Départ du Bourget de Costes et Le Brix pour leur tour du monde

Le 10 octobre 1927 à 9h45 Dieudonné Costes et Joseph Le Brix décollent du Bourget à destination de Saint-Louis au Sénégal à bord du Breguet XIX GR N°1685 emportant des lettres, des journaux, 600 kg. de fret pour l’etape suivante Buenos-Aires, et 2.800 litres de combustible. Le Breguet est dénommé « Nungesser – Coli »- en l’honneur des deux aviateurs disparus le 8 mai de la même année en tentant la traversée de l’Atlantique Nord d’Est en Ouest.

Dieudonné Costes chef-pilote chez Breguet a une bonne expérience du Breguet XIX n° 1685 avec lequel, il a déjà réalisé plusieurs vols record de distance sans escale et sans ravitaillement :

  • Le 27 septembre 1926, avec le lieutenant René de Vitrolles comme navigateur, il effectue le vol Paris-Assouan, soit 4050 km , mais ils ne remporte le record de distance. Celui-ci a été battu par les frères Arrachart, le 27 juin 1926 en réalisant un vol d’une distance de 4 305 km entre Le Bourget et Bassorah (Iran).
  • Le 28 octobre 1926, avec le capitaine Georges Rignot comme navigateur il bat de record du monde de distance en réussissant un Paris-Jask (Iran), parcourant une distance de 5 396 km.
  • Le 4 juin 1927, toujours avec Georges Rignot en observateur, il tente d’améliorer son record en traversant l’Asie mais un problème mécanique le contraint à se poser à Tagilsk autour des Monts Oural en n’ayant parcouru que 4 640 km.

Voici ce qu’en dit Dieudonné Costes dans le livre « Costes et Le Brix – Notre tour de la Terre «  »Bien qu’il ait l’âge de la retraite, le déjà glorieux Breguet XIX numéro 1685, devenu civil après une longue carrière militaire: Deux records de distance en ligne droite avec Girier et Dordilly (4700 km) puis Costes et Rignot (5400 km) – Voyageur infatigable, qui est allé montrer ses cocardes tricolores en Égypte, aux Indes et une seconde fois encore en Sibérie, totalisant 75000 kilomètres, – il ne peut se résigner à laisser remplacer ses trois couleurs par les disgracieuses lettres d’immatriculation. Ce serait une profanation. Il restera donc habillé en militaire comme un vieux soldat qui ne peut se décider à quitter l’uniforme. »

Et c’était donc avant ce tour du monde…

Dieudonné Costes, Jean-Jules Lacoste (Hispano-Suiza), Louis Breguet et Joseph Le Brix devant le Breguet XIX GR n°1685 « Nungesser – Coli » (collection privé René Brioux/Regis Jacquemin)

L’itinéraire de la première étape était Bordeaux, Bayonne, Madrid, Rabat, la Mauritanie, le Rio de Oro, Saint-Louis, soit 4.300 Km. Louis Breguet et Jean-Jules Lacoste (Hispano Suiza) ont assisté au départ en compagnie des notabilités. françaises de l’Aéronautique. A l’arrivée, Jean Mermoz leur fait la surprise de les accueillir, une fois certain de leur départ du Bourget, il avait décollé de Toulouse pour pouvoir arriver avant eux à Saint- Louis.

le 10 octobre1927 le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser – Coli » au Bourget prêt au départ pour un tour du monde (collection privé René Brioux/Regis Jacquemin)

Voici le compte rendu de ce voyage qu’on peut lire dans

La REVUE AERONAUTIQUE DE FRANCE, NOVEMBRE 1927 :

Traversée de l’Atlantique-Sud-Paris-Buenos-Aires par une équipe nationale française

sur le Nungesser – Coli, Breguet grand raid, Hispano-Suiza 600 CV, dont la cellule glorieuse a déjà totalisé environ 70.000 km., Costes et Le Brix se sont envolés du Bourget, le 10 octobre à 9 h. 45 emportant des lettres, des journaux, 600 kg. de fret pour Buenos-Aires, et 2.800 litres de combustible. L’itinéraire de la première étape était Bordeaux, Bayonne, Madrid, Rabat, la Mauritanie, le Rio de Oro, Saint-Louis, soit 4.300 Km.

Avec les notabilités françaises de l’Aéronautique, MM. Breguet et Lacoste (NDLR : au nom d’Hispano-Suiza) ont assisté au départ, ainsi que M. de Alvarez, ambassadeur de la République Argentine, le colonel Pillotto, attaché militaire, MM. Ferreza, Muniz, de la mission brésilienne;

Après un magnifique voyage de 26 heures, le Nungesser-Coli se posait à Saint-Louis (les mécaniciens Jean et Jousse l’y attendaient).

Ils furent reçus par une foule énorme et félicités par les deux gouverneurs, celui du Sénégal et celui de la Mauritanie.

Retardée par un terrain détrempé à la suite d’un orage, l’équipe française repartait le 14 et franchissant en 18 heures 30 les 3.200 km. de son étape au-dessus de l’Atlantique, se posait à 23 h. 40 (heure locale) sur le terrain de. Natal où l’attendait le gouverneur.

Ainsi, l’Atlantique fut vaincu après bien des tentatives par une équipe françaisesur un appareil français dont les victoires ne se comptent plus. Le passé de Costes et de Le Brix est glorieux aussi. Leurs noms sont connus de tous, ils sont estimés et aimés.

Le 16 octobre, le Nungesser-Coli quitta Pernanbouc et s’arrêta à Caravellas, à 750 km. au nord de Rio, sur un des terrains aménagés par Latécoère.

Le 10 octobre 1927, le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » est sorti du hangar pour son départ du Bourget pour le Tour du monde 1

Le 17, il arriva à.Rio à midi 43 (15 h. 43 de Paris).

L’accueil fut enthousiaste de la part de nos amis Brésiliens, si disposés à acclamer l’Oiseau de France. Mais l’accident qui coûta la vie à trois aviateurs brésiliens qui venaient à sa rencontre arrêta la joie de Rio. Costes et Le Brix furent reçus par le Président de la République. A la même heure, en France, ils étaient tous deux inscrits au tableau puis nommés officiers de la Légion d’honneur.

Partis de Rio-de-Janeiro le 19 octobre, Costes et Le Brix surpris par une tempête, durent atterrir dans l’Etat de Rio-Grande-do-Sul, à Pelotas (Brésil), non loin de la frontière uruguayenne. Enfin, le 20, après avoir tourné au passage au-dessus de Montevideo, capitale de l’Uruguay, escortés par deux escadrilles argentines ils arrivèrent à Palmas à 40 km. de Buenos-Aires. Là, les attendait M. Picot, ambassadeur de France, le colonel Cossinelli, chef de l’aviation militaire, les pilotes, dont quelques-uns avaient combattu en France, tel Almonacid, les aviateurs ou mécaniciens français fixés en Argentine.

Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton

Costes et Le Brix, officiers de la Légion d’honneur, ont bien travaillé pour la France. Ils ont trouvé le cœur 4e ces populations, nos sœurs latines ; ils ont été les fourriers magnifiques de la ligne postale France-Amérique du §ud. L’appareil avait déjà accompli :

  • Parîs-Omsk, sans escale et retour
  • Paris-Djask, sans escale.
  • Paris-Calcutta, et retour.
  • Paris-Tajilsk, sans escale et retour. Environ plus de 70.000 kilomètres.

Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton
Siège arrière du Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton
le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » au Bourget prêt au départ pour un tour du monde (collection privé René Brioux)

Source des informations

  • René Brioux
  • Regis Jacquemin
  • Notre tour de terre par Dieudonné Costes et Joseph Le Brix
  • Revue aéronautique de France novembre 1927 organe officiel de la Ligue aéronautique de France