VII avait fait son premier vol en avril 1916, ayant à son bord le pilote d’essai Maurice Béquet (7). L’avion, qui consistait en un biplan à structure en bois presque entièrement revêtue de toile – seul l’avant étant en acier –, avait été conçu par Louis Béchereau, ingénieur en chef des ateliers de la firme aéronautique SPAD (8), « autour » d’un moteur aux performances prometteuses mis au point à la mi-1915 : l’Hispano-Suiza 8A, un huit cylindres en V de 150 chevaux à refroidissement par eau, que l’ingénieur suisse Marc Birkigt, fondateur de la célèbre marque automobile, avait modifié pour les besoins spécifiques de l’aviation. L’avion révéla immédiatement des capacités nettement supérieures à celles des chasseurs alors en service, que Georges Guynemer apprécia à leur juste valeur : excellente vitesse en vol horizontal comme en montée, robustesse de la structure permettant de plonger sans restriction de vitesse mais aussi stabilité, une qualité qui faisait du Spad VII une plate-forme de tir particulièrement efficace. Ces heureuses perspectives justifièrent que, dès le 10 mai 1916, une première commande de 268 appareils fût passée. Malheureusement, l’avion souffrant de « défauts de jeunesse », leur production dura plus que prévu et, fin 1916, à peine plus de deux cents Spad VII avaient été assemblés. Toutefois, lorsque les difficultés furent surmontées, plusieurs constructeurs se mirent à produire l’appareil sous licence, non seulement en France – où plus de trois mille appareils sortirent finalement des chaînes (9) – mais aussi à l’étranger (10). Dans les faits, malgré l’arrivée de chasseurs plus performants dès l’automne 1917, le SPAD VII demeura durablement dans les unités de chasse du front, au sein desquelles, en raison de problèmes rencontrés par son successeur immédiat, il joua un rôle de premier plan jusqu’à l’apparition au printemps 1918 du Fokker D.VII, chasseur allemand aux performances à peu près comparables. Il servit d’ailleurs sous de nombreuses couleurs : britanniques (le Royal Flying Corps fut le premier à le mettre en service), belges, grecques, italiennes (11), russes et serbes.

Indéniablement, le Spad VII, appareil indissociable de l’épopée des plus illustres des héros de l’air de la Grande Guerre, marqua un tournant dans les progrès effectués par la chasse. « [Le Spad] changea complètement le visage du combat aérien. » déclara l’as des as René Fonck. Le tournant fut même si important que le Spad VII donna naissance à deux autres redoutables chasseurs d’avions : le Spad XII-Canon à moteur de 200 chevaux, né de la volonté de Georges Guynemer de doter l’aviation française d’un chasseur armé d’un canon, et, surtout, le Spad XIII, son véritable successeur, au moteur de 220 chevaux. Deux appareils indéfectiblement attachés au souvenir de l’as panthéonisé qui, son « avion-canon » se trouvant en usine pour y être réparé, s’envola le 11 septembre 1917 à bord à bord de son nouvel avion de combat, le Spad XIII n° S504 qui arbore le numéro 2 attribué à Guynemer dans l’escadrille, comme il l’avait fait les jours précédents… Pour une mission qui, cette fois, fut sans retour.

Frédéric Lafarge, chargé de relations publiques et délégué au patrimoine historique de la BA 102

Notes explicatives

(1) : L’événement fut, entre autres, annoncé par le quotidien L’Excelsior, qui en fit sa une et titra : « Le « Vieux Charles », l’avion de Guynemer, est exposé aujourd’hui aux Invalides » (édition du vendredi 19 octobre 1917).
(2) : Avions du hall n° 2 parmi lesquels figurent entre autres, pour ne citer que les appareils de construction française, un Voisin type III, un Caudron G3, un Nieuport XI et un Breguet XIV.
(3) : Musée qui, à ce jour, en est toujours propriétaire, quatre-vingt-dix-neuf ans après l’avoir reçu à titre de don « de l’annexe du service des fabrications de l’aviation de Buc ».
(4) : Victoires des 4 et 15 septembre 1916.
(5) : Doublé du 23 septembre 1916.
(6) : Si l’on excepte une légère blessure au genou, qui résulta d’un choc avec la magnéto d’allumage.
(7) : Détaché des armées début 1916 en tant que pilote d’essai auprès de Louis Blériot qui l’affecta à la Société pour l’aviation et ses dérivés (SPAD), il se consacra au pilotage des Spad VII et de ses versions dérivées (les Spad dans les versions XI, XII et XIII) et réceptionna tous les modèles de Spad jusqu’en avril 1917.
(8) : Pour « Société pour l’aviation et ses dérivés », firme aéronautique installée rue des Entrepreneurs à Paris (15e arrondissement). Acronyme « adapté » de l’ancienne « Société de production des aéroplanes Deperdussin » fondée avant-guerre par l’avionneur Armand Deperdussin, qui fut mise en liquidation à la suite de la retentissante arrestation de son fondateur (août 1913) et achetée par Louis Blériot.
(9) : Par Grémont, les Ateliers d’aviation Janoir, Kellner et Fils, de Marçay, la Société d’études aéronautiques, Régy et Sommer.
(10) : L’avion fut produit au Royaume-Uni et jusqu’en Russie.
(11) : Raison pour laquelle le Spad VII fut également la monture de l’as des as italien Francesco Baracca.

 

Le SPAD VII en chiffres

  • Motorisation : Hispano-Suiza 8A (150 ch) puis 8AB (180 ch)
  • Envergure : 7,82 m
  • Longueur : 6,08 m
  • Hauteur : 2,20 m
  • Surface alaire : 18 m²
  • Masse en charge : 705 kg
  • Vitesse maximale : 212 km/h
  • Plafond pratique : 6 200 m
  • Distance franchissable : 300 km
  • Armement : une mitrailleuse Vickers de 7,7 mm à tir synchronisé

SAB AB-20 à Bordeaux-Mérignac

SAB AB20 Bordeaux-Merignac @Jacques Hémet

SAB AB-20 à  Bordeaux-Merignac @Jacques Hémet

La  SAB (Société Aérienne Bordelaise) fondée avec le concours de Nieuport-Delage et des capitaux bordelais rachète la branche aviation de Dyle et Bacalan lors de sa liquidation judiciaire en septembre 1929. L’ingénieur Létang, nommé directeur général de la SAB, parvient à faire admettre la poursuite de la construction et des essais des appareils issus du bureau d’études de Dyle et Bacalan.

Vers la fin de l’année 1930 les services officiels de l’état lancent un programme de bombardier de nuit quadrimoteurs et demande que le trimoteur AB-15 soit modifié pour s’y conformer. La SAB étudie rapidement la conversion et le nouvel avion baptisé AB-20 reçoit quatre moteurs  Lorraine Courlis 12 Fb  de 500 Cv, deux dans le prolongement des fuselages latéraux et deux  encastrés dans le bord d’attaque des ailes externes.

On peut identifier cet avion à coup surcomme étant un AB-20 grâce à ses moteurs, en effet les capots moteurs tels qu’on on peut les voir sur la photo ci-dessous laissent apparaître vers le haut les quatre tubes d’échappements du banc central des Lorraine Courlis 12 Fb dont les cylindres sont disposés en W. Son successeur l’AB-21 sera motorisé par des Pétrel 12 Ha de même puissance mais dont les capots moteur sont équipés de chaque côté, de trois gros orifices circulaires très caractéristiques servant à alimenter en air les six carburateurs du Pétrel  . De plus on peut voir les mats qui soutiennent les ailes qui n’existeront plus sur l’AB-21

 SAB AB20 Bordeaux-Merignac @Jacques Hémet

SAB AB-20 à Bordeaux-Merignac @Jacques Hémet

Après une assez longue mise au point, retardée par  de mauvaises conditions atmosphériques, l’AB-20 effectue son premier vol vers le 15 janvier 1932 au mains du pilote Charles Descamps. Celui-ci  habitué au pilotage du DB-70 réalise les essais constructeur en un temps record et le convoie en vol dès la mi-février vers Villacoublay ou il fera subir à ce mastodonte  durant cinq  mois toutes les épreuves de certification. Rentré à Mérignac en avril 1932, la première « forteresse volante » sera transformée en  » avion-canon » par l’adjonction d’un canon de 75 amputé de la moitié de son tube. Celui-ci monté sur un bati-pivot par l’intermédiaire d’un système à rotule émergeait par un large sabord sur le coté gauche de l’appareil de manière à pouvoir tirer entre les deux mats haubanant l’aile.

Qui a pu avoir une telle idée digne d’un navire de la Royale?

Cet avion ainsi modifié est renommé AB-22 et après quelques vols à Mérignac part faire des essais d’armement à Cazaux. Le 19 septembre 1934, Charles Descamps procède en vol au tir de 5 obus, a chaque tir des plaques se détachent de l’intrados de l’aile. L’AB-22 fera encore quelques essais en vol sans tir de son canon et sera finalement réformé en octobre 1935.

A noter que l’envergure de l’AB20 oblige à effectuer son montage à Mérignac dans une position telle qu’il faut l’extraire du hangar latéralement en le faisant glisser sur des rails, comme on peut le voir sur la photo ci-dessus un wagonnet étant placé sous chacune des jambes de l’atterisseur

Sur  ces deux  photos prises sur le terrain de Bordeaux-Mérignac, la dame qui pose devant ce quadrimoteur est celle présente devant le Potez 36 F-ALFH de l’article le précédent. La scène est donc postérieure au 14 avril 1931.

Sources des informations :

Jacques Hémet

Aéroforum : http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist/

encyclopedie MACH 1 éditions ATLAS

L’aéronautique à Bacalan par Jean Lacroze : http://www.aerostories.org/~aerobiblio/article290.html