Catégorie : Portrait

Le Colonel Georges Aouach par Bruno Baverel

Le colonel Georges Aouach

              Un pilote de bombardier pendant la guerre de 1939-1945

Georges Aouach

La Seconde Guerre Mondiale

Le 6 octobre 1939, à bord du LeO 451 n°6, baptisé Le Lion, du 1er Escadron du Groupe de Bombardiers GBI/31, prenaient place le lieutenant-pilote Georges Aouach, le sergent Maurice Aubert, mitrailleur, le lieutenant-colonel Paul Gérardot, chef d’équipe, et l’aspirant Roy, radio.

La mission de l’équipage : voler jusqu’en Allemagne pour une mission de reconnaissance photo à 8000 m d’altitude.

Lieutenant-pilote Georges Aouach, 3ème à partir de la gauche

Sur le chemin du retour, après avoir échappé aux tirs de D.C.A. de la Flak allemande, le bombardier français finissait par être pris en chasse par deux Messerschmitt BF 109. Une balle blessait Georges Aouach à la nuque et une autre, sans doute traçante ou incendiaire, lui brûlait le visage (il en porterait toute sa vie les cicatrices) tandis que le sergent Aubert, touché par une rafale de mitrailleuses alors que de sa tourelle il tentait de répliquer aux tirs des chasseurs ennemis, décédait peu après de ses blessures.

Son bombardier hors de contrôle, Georges Aouach réussissait néanmoins un atterrissage de fortune en rase campagne, non loin de la ville d’Euskirchen. Le colonel Gérardot eut une jambe fracturée lors du choc à l’atterrissage et sera le 2ème colonel de la 31ème escadre abattu en territoire ennemi en moins d’un mois. L’équipage fut capturé par une patrouille allemande et fit partie des premiers aviateurs français faits prisonniers dès les débuts de la guerre. Les deux blessés, Aouach et Gérardot, furent transportés dans un hôpital de campagne avant d’être transférés en camp de prisonnier.

En septembre 1939, les conditions d’engagement des LeO 45 ne correspondaient pas aux potentialités de l’appareil. Employés dans des missions de bombardement tactiques, les équipages, héroïques et sacrifiés, se voyaient prescrire d’attaquer à 500 mètres d’altitude, hauteur à laquelle les nombreuses pièces de Flak étaient particulièrement dangereuses. Ce bombardier rapide était pourtant donné pour être l’un des meilleurs du monde de par sa résistance aux coups, son armement défensif d’un canon de 20 et d’une mitrailleuse ventrale escamotable, mais ses résultats opérationnels décevants au cours de la campagne de France, le fait que le LeO 45 était considéré par la majorité des pilotes comme un appareil délicat, sinon dangereux à utiliser, viendrait bousculer ces données pour le moins théoriques.

La captivité

L’équipage du Lion se retrouva interné à l’Oflag IV-D, camp d’officiers prisonniers de guerre en Allemagne. Situé sur le territoire de la commune d’Elsterhorst, à 50 km au nord-est de Dresde et 4 km de la petite ville d’Hoyerswerda en Saxe, le camp se trouvait à la limite de la Silésie, son effectif étant de 2 500 officiers avec leurs ordonnances.

Après un séjour à l’hôpital pour soigner ses blessures, Georges Aouach fut transféré au camp de Dulay Luft où il passa un peu plus de deux années avec une seule idée en tête : s’évader et reprendre le combat !

En mai 1940 il était particulièrement affecté d’apprendre que son ami et ancien coéquipier le capitaine Jean Moncheaux, avait été abattu à bord de son LeO 451 au-dessus de la Somme lors d’une mission de bombardement. Jean était pilote, comme Georges, les deux hommes s’étaient rencontrés lors de leur formation d’aviateur et le fait d’être nés tous deux en Algérie, (Jean était né à Constantine où son père était professeur de mathématiques) les avait rapprochés. Contrairement à Georges, Jean se rendait fréquemment en Algérie en vacances et vivait une partie de l’année au Maroc. Ils s’étaient vus la dernière fois lors de manœuvres militaires en mai 1939 où Jean avait écrit à sa femme :

« Le moral reste bon, de plus, c’est épatant depuis que j’ai mon meilleur ami à l’escadrille. Nous faisons équipage ensemble, évidemment et nous nous entendons toujours à merveille. Avec Aouach nous faisons un tandem épatant et notre collaboration va devenir particulièrement efficace. Nous partirons faire une randonnée en Bretagne survoler des fantassins et les dépister dans des exercices de débarquement… » 

Gardés par des soldats allemands, un groupe de prisonniers de guerre, Georges Aouach, 3ème à partir de la droite. Derrière la photo il a écrit : « Le départ, type entente cordiale, en promenade, janvier 1940 
Georges Aouach, 2ème à partir de la gauche, prisonnier de guerre de 1940 à 1942 à Dulay Luft près de Sagan en Basse-Silesie prussienne.
Georges nourrissant une biche lors d’un petit moment de détente aux abords d’un parc jouxtant le camp de prisonniers. Il écrit : « Essai de mise en confiance au moyen de châtaignes »

                                         L’évasion

Le samedi 29 Mars 1942, n’attendant pas qu’on vienne le délivrer, avec un groupe d’une vingtaine d’officiers Georges s’évadait par un long tunnel creusé depuis la baraque 38, qui exigea plusieurs mois de travail. Faisant équipe avec le Lieutenant de Castries (qui devait devenir célèbre quelques années plus tard pendant la guerre d’Indochine lors de l’affaire de Diên Biên Phu), les deux hommes réussirent à gagner la zone libre puis de Marseille où Georges Aouach retrouvait son épouse d’origine russe, Miléa Rabinovici rencontrée en 1936, qui avait réussi à le rejoindre là-bas. Ils embarquaient pour la Tunisie, leur nouvelle affectation. Ils n’y restèrent que quelques mois car à l’arrivée des allemands en novembre 1942, ils rejoignaient l’Algérie où Georges, comme il le désirait tant, reprit les combats en tant que pilote dans un Groupe de Bombardement intégré dans le dispositif de la R.A.F. britannique au sein des Forces aériennes françaises libres. Miléa elle, s’engagea comme chirurgien-dentiste dans le Corps Aérien pour la durée de la guerre qu’elle termina avec le grade de lieutenant.

On retrouve peu d’informations sur cette période de sa vie mais il semblerait avoir rejoint le groupe Bretagne des Forces Aériennes Libres (FAFL) à Fort-Lamy (Tchad), retrouvant avec émotion cette ville où son père avait combattu en 1900 sous les ordres du commandant Lamy lors de la mission saharienne.

Georges Aouach dans Paris libéré, 1946

                    fin de la Seconde Guerre Mondiale

Nous sommes en 1944 et le Groupe de Georges Aouach est devenu Groupe de bombardement moyen II/20 Bretagne, prenant part à la campagne d’Italie puis à la libération de l’Alsace, contribuant par ses appuis aériens à la rupture de la ligne Siegfried. Il appuie ensuite l’offensive américaine sur la Sarre en mars 1945 puis opère sur la poche de Royan en avril où Georges Aouach retrouve sa Charente-Maritime.

S’étant déjà battu sous tous les climats et sur tous les théâtres d’opérations, le Bretagne poursuivait sa mission jusqu’à la victoire finale. 

Le 2 septembre 1945 on retrouve Georges Aouach en Allemagne, affecté à l’État-Major de Paul Gérardot, devenu Général, qui faisait partie de son équipage en 1939. Paul et Georges se retrouvèrent avec émotion, évoquant les années passées.

Après la guerre Georges Aouach et sa femme Miléa se retrouvent et s’installent en Seine-et-Oise où Georges continue sa carrière de pilote au sein du Groupe de Transport 3/15 Maine tandis que Miléa reprend ses activités de dentiste. Colonel d’aviation au début des années 1950 il prend sa retraite et devient Directeur-commercial pour la firme Thomson-France. Le 5 août 1971, alors qu’ils partaient en vacances en Espagne, à la sortie de Saint-Aignan-sur-Cher, dans une suite de virages leur voiture dérapa et vint s’encastrer sous les roues d’un camion arrivant en sens inverse. Ils furent tués sur le coup. Georges avait 64 ans et devait prendre sa retraite de Chez Thomson l’année suivante, Miléa en avait 59, ils n’avaient pas eu d’enfants.
Leurs obsèques eurent lieu dans la plus stricte intimité dans le cimetière de La Flotte-en-Ré.

par Bruno Baverel                                                

SOURCES

  • Archives et photos de la famille Aouach
  • toutes les photos font partie de la collection privée de Bruno Baverel

Du même auteur :


« Bon vol Tonton Raymond » par Ivan Hairon

Raymond Frappot et son OGMA (Reims-Aviation N°25) FTB 337 G Super Skymaster F-HRCF au meeting Paris-Villaroche Air Legend 2019 à Melun ©Xavier Cotton

hommage à Raymond Frappot par Ivan Hairon

L’Aviation vient de perdre un grand passionné, en effet,  Raymond Frappot, pilote bien connu  des meetings aériens européens,  nous a quitté lundi 17 février, alors qu’il travaillait sur son OGMA (Reims-Cessna) FTB 337 G Super Skymaster ( ex: armée de l’air Portugaise) sur l’aérodrome des Mureaux  dans les Yvelines (78). Raymond qui venait d’avoir 78 ans  avait œuvré comme chef d’entreprise  en région parisienne pendant de nombreuses années. Amoureux de la vie, il avait découvert l’aviation sur le tard vers 1985  à l’ age de 43 ans. Bien décidé  à rattraper le temps perdu  et souhaitant aider des copains qui participaient à l’époque à des meetings aériens, il prends des cours de pilotage, puis séduit par les machines de collection , il se passionne pour le patrimoine aéronautique, mais aussi pour les avions de collection d’origine militaire . 

Soko J20 Kraguj (F-AZFR) au roulage lors du meeting des Mureaux 2009 ©Ivan Hairon

Très rapidement , en 1992, il crée avec ses copains, passionnés comme lui, l’association Antic Air- Ailes Anciennes Les Mureaux. Le premier avion de la jeune association Antic-Air  sera le fameux Soko J 20 Kraguj, avion de construction Yougoslave, ramené en vol de Belgrade grâce et avec l’aide d’Alex Pozder. Soko J 20 que l’on verra souvent  à cette période sur les Salons des Avions de Légende organisés par Flying Legend Organisation (FLO) .

Le North American AT-6 D Texan (F-AZDU) d’Antic Air ©Jacques Guillem

Puis ce sera un très joli Pilatus P3-05 (ancêtre du Pilatus PC 7 ) ayant appartenu aux Troupes d’Aviation Suisse , qui au dire de Raymond était une merveilleuse machine à piloter quoique un poil sous motorisé. Il y eu aussi un North American T 6 D Texan ( F-AZDU). 

Sia-Marchetti SF 260 W Warrior (F-GMRF) au couleurs de l’Armée de l’Air Burkinabé ©Jacques Guillem

Raymond,  amoureux de l’Afrique, a participé à plusieurs éditions du Raid Air Solidarité aux coté du fameux photographe historien Jacques Guillem, Il avait réussi à ramener (durant une fameuse expédition en 1992)  du Burkina-Fasso (ndlr littéralement « Pays des Hommes intègres »), six Sia-Marchetti SF 260 W Warrior , ayant volé dans l’Armée de l’Air Burkinabé . Il en restaura cinq qu’il présenta avec délectation dans de nombreux meetings aériens. Le Marchetti,  comme l’appelait Raymond, avait disparu des cieux français depuis de nombreuses années et notamment depuis l’arrêt de la fabuleuse patrouille Martini sur SF260 créée par Jacques Bothelin


Le Fouga CM 170  (F-AZPZ, 315 JB) de Raymond et de Jean Baptiste Berger à Pontoise en 2009 ©Ivan Hairon

Puis l’ appel de la Réaction commença,  à démanger Raymond,  qui avec Jean Baptiste Berger acquis un avion d’entrainement Fouga CM 170 Magister ( l’avion de la patrouille de France dans les années 60-70) .

S’étant séparé de ses parts dans le Fouga, Raymond devint le propriétaire d’un énorme Yakovlev YAK 3 U équipé d’un moteur en étoile américain de 1450 CV,  pour comme disait Raymond, découvrir le frisson des pilotes de chasse de la seconde Guerre Mondiale. Ce Yak 3 U,  un des plus abouti dans sa catégorie, avait participé aux courses de pylône de Reno aux USA et y avait tourné dans les années 92/94 à la moyenne de 692 km/h  soit des pointes  à plus de 700 km/h .

OGMA (Reims-Aviation N°25) FTB 337 G Super Skymaster (F-HRCF) au meeting Paris-Villaroche Air Legend 2019 à Melun ©Xavier Cotton

Laché, bon pour le Yak 3 par le grand pilote Marc Mathis (Léon pour les intimes) , Raymond vola quelques années avec, puis il acquit en Espagne ,  l’OGMA (Reims -Cessna ) FTB 337 G Super Skymaster avec lequel nous l’avions vu l’année dernière à la Ferté Alais pour le meeting Le Temps des Hélices  et au meeting Air Legend  de Melun . Raymond gardait aussi sous le coude un des magnifiques SF 260 W avec lequel il prenait toujours plaisir à voler.

Raymond avec La patrouille de France 2015, lors du meeting aérien des Mureaux 2015 ©Jacques Guillem

Raymond, n’était pas seulement un Aviateur au sens noble du terme mais aussi un Marin de passion  que l’ ont pouvait parfois croiser  de temps en temps sur le Golfe du Morbihan  . Et surtout , Raymond était un épicurien , un homme bon et généreux ,  certe avec du caractère mais toujours avec  le cœur sur la main, n’avait -il pas baptisé son hangar du nom d’Eric Kopinski  Lieutenant pilote  au sein de l’EVAA (Équipe de Voltige de l’Armée de l’Air) , mort en service aérien commandé  le 16 juin 1987 au coté du Sergent Guy Ecobichon).

Un dernier, hommage sera rendu à Raymond Frappot  en l’église Christ-Roi de Cormeilles en Parisis (95, Val d’Oise ) , mardi 3 Mars au matin !

Bon vol Tonton Raymond  

Par Ivan Hairon.


Catherine Maunoury tutoie les nuages

Catherine Maunoury double championne du monde de voltige (collection personnelle Catherine Maunoury)

Catherine Maunoury est imprégnée très jeune par le monde de l’aviation lorsque son père médecin et pilote l’emmène voler dès l’age de 8 ans, puis elle apprend à piloter sur Jodel 112, est lâchée solo à 15 ans, age minimum requis et obtient son brevet de pilote à l’age de 17 ans devenant alors la plus jeune pilote de France.

Titulaire d’une maitrise de philosophie, elle rentre à Air France en 1978 comme hôtesse de l’air, qu’elle décidera de quitter pour s’occuper de son club et du Musée de l’Air et de l’Espace.

Catherine Maunoury et son Extra 300LP F-HCSA à Melun-Villaroche ©Xavier Cotton

Coté pilotage, Catherine s’oriente alors vers la voltige aérienne et progresse très vite jusqu’ à être sélectionnée en équipe de France. Sous la direction de son entraîneur national, Claude Bessière dit « Coco », elle remporte dix titres de championne de France entre 1980 et 1999 et deux de championne du monde à douze ans d’intervalle en 1988 et 2000, alors que les avions ont énormément évolué dans leur maniabilité ouvrant la porte à de nouvelles figures.

Elle crée en 1993 à Chartres son propre club de voltige, le Centre Passion Catherine Maunoury (C.P.C.M.) dont Nicolas Ivanoff s’occupera pendant dix ans comme instructeur.

En 2000 Catherine Maunoury se retire de la compétition et se consacre alors aux meetings aériens .

Son époux, Dominique Maunoury, architecte, peintre officiel de l’air et de l’espace et pilote de voltige décède en 2001.

Le 10 août 2010, elle est nommée directrice du Musée de l’Air et de l’Espace, devenant ainsi la première femme à occuper cette fonction.

Le 30 mars 2016, Catherine Maunoury est la première femme élue à la présidence du Conseil d’administration de L’Aéro-Club de France. Le 28 février 2017, elle quitte la direction du musée de l’Air et de l’Espace après son second mandat et devient ambassadrice du musée.

Catherine Maunoury et Aude Lemordant lors de Paris Air Legend 2019 ©Xavier Cotton

Lors des meetings, on peut voir Catherine Maunoury faire une présentation de voltige aérienne en duo avec Aude Lemordant, elle même triple championne du monde de voltige aérienne (2013,2015 et 2019) et parfois à 4 ou 5 avions avec la patrouille « Carnet de Vol » ou la patrouille  » Les sales gosses » (Nicolas Ivanoff en plus).

Aude Lemordant et Catherine Maunoury se préparent pour leur vol en duo lors du meeting Paris Air Legend 2019 ©Liliane Cotton

Laura Brunet et Philip Dupuis (Tandem-images) sont en train de réaliser FR3 Centre-Val de Loire, un documentaire de 52 minutes sur la vie de Catherine Maunoury : « Danse avec les nuages ». La sortie est prévue pour janvier 2020 sur FR3 Centre-Val de Loire,

Même au sol, Aude Lemordant et Catherine Maunoury donnent l’impression de répéter leur chorégraphie en symétrie. Meeting Paris Air Legend 2019 ©Xavier Cotton

Ses distinctions

  • Prix Icare
  • Médaille de l’Aéronautique
  • Médaille de vermeil de l’académie de l’Air et de l’Espace
  • Commandeur de l’Ordre national du Mérite
  • Officier de la Légion d’Honneur
  • Chevalier des Arts et Lettres

Liens :


Portrait de pilote par Isabelle Beauvais

Portrait de Jack Krine devant Breguet XIV par Isabelle Beauvais

Permettez moi de vous présenter Isabelle Beauvais, photographe spécialisée en reportages et portraits pour les univers professionnels. Son regard humain et attentionné lui valent d’être régulièrement demandée  par les entreprises et institutions à travers la France.

Plurielle et curieuse de nature, Isabelle est passionnée par le monde de l’aviation. En tant que photographe, elle s’intéresse bien sûr aux aéronefs, mais elle a surtout un faible pour saisir à travers leur portrait, toute la passion aéronautique que vivent ces hommes et  ces femmes de l’air

Sur ce portrait de Jack Krine réalisé en 2017 lors du meeting aérien « Le temps des hélices » à la Ferté-Alais, Isabelle qui connait cet aviateur depuis quelques années a capté derrière le regard de ce « vieux loup des airs » toute la passion du vol qui l’anime. Et Isabelle nous témoigne avec humanité de sa rencontre photographique avec Jack Krine  » j’apprécie tout autant l’aviateur que l’homme à l’esprit vif et généreux. Ce fut un moment extraordinaire de le photographier » .

Pour les passionnés d’aviation il n’est pas nécessaire de présenter Jack Krine dont les galons de pilote ne se comptent plus, mais pour ceux qui le découvrent, voici un bref résumé de sa carrière de pilote : il est entré  dans l’Armée de l’Air à 19 ans pour être pilote de chasse, il intègre la Patrouille de France pour y devenir leader solo en 1977 et 1978, il poursuit ensuite sa carrière aéronautique comme pilote de ligne d’abord chez Air Inter, puis lors de son absorption par Air France il devient commandant de bord sur Airbus A320 et instructeur sur ce même avion, puis il fonde la Patrouille Tranchant sur Fouga Magister. Jack Krine est titulaire de la Médaille de l’aéronautique sur 42 types d’avion. Il totalise  aujourd’hui plus de 20 000 h de vol  sur plus de 180 types d’avions différents et a plus de 400 meetings aériens à son actif. Pour le plus grand plaisir de tous, cet « Aviateur » continue de nous faire rêver par ses présentations en meeting allant du BB Jodel au Fouga-Magister en passant par le Morane-Saulnier MS317, le North-American T6 et autres Warbird. Ne manquez pas d’aller le voir et de lui dire merci à son retour de présentation en agitant vos bras ou vos casquettes

Portrait d'Isabelle Beauvais

Isabelle Beauvais

Alors qu’elle est interne au lycée, Isabelle s’ennuie de pied ferme. C’est alors qu’un professeur passionné de photographie lui fait découvrir les secrets du développement grâce à la présence sur place d’un labo photo. Très vite, il lui en laissera les clés… . et Isabelle se rendra plus souvent dans la chambre noire qu’en cours…. où elle viendra tirer dans les bacs les portraits réalisés le week-end.

À 22 ans, elle passe un CAP de photographie sur Lyon.

En 2008, après différentes expériences professionnelles dans des secteurs aussi variés que le sport, le médical ou le secrétariat, Isabelle qui a alors 37 ans, se lance un nouveau défi : devenir photographe professionnelle .
« Ce n’est pas la photographie qui me passionne ce sont les Hommes et ce qu’ils sont, ce qu’il sont capables de faire… la photo c’est pour moi un prétexte formidable pour approcher des univers différents et quoique je photographie, mon objectif est de montrer le meilleur de mon sujet. »

Isabelle Beauvais  vous propose de réaliser votre portrait de pilote quelque soit votre degré de compétence et que vous soyez célèbre ou non, avec de beaux tirages déco en impression sur support bois ou métallique. Vous pourrez rencontrer Isabelle Beauvais dès ce week-end du  19 et 20 mai à l’occasion de la 46eme édition du meeting  » Le temps des Hélices » à La Ferté-Alais. Elle sera ensuite présente lors de plusieurs meetings et rassemblements aéronautiques qui auront lieu cette année.

Elle se déplace aussi dans les aéro-clubs. N’hésitez pas à la contacter pour vous renseigner !

Contact :

www.isabellebeauvais.com
https://www.facebook.com/IsaBeauphotographie/
contact@isabellebeauvais.com
Mobile 06 68 51 92 47


Jean Mermoz disparait le 7 décembre 1936

Jean Mermoz (Collection Jean Bétrancourt)

Jean MERMOZ est né le 9 décembre 1901, à Aubenton (Aisne).
  • En 1920, s’engage dans l’aviation
  • En 1921, il est breveté pilote civil
  • En 1926, il entre comme pilote chez Latécoère
  • En octobre 1927, il vole de Toulouse à Saint-Louis sans escale
  • En décembre 1927, il est nommé chef-pilote de l’Aéropostale à Buenos Aires
  • En 1929, il passe la Cordillère des Andes, puis établit la ligne Mendoza – Santiago du Chili
  • Le 12 mai1930, il franchi l’Atlantique à bord du Comte-de-la-Vaulx, réussissant par la même occasion la1re liaison aéropostale entre la France et l’Amérique du Sud
  • En janvier 1933, il effectue la traversée  de l’Atlantique sud en 14 h, sur l’Arc-en-Ciel construit par René Couzinet (voir escales du vol retour à Casablanca et Toulouse-Francazal)
  • En mars 1933, lors de la naissance d’Air France, il est nommé chef-pilote de cette Cie pour la ligne France-Amérique du Sud
  • En 1934 il effectue des liaisons régulières dans chaque sens et le 7 décembre 1936 à 10 h 47, à sa 24 e traversée, il transmet cet ultime message : Coupons moteur arrière droit
Le Gouvernement de la République française le citera à l’ordre de la Nation :
Mermoz Jean, commandeur de la Légion d’Honneur, Inspecteur général de la Compagnie Air France
« Sublime figure d’aviateur d’un valeur morale et professionnelle hors pair. Créateur aux prix d’efforts surhumains, de l’aviation commerciale transocéanique a fait de son nom un symbole et de sa carrière une longue suite d’exploits.
Allant jusqu’au bout de toute entreprise, envisageant la mort avec sérénité, a mérité l’admiration générale par la grandeur de ses actes.
Porté disparu avec l’équipage de la Croix-du-Sud, dont il était le chef de bord.
Accomplissait sa 24 traversée de l’Atlantique sur la ligne postale qu’il avait été le premier à tracer.
Entre de plain-pied dans  la légende et s’inscrit parmi les héros les plus purs de l’aviation française.
8.200 heures de vol »
Fait à Paris le 15 décembre 1936
Le Ministre de l’Air : Pierre Cot.

Marcel Jeanjean illustrateur

MORANE 406 illustré par Marcel JEANJEAN (collection privée Claude LE BIHAN)

Je vous présente ici quelques illustrations couleurs des avions français à la veille de la seconde Guerre Mondiale. Marcel JEANJEAN (1893-1973), est un célèbre illustrateur français plus particulièrement fécond dans le domaine de l’aviation. Mobilisé en 1914, son talent de dessinateur s’exprime dans un journal du front « Le Canard poilu ». En 1917, il demande à servir dans l’aviation et devient pilote de reconnaissance. il ne manque pas de saisir des instants de la vie quotidienne de son escadrille sur des carnets à dessin, à la fin de la guerre il en sortira un album de croquis  « Sous les cocardes, scènes de l’aviation militaire » (1919). À défaut de casser votre tirelire pour acheter un exemplaire de la 1ere édition sur les sites marchands, vous pouvez le trouver disponible en seconde réédition  (1992) sur les sites de livres rares bien connu sur le web. Il illustre ensuite « Les aventures de Fricasson » (1925/26) – « Parlons d’aviation » (1933) – « Les conquérants du ciel » (1943).

Il est nommé peintre officiel du Département de l’Air en 1933, Jeanjean continuera une activité parallèle d’illustrateur pour des publications civiles, en grande partie destinées à la jeunesse.

Sources des informations :

Claude LE BIHAN

Pégase N°103, octobre 2001, Marcel Jeanjean, au-delà des cocardes.

BNF Gallica


Marcel Baratoux brevet n°49

Marcel Baratoux sur son biplan Wright (collection privée Xavier Cotton)

Marcel Baratoux, né à Paris, le 3 juillet 1884, est ingénieur Polytechnicien. C’est en ballon sphérique, en 1908, qu’il commence à prendre l’air. il participe ensuite à différents concours internationaux, dont Barcelone et la coupe Gordon Benett.

Avec quelques amis, il est à l’origine de la création de  l’Aéro-Club de Dunkerque. Attiré par l’aviation naissante, il apprend seul à piloter un appareil Wright et effectue son premier vol le 27 août 1909, en utilisant pour le départ un rail sans le secours du pylône de lancement.

Apportant des perfectionnements à son biplan Wright, il effectue de nombreux vols en septembre 1909. En octobre de la même année, il participe au premier meeting de Juvisy, puis en avril 1910 à celui de Cannes où il se classe honorablement.

C’est seulement le 10 avril 1910 qu’il demande son brevet de pilote, ce sera le N° 49. En réalité, il aurait pu l’avoir plusieurs mois auparavant. L’institution du brevet de pilote d’avion entre en vigueur le 1er janvier 1910. Dans le courant de l’année 1909, seize brevets avaient été octroyés sans examen à des aviateurs chevronnés, avec classement adopté par ordre alphabétique pour éviter toute prééminence entre les 16 premiers brevetés. Le n°1 échut ainsi à Louis Blériot et le 16ème à Wilbur Wright. A partir du 17ème c’est la date de passage de l’examen qui compte.

Il obtient également le brevet de pilote d’aérostats N° 177.

Marcel Baratoux pilote ensuite un appareil Maurice Farman jusqu’au jour où des raisons d’ordre physiologique l’empêchent de continuer à voler. Il décède en 1976.

Source des informations :

L’histoire des cent premiers pionniers de l’aviation française par Yves Saint-Yves


Il y a 80 ans : la fin tragique du capitaine Louis Astier de Villatte

Illustr n° 0

Le 19 août 1936, peu après minuit, à Brienne-le-Château dans l’Aube, le capitaine Louis Astier de Villatte, commandant de la 1re escadrille de la 12e escadre de bombardement de Reims, trouvait une mort tragique à bord de son bombardier Bloch 200, après avoir réussi à organiser le sauvetage des membres de son équipage. Un acte héroïque qui valut à ce brillant officier mort au champ d’honneur d’être retenu pour être le parrain de la deuxième promotion de l’Ecole de l’air (alors installée à Versailles).

Troisième enfant d’une famille qui en compte six, Louis Jean André Astier de Villatte, né à Soturac (Lot) le 25 janvier 1897, fils de Léonce Astier de Villatte et de Marguerite Pons, poursuit ses études lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Tout au long de sa scolarité, il a dû suivre son père, militaire, dans les différentes villes où cet officier du génie a été nommé : Toulouse, Poitiers et, finalement, Nancy, où il est percepteur après avoir été admis à la retraite.

Engagé volontaire le 19 mars 1915, le jeune Louis – qui n’a guère plus de dix-huit ans – intègre l’artillerie, arme que son père, ancien élève de Polytechnique, avait choisi de servir à sa sortie de l’école. Affecté au 34e régiment d’artillerie, il y conquiert rapidement ses galons de brigadier et de maréchal des logis. Son comportement au front – mêlant courage, sang-froid et esprit d’initiative – vaut au soldat, agent de liaison, d’être cité le 21 novembre 1916 à l’ordre de l’artillerie divisionnaire.

Illustr n° 1

Le capitaine Louis Astier de Villatte (1897-1936).

Nommé aspirant le 21 septembre 1917, il quitte le 34e régiment d’artillerie quelques jours plus tard pour passer dans l’aviation. D’abord affecté en tant qu’observateur à l’escadrille SAL 122, il est bientôt muté à l’escadrille BR 227 où, sous-lieutenant, il participe à de périlleuses missions qui, le 8 février 1919, seront récompensées par une nouvelle citation – cette fois à l’ordre de l’armée – récompensant sa conduite exemplaire : « Recherchant toujours les missions les plus dangereuses, a fourni un travail personnel considérable en exécutant de nombreux réglages d’artillerie lourde de grande puissance, délicats et difficiles. A fait plusieurs reconnaissances de nuit à faible altitude, rapportant des renseignements du plus haut intérêt pour le commandement. Dans la nuit du 22 juillet, malgré les nuages et la pluie, a volé à moins de 250 mètres, afin de couvrir le bruit des tanks gagnant les lignes. »

La guerre terminée, Louis Astier de Villatte est affecté comme officier d’aéronautique adjoint à l’état-major du 7e corps d’armée. Puis il rejoint l’École d’application des élèves officiers de l’air de Versailles – aujourd’hui l’École de l’air de Salon-de-Provence – où, instructeur, il prend le commandement d’une brigade d’officiers-élèves.

Nommé lieutenant en 1922, il est breveté pilote en 1927. Quelques années plus tôt, il s’est marié et a épousé Marie-Louise Caron à Fontaine-Française (Côte-d’Or), le 13 juillet 1922. Promu capitaine le 25 juin 1929, il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 1er janvier 1930. En 1933, il a l’honneur d’être l’accompagnateur de Charles Lindbergh et de son épouse Anne Morrow Lindbergh lors de leur séjour à Paris.

En 1934, le capitaine Astier de Villatte est affecté en Turquie, à l’école d’aviation d’Eski-Cheir, après avoir dirigé pendant quatre ans les sections belges et britanniques du bureau central de renseignements. A son retour de Turquie, il est affecté sur la base aérienne 112 de Reims, nommé le 1er octobre 1935 commandant de la 1re escadrille de la 12e escadre de bombardement.

Illustr n° 2

L’un des bombardiers Bloch 200 de la 12e escadre de bombardement de Reims, appareil identique à celui à bord duquel le capitaine Louis Astier de Villatte trouva une fin tragique le 19 août 1936.

Le capitaine Louis Astier de Villatte trouve accidentellement la mort dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 août 1936, un peu après minuit, à bord d’un bombardier Bloch 200 effectuant le trajet Istres-Reims dans le cadre d’un vol d’entraînement de nuit (l’appareil était suivi à dix minutes par deux avions identiques). Un peu avant minuit, le radio a envoyé à la BA 112 un message rassurant : « Tout va bien à bord. Sommes au-dessus de Brienne ; serons à Reims dans une demi-heure. » Mais à 0 h 13, à un peu plus de trois mille mètres d’altitude, alors que l’appareil est à la verticale de Brienne-le-Château (Aube), un problème mécanique survient ; l’appareil s’incline soudainement vers la droite et fait une abattée. Le pilote parvient néanmoins à rétablir l’appareil qui ne répond qu’imparfaitement puisque, si les commandes de profondeur et de direction fonctionnent, il n’a en revanche aucune réponse de la commande de gauchissement. A quelques minutes d’intervalle, deux bombes éclairantes sont lâchées pour tenter de trouver un terrain d’atterrissage dans la campagne. En vain… Au bout d’un quart d’heure d’efforts inutiles, alors que le bombardier a perdu de l’altitude et évolue désormais à mille trois cents mètres, l’officier, commandant de bord, donne l’ordre au personnel du Bloch 200 – un opérateur radio, un navigateur et un mitrailleur – de gagner les postes d’abandon (il s’agit du sergent radiographiste Tetelin et des sergents Lejeune et Carpentier). Le capitaine tient à vérifier lui-même leur parachute avant de donner l’ordre d’évacuation. Tous se poseront sains et saufs à proximité de Crespy-le-Neuf, à quelques kilomètres du lieu du crash. Revenu à l’avant de l’avion, l’officier s’empresse alors de donner le même ordre au sergent-chef Cochin, pilote du bombardier, qui, d’abord, refuse tout net de quitter l’appareil, obligeant le commandant de bord à lui réitérer l’ordre formel d’obéir et de sauter. S’exécutant, le pilote saute donc, lui aussi par la porte arrière ; il se posera sans problème près du village de Juzanvigny. Désormais seul à bord du bombardier en perdition, l’officier prend quelques instants les commandes de l’avion puis tente de s’en extraire en sautant en parachute par une trappe située à l’avant. Il reste malheureusement accroché au bombardier qui va terminer sa folle descente en s’écrasant vers 0 h 30 à Brienne-le-Château, sur un hangar de l’entrepôt de munitions de l’Armée de terre – hangar qui, heureusement, ne contenait que des caisses vides. Aussitôt, l’avion s’enflamme, mettant le feu au bâtiment. Les deux moteurs ont été projetés à une vingtaine de mètres et se sont profondément enfoncés dans le sol. Aux abords de l’avion, le corps de l’officier est retrouvé sans vie, horriblement déchiqueté, son parachute déployé à ses côtés.

Aux derniers instants de sa vie, l’officier de trente-neuf ans a montré un bel exemple de ce que doit être un chef au moment du danger : un jugement clair et sain, des décisions rapides, une parfaite maîtrise de soi, le souci des existences qui lui ont été confiées, un entier détachement pour son propre sort.

La dépouille mortelle de l’officier est ramenée à Reims par une voiture ambulance de la base aérienne 112. Le vendredi 21 août, ses obsèques sont célébrées à Reims, en l’église Saint-Remi, où le cercueil reposait depuis le mercredi soir. Y participent notamment le général Serre commandant la 1re région aérienne et représentant le ministre de l’Air, le lieutenant-colonel Baston commandant la base aérienne 112 et le commandant Benoist commandant le groupe de bombardement I/12. L’éloge funèbre est, quant à lui, prononcé par le colonel Mendigal commandant la 12e escadre de bombardement. L’inhumation aura lieu à Fontaine-Française.

L’officier de trente-neuf ans a été cité à l’ordre de la Nation : « Officier de très grand mérite, possédait au plus haut degré les qualités de courage, d’intelligence, et qui avait voué à son métier un amour profond et raisonné. Ayant pris il y a dix mois le commandement d’une escadrille d’aviation lourde, y a fait preuve de dons remarquables d’instructeur et d’entraîneur d’hommes. Chef de bord d’un appareil multiplaces, a trouvé une mort glorieuse, au cours d’un voyage aérien exécuté dans la nuit du 18 au 19 août, en quittant le dernier son appareil désemparé après l’avoir fait évacuer par son équipage. Vient ainsi de donner à tous un magnifique exemple de devoir. »

Outre la croix de chevalier de la Légion d’honneur, le capitaine Louis Astier de Villatte était titulaire de la croix de guerre 1914-1918, de la décoration marocaine du Ouissam Alaouite et de la croix des Belges. Marié, il était le père d’une petite fille, Odile, née en 1924. Il habitait à Reims au n° 1 de la rue Cérès.

Son acte héroïque valut à ce brillant officier mort au champ d’honneur en service aérien commandé d’être choisi pour devenir le parrain de la deuxième promotion de l’École de l’air de Versailles (promotion 1936 « Capitaine Astier de Villate »).

Illustr n° 3

Les troupes défilant devant la famille du capitaine Astier de Villatte lors de la cérémonie organisée au groupe nord de la base aérienne 112 le 19 août 1937, en fin de matinée, pour commémorer le premier anniversaire de la disparition du jeune officier.

Le 19 août 1937, un an après le drame, une cérémonie du souvenir fut organisée sur la base aérienne 112. Pour perpétuer le nom du capitaine Astier de Villatte, chef qui donna un bel exemple de courage, une cérémonie émouvante dans sa simplicité se déroula près de l’un hangar de la 12e escadre. Deux sections, l’une composée de sous-officiers de la première escadrille, l’autre de sous-officiers de l’escadre, s’étaient rangées ainsi que deux sections de soldats face à l’ancien bureau du capitaine Astier de Villatte sur le mur duquel avait été apposée une plaque de marbre portant la simple inscription : « Capitaine Astier de Villatte commandant la 1ère escadrille 19 août 1936 ».

Soixante-et-onze ans plus tard, le 28 novembre 2008, au cours d’une prise d’armes organisée sur la base aérienne 112 en présence d’Odile Astier de Villatte, une plaque fut fixée au monument aux morts de la BA 112 élevé en cour d’honneur, de manière à conserver le souvenir de sacrifice de ce vaillant officier.

Illustr n° 4

La plaque inaugurée sur le monument aux morts de la base aérienne 112 de Reims le 8 novembre 2008, en présence de la fille de l’aviateur.

Frédéric Lafarge,

ancien délégué au patrimoine historique des bases aériennes 112 (Reims) et 102 (Dijon)


Le baptême de l’air d’une nonagénaire

Potez 36.F-ALBD Raoul Lhuilery

Raoul Lhuillery et sa tante madame Chevillet,  ©Claude Mirabel

Cette photo de grande qualité m’ a été envoyée par Claude Mirabel, une petite fille de Raoul Lhuillery (19/06/1892 – 07/09/1958). Raoul Ernest Lhuillery breveté pilote militaire n° 7818 le 31/07/1917 à Etampes, puis breveté Aéroclub de France n° 7687 le 20/10/1917 sur Farman a voué sa vie à l’aviation du Caudron G3 jusqu’au Jodel construit par lui même

Posant devant son Potez 36 F-ALBD, cette photo témoigne du baptême de l’air que Raoul Lhuillery vient d’offrir à sa tante madame Chevillet pour ses 90 ans .

Celle ci  a  probablement été prise par un photographe du journal « les Ailes » puisque qu’elle a été prêtée par ce journal pour accompagner l’article publié dans le journal « le Messager » du 17 févier 1934 que l’association des amis de Bonneval m’autorise à reproduire ci dessous :

« Le baptême de l’air d’une nonagénaire.- Vivre au-delà de 90 ans, c’est très beau mais recevoir le baptême de l’air à cet age, c’est une prouesse qui mérite d’être signalée.
Notre compatriote, Mme Chevillet, qui a atteint ses 90 ans le 10 Janvier dernier et se porte à merveille, désirait depuis longtemps monter en avion. Elle avait pour cela toutes facilités, puisque son neveu est M. Raoul Lhuillery, l’aviateur distingué et même célèbre, puisqu’il fit déjà plusieurs fois le tour de France (NDLR 1932 et 1933).

Donc dimanche dernier, par un radieux soleil qui faisait augurer un printemps précoce, la courageuse nonagénaire fit son premier vol. Après avoir admiré notre cité « à vol d’oiseau», elle se déclara très contente de son petit voyage aérien et à sa descente de l’avion, elle dit que ce n’était qu’un début et désirait y retourner.

Nous adressons nos compliments à Mme Chevillet, qui veut suivre les progrès de la science et nous renouvelons à M.Raoul Lhuillery nos félicitations pour ce nouvel exploit.
Nous aurons le plaisir de faire paraître dans notre prochain numéro, la photographie de l’avion, du pilote et de sa passagère.« 

Ces deux photos publiées dans les éditions du 24 février et du 10 mars ne sont malheureusement pas d’aussi bonne qualité

 

Source des ainformations :

Claude Mirabel

les amis de Bonneval : http://lesamisdebonneval.free.fr/


LeRoy Lutz, un pilote américain, mourut héroïquement le 22 juin 1944 en France…

… et inspira un roman 70 ans plus tard.

Voici quelques années, alors que je traversai la Flathead Valley du Montana, je m’arrêtai pour visiter le charmant musée de Ninepipes, près de Ronan. Là, quelque part entre des photographies du 19e siècle, des objets artisanaux, des armes diverses, de vieux outils et quelques toiles de Charles Russel, mon attention fut attirée par une lettre exposée dans une petite vitrine. Elle avait été envoyée en 1947 de Mardeuil, près d’Epernay, et était adressée aux parents d’un pilote américain qui s’était tué là-bas le 22 juin 1944. Son nom était LeRoy Lutz, et il avait sacrifié sa vie pour éviter que son P-38 Lightning, touché peu auparavant par la DCA allemande et presque incontrôlable, ne pique sur une maison. Il aurait pu sauter en parachute quelques secondes auparavant, mais il ne voulait pas risquer de causer la mort de plusieurs civils.

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Lt. Leroy F. Lutz, Lockheed Lightning P-38 J “Jack The Ripper” 434th Fighter Squadron, 479th Fighter Group Photo : © Lutz-Maddock family – with courtesy http://www.littlefriends.co.uk (Peter Randall)

En quittant les lieux, alors que je conduisais le long de cette large vallée, entourée des deux côtés par les Montagnes Rocheuses, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à ce jeune pilote qui avait quitté sa famille, ces paysages magnifiques et un monde en paix pour aller risquer sa vie de l’autre côté de l’océan dans un conflit qui ne menaçait alors qu’indirectement son pays, les Etats-Unis.
Y avait-il là le début d’une histoire, était-ce l’amorce d’un roman ? Cette question a tourné longtemps dans ma tête, sans me mener nulle part. Il manquait quelque chose, un déclencheur pour aller plus loin. Et ce quelque chose m’est venu plusieurs années plus tard sous la forme d’une question toute simple: et si, aujourd’hui, quelqu’un héritait de la maison que l’aviateur avait épargnée, et découvrait ce qui s’était passé, ce qui signifierait la mise en évidence d’une connexion particulière entre cette personne et ce pilote, dans le temps et dans l’espace ? Et là, je compris que je tenais mon histoire. Hélène Marchal, ma narratrice, apprend que sa mère, âgée de 4 ans à l’époque, se trouvait dans cette maison. Et que sans le sacrifice de LeRoy Lutz, elle, Hélène, n’aurait pas pu naître. Elle lui doit la vie ! Elle décide alors de se rendre dans le Montana et reconstitue son parcours d’homme et de pilote. C’est La légende de Little Eagle.
A ce jour, comment la lettre mentionnée plus haut est arrivée dans le Montana demeure un mystère pour moi. LeRoy Lutz venait du Nebraska. Mais ce 22 avril 1944, il pilotait le Lucky Lady, l’avion d’un autre pilote de son groupe, Arnold Helding, qui venait lui du Montana. (Entre parenthèses, j’adore cette photo !)

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Lt. Arnold G. Helding, Lockheed Lightning P-38 J (s/n 43-28714) « Lucky Lady » 434th Fighter Squadron, 479th Fighter Group Photo : © Fred Hayner via Danny Morris – with courtesy http://www.littlefriends.co.uk (Peter Randall)

D’où une confusion qui perdura jusqu’au milieu des années 1990, quand le fils de LeRoy Lutz, Richard, noua un contact avec les autorités de Mardeuil. Lui et sa famille furent nommés citoyens d’honneur de la ville, qui avait érigé une stèle à la mémoire de son père, auquel elle rend honneur chaque année. Quand il apprit le comportement héroïque de son père, Richard Lutz déclara: « J’avais douze ans quand ma mère m’a dit que mon père avait été tué en France. J’ai toujours pensé qu’il était le pilote le plus courageux du monde. Mais maintenant, je le sais. »
En dehors des circonstances dans lequelles mon héro, le Premier lieutenant John Philip Garreau, meurt, il n’y a rien en commun entre lui et LeRoy Lutz dans mon roman. Mais il y a des connections particulières entre cette fiction et les faits historiques. Quelque temps après avoir publié ce roman, j’ai trouvé le numéro de téléphone d’André Mathy, un citoyen de Mardeuil qui – alors âgé de 13 ans – avait été témoin de l’accident de LeRoy Lutz et qui s’est efforcé durant plusieurs décennies de retrouver sa famille. Le lendemain du crash, André Mathy avait emprunté quelques outils à son oncle, un forgeron, et découpé sur le fuselage  la peinture illustrant le le nom de l’appareil. Il l’avait donné à Richard Lutz lorsque celui-ci était venu en France. André Mathy, âgé de 82 ans lorsque je l’avais appelé, fut ému d’apprendre que j’avais trouvé dans le Montana une lettre dont il savait qu’elle avait été écrite par le secrétaire de la mairie.
Entre temps, j’étais retourné dans le Montana pour effectuer des recherches dans les archives de l’Université de Missoula, et à Browning, sur la réserve indienne des Blackfeet, John Philip Garreau étant un très jeune indien fasciné par l’aviation et le ciel, qui se révèle brillant au combat et qui meurt de la même manière que LeRoy Lutz.
Quant à Arnold Helding, il est décédé dans le Montana en 2007 à l’âge de 92 ans. Si j’avais su alors qui il était et qu’il se trouvait encore en vie, j’aurais pu le rencontrer à Arlee, non loin du musée de Ninepipes. Il vit toutefois dans mon roman sous le nom de Harold Holding, un officier de l’USA Air Force que Hélène Marchal retrouve à Great Falls  – source précieuse pour reconstituer la vie de Johnny Garreau.
J’ai toujours aimé les avions, mais ils ne m’ont jamais vraiment passionné jusqu’à ce que j’écrive ce roman. Depuis lors, je reste empli d’admiration pour tous ces jeunes gens, ces pilotes américains qui s’étaient engagés comme volontaires dans le corps le plus dangereux de l’armée pour venir libérer l’Europe du nazisme. Et je trouve merveilleux que l’on puisse écrire de la fiction qui rejoint l’Histoire et la fait revivre. Ce n’est donc pas un hasard si je cite dans ce livre William Kittredge, un écrivain du Montana, sur le sens et l’importance des histoires – pourquoi nous en avons besoin, pourquoi elles sont importantes pour nous. Une histoire, dit-il, est quelque chose qui relie, qui éclaire. Elle peut aussi être, parfois, une source de guérison.
La légende de Little Eagle est disponible en versions numérique et imprimée en français et en anglais
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Serge Maigrot s’est envolé pour toujours

Serge Maigrot et son Tiger Moth F-AZTM 05 juillet 2004 © XAvier Cotton

Je viens d’apprendre une bien triste nouvelle, Serge Maigrot (83 ans) nous a brutalement quitté en cette fin d’année. Toute personne ayant croisé Serge au moins une fois dans sa vie, ne pourra jamais oublier cette figure rémoise du monde de l’aéronautique. Quand vous le rencontriez sur l’aérodrome de Reims-Prunay où il venait encore régulièrement, ce pilote toujours souriant aux 16 000 heures de vol savait rester modeste et n’était jamais avare d’une bonne blague. Ancien pilote professionnel d’avion et d’hélicoptère (SAMU), mais aussi instructeur et amateur d’avions de collection, il prenait plaisir à discuter avec vous d’anecdotes aéronautiques, mais aussi de son De Havilland Tiger Moth  (F-AZTM) qui fut un temps le seul en état de vol en France. Son épouse Marie France et lui avaient restauré ce DH-82 dans un grand soucis d’authenticité, avec notamment un moteur qui se lance  toujours à la main. Il souhaitait que ce Tiger Moth (F-AZTM) ayant servi d’avion d’entraînement dans la Royal Air Force de 1942 à 1946 reste aux normes anglaises de l’époque : ni roulette de queue, ni freins.

Tous ses amis sont dans la peine et pensent à Marie-France.  

Un dernier hommage sera rendu à Serge mercredi 2 janvier à 14 heures en l’église de Cernay-lès-Reims.  

« Un pilote ne meurt jamais, il s’envole juste et ne revient pas« 
Antoine de Saint-Exupéry  


Jack Krine

Jack Krine à bord du MS317 F-BCNL de l'AJBS ©Liliane Cotton

Jack Krine à bord du MS317 F-BCNL de l’AJBS ©Liliane Cotton

Reconnaissable par ses célèbres bacchantes, que d’aucune mauvaise langue dise détruire l’aérodynamique des avions à cabine torpédo, voici Jack Krine à bord du MS317 F-BCNL  de l’Amicale Jean Baptiste Salis lors du dernier meeting annuel de Cerny- la Ferté Alais. Petit clin d’oeil amical à Michel Léveillard qui vola  sur le F-BCNL pour la première fois en 1949 chez Morane-Saulnier à Tarbes-Ossun alors que cet avion n’était pas encore un MS317, mais un MS315 avec des roues à rayon, un simple patin à la place de la roulette de queue et pas de frein pour s’arrêter.

Jack Krine, né à Corné (Maine et Loire) en 1944, est venu à l’aviation à l’âge de 15 ans, grâce à l’obtention d’une bourse de l’Armée de l’Air. Il passe alors son brevet de pilote avion sur Piper J3 Cub, ainsi que son brevet de planeur (catégorie D).
A 19 ans, il réussit le concours de l’Armée de l’Air et entre à l’école élémentaire de Cognac où il vole sur North American T6, puis sur CM170 Fouga Magister et enfin Lockheed T33. Il est breveté pilote de chasse en 1965 sur Mystère IV. Il rejoint ensuite sa 1ère affectation sur la base aérienne 110 de Creil où il vole sur SMB2 durant 2 années. De 1968 à 1970 il est instructeur sur la BA 709 de Cognac, où il aura un réél coup de foudre pour le Fouga Magister.  Il retourne ensuite à Creil jusqu’en 1976, et où il est transformé sur Mirage III et obtient alors son brevet de chef de patrouille de chasse. Nommé officier adjoint des opérations de l’escadre 2 ans plus tard, il assume en même temps les fonctions d’officier de sécurité des vols, ce qui lui permet ainsi de voler sur Mirage III, SMB2, T33, Broussard, MD312 et Fouga. Il participe à l’évaluation en combat aérien du Mirage III et du Mirage F1 au Centre d’Expérimentation Aérienne de Mont-de-Marsan.  En 1976, il intègre  la Patrouille de France sur Fouga Magister il y sera leader solo en 1977 et 1978.

Arrivé au terme de son contrat ORSA (Officier de Réserve en Situation d’Active), il quitte l’Armée de l’Air pour intégrer l’amicale Jean-Baptiste SALIS à la Ferté-Alais ainsi que la Conféderate Air Force où il a le plaisir de piloter, entre autres, des machines mythiques telles que le Corsair.

En 1978, il quitte l’Armée de l’Air pour devenir pilote de ligne à Air-Inter absorbé ensuite par Air France, ce qui lui permet de voler aux commandes du Fokker 27, de la Caravelle, de plusieurs types d’Airbus et du Mercure. Pilote de ligne à Air France, il occupe la fonction de Commandant de Bord et instructeur sur Airbus A320.

Depuis 1985, la Fédération Nationale de l’Aéronautique emploie Jack KRINE en qualité de commissaire général responsable des meetings sur les étapes du Tour de France Aérien des Jeunes Pilotes.
En Juin 1993, lors d’un meeting sur la BA113 de St Dizier pour les 20 ans du Jaguar, au manche d’un Mystère IV, il s’écrasait devant les spectateurs, à cause d’une panne moteur. Un crash d’une violence extrême, avec un homme resté aux commandes jusqu’au bout pour ramener l’avion et assurer la vie des personnes alentours. Deux mois après le quatrième crash de sa carrière, qui lui brisa quatre vertèbres, Jack Krine revolait !… (à lire dans le tome 1 de la bande dessinée  EMERGENCY)
Grâce à son expérience et sa profonde connaissance des avions, Jack Krine devient instructeur sur MIG 29 et SUKKOÏ 27 en Ukraine ainsi que présentateur en vol sur Fouga Magister aux USA. Colonel de réserve, il est officier supérieur adjoint au colonel commandant le SIRPA Air (Service d’Information et de Relation Publique ). Jack KRINE intègre en 2006 la patrouille TRANCHANT  sur Fouga Magister en qualité de directeur des présentations.
Officier de l’Ordre National du Mérite, il est titulaire de la Médaille de l’aéronautique sur 42 types d’avion. Jack Krine totalise  aujourd’hui plus de 20 000 h de vol  sur plus de 180 Types d’avions différents et a plus de 400 meetings aériens à son actif. Pour le plus grand plaisir de tous, cet « Aviateur » continue de nous faire rêver par ses présentations en meeting. Ne manquez pas d’aller le voir et de lui dire merci à son retour de présentation en agitant vos bras ou vos casquettes.

Sources des informations :
Patrouille TRANCHANT : http://fouga.patrouille-tranchant.com
Ailes Anciennes de Haute Savoie : http://www.ailesahs.com