Catégorie : Aviation historique

Concours d’avions légers 1928

 

Caudron C.109 F-AITI appartenant à Maurice Finat ©Jacques Hémet

En 1928 l’Association Française Aéronautique  organisa le Concours d’avions légers. Celui ci s’est déroulé du dimanche 9 septembre 1928 au départ d’Orly  pour finir le vendredi 21 septembre au Bourget.

Cette épreuve eu entre autre  but  de fournir des informations précieux sur les possibilités d’adaptation d’avions légers au tourisme aérien et par conséquent aux  besoins de d’instruction en double commande. Trois nationalités ( France, Angleterre, Allemagne) furent présentes au concours. Le dimanche 9 septembre fut consacré uniquement à la présentation des appareils, à la vérification du poids à vide des avions limité à 400 kilos, au contrôle des licences des pilotes, des certificats et laissez-passer des appareils et enfin aui trage au sort de l’ordre des départs. Les epreuves du concours ne commencèrent réellement que le lendemain.

Lundi 10 septembre, dès 8h, les participants commencèrent par les épreuves éliminatoires de décollage et de montée.

     

      • L’épreuve de décollage consiste à décoller en moins de 250 mètres :  chaque concurrent se voit attribuer un point par 4 m. entre la longueur réelle du décollage et les 250 m maximum autorisés.

      • L’épreuve de montée consiste à atteindre l’altitude de 1.500 mètres en moins de 30 minutes : 2 points par 20 secondes entre le maximum de 30 minutes et le temps réel de montée.

      • Les commissaires commenceront l’examen des appareils pour l’attribution des points de qualité :

    a) Aménagement pour le transport des passagers: 15 points par place aménagée, en plus de celle du pilote

    b) Parachutes : 5 points par place équipée d’un parachute homologué par le S. T. I.Aé. français et utilisable

    c) Protection contre l’incendie: 20 points si l’aménagement comporte un dispositif efficace de protection

    d) Recouvrement rigide : 15 points

    e) Démontage et remontage : 15 points si l’opération — suivie d’un vol de 5 minutes — est effectuée en moins de 30 minutes

    f) Démarrage : 10 points pour trois mises en route — dont une à froid — dans le temps maximum de 15 minutes

    g) Double commande : 10 points à tout appareil équipé d’une double commande, avec deux vols de 5 minutes chacun, le pilote occupant successivement les deux places ;

    h) Protection contre le capotage : 5 points si l’appareil présente un dispositif efficace de protection

    i) Visibilité et confort du poste de pilotage : 5 points pour le confort, la visibilité, la protection contre le bruit.

    Mardi 11 septembre à partir de 8 heures, les commissaires poursuivirent l’examen des appareils pour l’attribution des points de qualité et firent exécuter notamment les essais de mise en route des moteurs, de démontage et de remontage des appareils.

    Mercredi 12 septembre à partir de 8 heures, eut lieu l’épreuve de rendement qui consistait à effectuer huit fois de suite le triangle Orly-Buc-Orly, le tout sans escale . Tout atterrissage intermédiaire éliminant le concurrent de l’épreuve de rendement, mais non du concours

    Le classement se fera par application de PxV/C la formule dans laquelle P est a charge utile, V la vitesse moyenne en kilomètres-heure et C la consommation totale en kilos. Le chiffre obtenu donnera le nombre de points.

    Jeudi 13 septembre.  Aucune épreuve ce jour-là, la journée est consacré au repos des pilotes.

    Vendredi 14 septembre.  A partir de 8 heures, départ des concurrents pour l’étape Orly-Nancy (aérodrome d’Essey), soit environ 284 kilomètres. Les concurrents doivent arriver à l’étape avant 16 h. Ceux qui rempliront cette condition recevront 60 points. Il en sera de même pour chaque étape, les jours suivants

    Samedi 15 septembre. Nancy-Essey / Lyon-aérodrome de Bron, 345 kilomètres.

    Dimanche 16 septembre. Lyon-Bron / Marseille-Marignane, 257 kilomètres.

    Lundi 17 septembre. Marseille-Marignane/  Toulouse-Francazals, 313 kilomètres.

    Mardi 18 septembre. Toulouse-Francazals / Bordeaux-Mérignac, 218 kilomètres.

    Mercredi 19 septembre. Bordeaux-Mérignac / Nantes-Le Bêle, 292 kilomètres.

    Jeudi 20 septembre. Nantes-Le Bèle / Le Havre-Bléville.

    Vendredi 21 septembre. Le Havre-Bléville / pour Le Bourget

    Samedi 22 septembre. Réception des concurrents par l’Association Française Aérienne et proclamation des résultats.

    Le Concours des Avions Légers n’étant pas un meeting au sens habituel du terme, Il fut possible au public d’accéder gratuitement à l’aérodrome d’Orly, selon les  règles habituelles. Un ou deux autocars partaient chaque matin de la Place d’Italie, mais ils étaient réservés aux concurrents, aux commissaires et à la presse.

     

    Klemm L25D D-1357 piloté par Robert Lusser © Jaques Hémet

    La première journée, le Concours d’Avions Légers s’annonce bien car le temps est ensoleillé et le ciel est bleu. Et cette matinée d’automne que nous vivons à Orly n’est pas sans intérêt. Plusieurs concurrents anglais arrivent à Orly dans la matinée, parmi lesquels Lady Heath et le Lieutenant Comper.

    De 10 à 13 heures, l’aérodrome fut animé par l’arrivée des concurrents et par quelques essais de ceux qui sont déjà présents. C’est d’abord le Lieutenant Comper venu de Felixstowe sur son petit biplan C.L.A. 4, à moteur Bristol-Cherub 32 CV. A deux reprises, il fit un vol  au dessus de l’aérodrome d’Orly,  malheureusement, au cours d’un troisième essai, le moteur eut une défaillance dans son alimentation et l’avion reprit avec le sol un un peu rudement. Une ferrure de l’atterrisseur fut faussée et entraîna une réparation assez longue.

    « L’écurie » Caudron vint presque complète. Seul, Avignon, des Assurances Syndicales, manqua à l’appel. Maurice Finat, sur son C.109 (F-AITI), arriva au Bourget, vers midi, précédé de Vanlaère, Delmotte et Massot. Caudron, outre l’avion de Finat, présente quatre appareils mais n’ayant que trois pilotes  disponibles, un avion ne prendra pas le départ. Toute la production Caudron, en matière d’avions légers, est représentéele  :  le C.109 à moteurs Salmson de 40 CV, le C.161, biplan à moteur Salmson de 60 CV, le C.116, également à moteur Salmson 60 CV, le C.113 à moteur Anzani 70 CV et enfin, le C.114 à moteur Anzani 50 CV.

    La petite limousine de Guerchais est veritablement une nouveauté, il s’agit monoplan, conduite intérieure, à moteur Anzani 50 CV.  Le Service de la Navigation Aérienne a imposé un vol d’essai à l’appareil avant de lui accorder un permis de circulation provisoire. Dimanche matin, Le pilote Pierre Lemerre mène à bien cet essai. L’appareil vole bien et paraît se comporter aussi bien qu’il en était attendu.

    Vers 11 heures, Magnard a amené à Orly l’avionnette Albert destinée au jeune pilote Pierre Fisbach. Bel appareil. Magnard a terminé son petit voyage à Dugny et Orly par quelques évolutions de choix. Peu après l’atterrissage, Fisbach a pris place pour la première fois dans l’avion  et a réalisé un bon départ. Ce jeune pilote n’a que dix-huit ans, et a passé son brevet de tourisme, chez Morane-Saulnier, juste quelques jours avant le départ officiel du concours. A noter que Pierre Fisbach est propriétaire de l’avion et donc, un des premiers clients d’Albert.

    Les cinq avions Caudron, la limousine de Guerchais et le petit monoplan Albert constituent toute la participation française.  Sur les seize appareils engagés au départ, il ne s’en trouve que sept pour représenter la France. Neuf abstentions sur seize! Nessler a renoncé à concourir, bien que son appareil fut à Orly, parce qu’il estimait n’avoir aucune chance; Peyret, une fois de plus, a différé les essais de son tandem; Mauboussin, Leduc, Aireau n’étaient pas prêts ; Albert a fait trop tard l’effort qui s’imposait et seul un appareil sur les quatre qu’il avait engagés était en mesure d’être dimanche à Orly ; enfin, Avignon, pour une raison quelconque, ne rallia pas le lieu de la compétition.

    Du côté étranger, seuls les forfaits de l’avion allemand Baumer et celui du Lieutenant Bentley ont été enregistrés. Sont donc engagés, le petit biplan C.L.A. 4, du lieutenant Comper et les trois Avro-Avian à moteur Cirrus 85 CV de Lady Heath et des Capitaines Percival et Neville-Stack, plus le De Havilland « Moth » , à moteur Gipsy, du capitaine Broadde Havilland

    Côté allemand , les deux Klemm ont fait grosse impression par leur atterrissage très court et en douceur. Le premier, piloté par Lusser accompagné d’un mécanicien, est équipé avec un Salmson 40 CV l’autre Klemm est équipé d’un Daimler-Mercédès de 20 CV et piloté par Aicheale.

    Pour en venir à la compétition proprement dite, celle-ci fut limitée dimanche à la présentation des appareils, à la vérification des papiers des appareils et des pilotes, à la pesée des machines et au contrôle des soutes à  bagages. Le public était assez nombreux. Il eut la chance d’assister à une présentation en vol du Capitaine Atcheley, venu à Orly, sur un « Moth » en promeneur et qui se livra à une exhibition d’acrobatie absolument incomparable.

    Le deuxième jour du concours, lundi, fut tout à fait animé. On y vit de hautes personnalités de l’Aéronautique officielle comme M. Fortant, le Colonel Fequant, l’Ingénieur en chef Sabatié, l’Ingénieur Herlaut, etc. Plusieurs pilotes atterrirent sur le terrain, en visiteurs. Ce qui caractérisa la journée, ce fut la visite minutieuse des Commissaires auprès de chaque appareil afin d’attribuer à ceux-ci les points de qualité prévus aux règlements.

    MM. Suffrin-Hébert, représentant le Service technique de l’Aéronautique, le capitaine Joublin, également du S. T. I. Aé, MM. René Moineau et Charles Dollfus examinèrent successivement l’aménagement réalisé en vue du transport des passagers, les mesures de protection contre l’incendie, l’adaptation , et les possibilités d’adaptation des parachutes, etc.

    Auparavant, on avait procédé à la pesée des équipages, des sacs de lest, des parachutes ; on avait contrôlé l’emplacement des sièges. Et, tandis que les Commissaires techniques poursuivaient leur examen, d’autres commissaires et le très dévoué chronométreur qu’est Georges Dinner se mettaient en devoir d’enregistrer les premiers essais pratiques Ceux-ci concernaient le démarrage des moteurs, le démontage et le remontage des voilures, l’emploi de la double-commande. Dans la soirée, certains concurrents s’attaquaient déjà à l’une des éliminatoires : la montée à 1.500 mètres en moins de 30 minutes avec, à bord, toute la charge.

    La plupart des avions présentés étaient équipés en biplaces, seul l’avion Albert est monoplace. Certains concurrents ont renoncé à enlever un passager et ont préféré le remplacer par du lest, perdant ainsi la prime de 15 points, mais leurs appareils n’en sont pas moins dos biplaces, aménagés comme tels et pourvus d’ailleurs, en majorité, de la double commande. Comme recherche du confort, aucune nouveauté à signaler : le « Moth » de Broad, les Avro-Avian, de Stack, de Percival et de Lady Heath sont, certes, très confortables ; les habitacles sont nets, propres, dégagés, mais le carrossier n’est pas encore passé par là. Sur la limousine Guerchais par contre on peut constater une recherche évidente d’un plus grand confort.

    Protection contre l’incendie : rien non plus de nouveau, mais réunion de différents dispositifs propres à réduire le risqua du feu. Dans l’ensemble, les mesures prises sont satisfaisantes. Guerchais mettra au point, plus tard, l’adaptation du carburateur Henriot pour carburants lourds à son moteur Anzani.

    Quatre appareils à recouvrement rigide ont été présentés. Mais seuls, Guerchais et Albert ont enlevé les 15 points prévus. Les deux petits Klemm n’ont que 60 pour 100 de leurs ailes « en contre-plaqué » et le règlement exigeait 66,6 pour 100. Dommage, car, en fait, ils méritaient les points. Décidément, un concours ne récompensera vraiment le mérite que lorsqu’il ne comportera pas de règlements et que ses résultats ne dépendront que du bon sens et de la logique des choses. et des commissaires.

    En matière de montage et de remontage, on a beaucoup admiré le repliage des ailes du « Moth » et des trois « Avian » Mais Caudron a fait tout aussi bien: en 6 minutes 45, le biplan de Massot a été replié, est passé sous le portique, fut remonté et a décollé.Tout cela en 6 minutes 45. Côté parachutes: une simple constatation. La plupart des concurrents sont équipés d’un parachute. Tous ont réussi à convaincre les commissaires, par des démonstrations variées, que leur parachute était utilisable et presque tous ont ainsi gagné les cinq points promis.

    Moins bonne note dans la voie du démarrage du moteur: Caudron a bien réussi quelques mises en route, mais les Anglais qui, il y a deux ans, avaient, sur le « Moth » un excellent démarreur, l’ont supprimé – parce que trop lourd — pour en revenir au dangereux lancer à la main. C’est regrettable.

    En matière de protection contre le capotage, on n’a pu récompenser que l’atterrisseur sans essieu, seule mesure présentée pour diminuer ce risque pourtant assez grave. A ce propos, l’Avro est supérieur au « Moth » qui a conservé son essieu. Chez nous, Albert et Guerchais l’ont écarté.

    A signaler, au compte de la journée de lundi, !a nécessité pour Comper de réparer complètement son atterrisseur endommagé la veille et une nouvelle et formidable exhibition du pilote anglais Atcherley, qui est bien digne de figurer parmi les plus grands « as » de la virtuosité.

    La troisième journée  plus active encore que les deux précédentes.

    Les concurrents ont terminé les derniers essais qui leur restaient à faire pour l’attribution de certains points de qualité. Tous ont tenté leurs épreuves de montée et de décollage. En raison de la forte charge emportée par la plupart des concurrents, ces épreuves étaient dures, très dures même et c’est un beau succès à l’actif des petits avions que d’avoir pu faire ce qu’ils ont fait.

    Hélas, quatre appareils ont été éliminés en fin de journée. Le premier, Neville Stack, avait constaté des fuites importantes dans son réservoir d’essence; il le démonta pour le faire réparer et, en attendant, accomplit ses épreuves avec un réservoir, emprunté à l’appareil de Lady Heath. S’il n’y avait pas eu de règlement, on aurait pu applaudir à l’interchangeabilité des pièces de l’Avro-Avian ; c’était une belle qualité à récompenser, mais il y avait un règlement et ce règlement interdisait le remplacement d’un réservoir. On dut annuler des épreuves de M. Stack et lui imposer de les recommencer avec son réservoir primitif.  Le réservoir, d’ailleurs mal réparé, arriva trop tard et le pilote anglais navré dut renoncer

    Le second hors concours est le courageux Comper après avoir travaillé toute la nuit, avec la collaboration de M. Makee, le chef du Centre d’Entrainement d’Orly et de ses ouvriers à la réparation du C. A. L. 4, Comper avait réussi l’épreuve de démontage et remontage. Mais jouant de malchance, au moment où Il allait décoller, il creva un pneu. Le soir, il repartit pour l’épreuve de décollage qu’il accomplit en même temps que celle de montée. Il grimpa correctement et disparut au loin. On devait attendre vainement son retour. Par suite d’une avarie a la canalisation d’huile, il dut atterrir fortuitement aux environs d’Arpajon, sans mal d ailleurs. Il n’en reste pas moins hors concours.

    les deux autres éliminatoires sont celles du Caudron N°4 qui n’a pas réussi son épreuve de montée dans les conditions requises et du Klemm-Daimler. Aichele, son  pilote eut  des ennuis de moteur; au troisième  essai, le petit « deux-cylindres » qui avait à son actif, quelques centaines d’heures  refusa de tirer l’avion jusqu’à l’altitude exigée.

    Ces quatre défections devaient donc ramener à 10 le nombre des appareils restant restant qualifiés pour l’épreuve de rendement.Il faut d’ailleurs constater que la plupart de ces dlx appareils accomplirent les épreuves de montée  et de décollage avec aisance.

    Poids des appareils

    Appareils

    Moteur Puissance  Pilote  Poids à vide en kg  Charge utile en kg   Poids total sans combustible en kg
    Caudron N°1  Salmson 40 CV  Maurice Finat  337 204 541
    Caudron N°3  Salmson  60CV  Massot 381 125,5 506,5
    Caudron N°4  Anzani  60 CV  Delmotte 391 217,5 608,5
    Caudron N°6  Anzani  60 CV  Jean Vanlaere 392 215,2  607,2
    Klemm N°9  Salmson  40 CV  Robert Lusser 314 246,5  560,5
    Guerchais N°10  Anzani  50 CV  Pierre lemere 398 153,5  551,5
    Albert N°14  Salmson  40 CV  Pierre Fisbach  253  108,2  361,2
    Avro-Avian N°18   A.D.C. cirrus  85 CV  Capitaine Perceval  390  224  614
    De Havilland-Moth N°20  Gipsy  85 CV Capitaine Broad  394  214,8  06,8
     Avro-Avian N°25   A.D.C. cirrus  85 CV  Lady Heath  305 231,2  626,2

    Caudron N* 1 Moteur : Salmson 40 CV. — Pilote : Maurice Finat — Poids à vide: 337 kilos — Charge utile: 204 kilos. — Poids total sans combustible : 541 kilos.

    Caudron N* 3 Moteur : Salmson 60 CV. — Pilote : Massot — Poids à vide: 381 kilos — Charge utile: 125,5 kilos. — Poids total sans combustible : 506,5 kilos.

    Caudron N* 4 Moteur :Anzani 60 CV. — Pilote : Delmotte — Poids à vide: 391 kilos — Charge utile: 217,5 kilos. — Poids total sans combustible : 608,5 kilos.

    Caudron N* 6 Moteur : Anzani 60 CV. — Pilote : Jean Vanlaere— Poids à vide: 392 kilos — Charge utile: 215,2 kilos. — Poids total sans combustible : 607,2 kilos.

    Klemm N* 9 Moteur : Salmson 40 CV — Pilote : Lusser— Poids à vide: 314 kilos — Charge utile: 246,5 kilos. — Poids total sans combustible : 560,5 kilos.

    Guerchais N* 10 Moteur : Anzani 50 CV — Pilote : Pierre Lemere— Poids à vide: 398 kilos — Charge utile: 153,5 kilos. — Poids total sans combustible : 551,5 kilos.

    Albert N* 14 Moteur : Salmson 40 CV. — Pilote : Magnard ou Pierre Fisbach — Poids à vide: 253 kilos — Charge utile: 108,2 kilos. — Poids total sans combustible : 361,2 kilos.

    Avro-Avian N* 18 Moteur : A.D.C. cirrus 85 CV — Pilote : Capitaine Percival — Poids à vide: 390 kilos — Charge utile: 224 kilos. — Poids total sans combustible : 614 kilos.

    De Havilland-Moth N* 20   Moteur : Gipsy 85 CV. — Pilote : Capitaine Broad — Poids à vide: 394 kilos — Charge utile: 214,8 kilos. — Poids total sans combustible : 606,8 kilos.

    Avro-Avian N* 25 Moteur : A.D.C. cirrus 85 CV. — Pilote : Lady Heath — Poids à vide: 305 kilos — Charge utile: 231,2 kilos. — Poids total sans combustible : 626,2 kilos.

    Montée à 1.500 mètres

    De Havilland-Moth N* 20 en 8 min. 50 : 128 points

    Avro-Avian N* 18 en 10 mm : 120 points.

    Albert N* 14, en 11 min. 30 : 112 points.

    Klemm n° 9, en 13 min. 30 : 100 points.

    Avro-Avian n° 25 en 15 min : 90 points.

    Caudron n° 3 en 16 min. 30: 82 points.

    Guerchais n° 10 en 19 min. 20 : 64 points.

    Caudron n°4 en 21 min. 30 : 52 points.

    Caudron n°1 en 29 min. 30: 2 points.

    Les commissaires communiqueront ultérieurement le résultat de l’essai du Caudron n° 6, qualifié.

    Décollage

    Caudron n°1 en 91 mètres : 40 points.

    Caudron n°3, en 104 mètres: 37 points.

    De Havilland n°20 en 106 m.: 36 points.

    Klemm n°9 en 112 m. 15 : 34 points.

    Avro-Avian n° 25, en 115 mètres: 34 points.

    Albert n°14 en 116 m. 5 : 33 points.

    Caudron n°4, en 137 m. 5 : 28 points.

    Avro-Avian n°18, en 139 m. 5: 28 points.

    Les commissaires communiqueront ultérieurement le résultat de l’essai des avions Caudron n° 6 et Guerchais n° 10, également qualifiés.

     

    Klemm KL25D D-1357 piloté par Robert Lusser ©Jacques Hémet

    Dix appareils ont été qualifiés pour l’épreuve de rendement Ces trois premières journées du concours de l’Association Française Aérienne ont été fort animées. Elles ont déjà permis une sélection intéressante, en laissant dans la compétition les machines qui ont subi avec succès les dures épreuves éliminatoires. Six Français, trois Britanniques et un Allemand restaient en ligne mardi soir.

    Le Tour de France des avions légers Le Concours des Avions Légers touche à sa fin. Demain vendredi, les petits avions arriveront, dans la matinée, à l’aéroport du Bourget ayant accompli la brillante démonstration de leurs possibilités pratiques. Contentons-nous aujourd’hui du compte rendu des dernières journées du concours. Nous verrons après à tirer les enseignements qui sont nombreux et profitables.

    L’épreuve de rendement Nous avions laissé les concurrents de la compétition de l’Association Française Aérienne à Orly, à la fin de la troisième journée, après attribution des points de qualité.

    Comme nous l’avons indiqué, dix concurrents restaient en ligne le quatrième jour, pour prendre part à l’épreuve de rendement.

    Il s’agissait de couvrir huit fois le circuit Orly-Buc-Orly, soit en tout 312 kms, à la plus grande vitesse possible et en consommant le moins possible. C’était là l’épreuve la plus importante du concours.

    Il est seulement regrettable que quatre appareils intéressants aient été éliminés les journées précédentes. On eût aimé voir participer à l’épreuve de rendement non seulement Neville Stack et le quatrième avion Caudron mais aussi et surtout le biplan C. A. L. 4 de Comper et le petit Klemm-Daimler de 20 ÇV avec lequel Achele devait faire de si belles démonstrations.

    Le contrôle des consommations s’effectua de la façon suivante: on pesa les équipages et les avions, en ordre de vol, avant le départ ; au retour, on les fit, de nouveau, passer sur la bascule et la différence entre les deux pesées donna la consommation.

    Le premier qui partit fut Vanlaère, à 11h17, sur Caudron-Anzani 60 CV. Il devait malheureusement être victime d’une panne et se poser à Villacoublay. Vanlaère fut le seul concurrent qui ne couvrit pas les 312 kms du parcours. Les neuf autres réussirent à terminer l’épreuve en des temps qui varient de 2 h07 min. 08 sec., pour le plus rapide (Lady Heath), à 2 h. 39 min. 58′ pour le plus lent (Maurice Finat).

    Rien de particulier n’est à signaler dans cette intéressante épreuve qui devait confirmer le remarquable rendement du petit monoplan Klemm à moteur Salmson 40 CV, de Lusser. Dès jeudi dernier, nous avions dit ce qu’était ce rendement, dans ces conditions, il était facile de prévoir le succès du pilote allemand. Aussi bien, Broad, sur le Moth-Gipsy, l’approchait de très près : 110 points sur un ensemble de 1.200 séparaient Lusser de Broad, à la fin de la quatrième journée. Preuve que le règlement n’avait pas été si mal étudié que cela, puisque les deux meilleurs avions du lot se détachaient nettement des autres.

    Il faut bien dire, d’ailleurs, que si l’on considère les avions du point de vue économique, il est bien certain que le classement répond parfaitement au but poursuivi et qu’il place en tête ceux qui, logiquement, devaient y être.

    Aussi bien, mieux que tout commentaire, la , situation des concurrents, à la fin de la quatrième journée, montre clairement la situation de chacun d’eux.

    Le jeudi 13 septembre la journée ne comportait aucune compétition. Aussi à Orly, les mécaniciens et les pilotes en profitèrent-ils pour terminer les ultimes préparatifs avant le départ pour l’épreuve de régularité. Ce fut une journée  de travail avec de nombreuses discussions sur les mérites respectifs des différents concurrents. Le départ d’Orly le vendredi 14 pilotes et officiels se retrouvent à Orly pour le départ de la première étape du grand circuit. Il fallait gagner Nancy avant 16 heures, soit un vol d’une distance de 284 kilomètres. Les prévisions métrologiques n’étaient pas mauvaises,le temps était beau avec un léger vent contraire Nord-Nort-Est. Une brume au sol rendait la visibilité médiocre au départ de Paris Tout d’abord, on apprit que l’équipage Caudron ne prenait pas le départ en raison du peu de chances qui lui restait pour s’assurer une bonne place dans le classement général. Cette décision fut fort commentée et les concurrents furent unanimes à regret que Delmotte et Massot soient Contraints d’abandonner.

    Après quelques pesées et les vérifications de la charge utile, Rouyer sur le Caudron Salmson de Finat prit le départ pour Essey-les-Nancy à 9 heures 17 Quelques minutes, après, Lemerre avec son classique chapeau de paille et ses gants beurre frais accompagné de son mécanicien, décolle à 9h20 : Deux tours de terrain, un coup de chapeau par la fenêtre et la limousine Guerchais. Anzani met le cap à l’Est, bientôt suivi, à 9 h. 23, par le jeune Fisbach sur Albert-Salmson. Nullement intimidé par ce long voyage pour un débutant, Fisbach était très à l’aise et il est à noter qu’il était le seul à en emmener un contrôleur de vol Badin en vue de l’occasion qu’il avait fait 6 heures de pilotage en cabine noire chez Farman. A 9h45 lady Heath et Percival, sur leur Avro-Avian-Cirrus, décollent de conserve. Trois minutes plus tard, c’est le tour de Lusser  le leader du classement général. Apres avoir évolué autour du terrain, Lusser se repose puis repart,après avoir  apres avoir remis de l’ordre dans son déroule-carte dont la feuille s’était détachée

    Il ne restait plus à partir que l’avion de Broad, car celui-ci n’était pas encore arrivé  sur le terrain après une heure d’attente, le retardataire pris l’air à 11h16, accompagné de Tapper  sur le « Moth » personnel Lady Heath, emportant les toilettes et les bagages de cette charmante pilote.

    Pierre Fisbach, le pilote de l’avion Albert, n’eut vraiment pas cette de chance au cours de cette première étape. En raison du vent contraire et craignant la panne d’essence, Fisbach résolut de se poser au camp de Mailly pour s’y ravitailler. Des piquets endommagèrent légèrement la queue de son appareil. La réparation fut vite effectuée,mais en voulant repartir, une baisse de régime peu après le décollage le contraignit à faire un atterrissage de campagne sur un bois. L’appareil fut brisé, sans aucun mal pour le pilote qui ne dut qu’a son sang-froid  d’éviter un accident plus grave. Le cran de ce jeune homme dans ces circonstances délicates montre l’étoffe dont il est fait et permet de dire qu’il ira loin.

    l’arrivée à Nancy : à Nancy, l’arrivée eut lieu sur le beau terrain du 21e régiment, à Essey. Ce terrain vaste et bien dégagé, se trouve à  proximité de la ville. Un embryon d’aménagement : poste radio et un bureau du S.N.Aé  constitue toute l’ installation civile.

    C’est donc  aux militaires que l’on eut recours le abriter et ravitailler les concurrents. Le capitaine Houpert qui avait été délégué auprès des organisateurs, s’acquitta avec la plus grande amabilité.

    Dès 9 heures du matin, les dévoués commissaires de l’Aéro-Club de l’Est, MM.Gasser, Francin, Gorlacher, Lebon, Combette et Rennesson étaient à pied d’œuvre. On remarquait aussi la présence de Mlle Marvingt, la doyenne des aviatrices, et de MM. Henry Brun, Président de l’Aéro-Club de l’Est; Bichaton, Vice-Président de la si utile Association des Amis du 21e régiment, et du lieutenant-colonel Keller. De gracieuses infirmières, tout de blanc vêtues, sont là pour assurer le service médical.

    Un radio d’Orly confirme le départ des sept appareils. Le public, relativement nombreux pour un jour de semaine, attend patiemment l’arrivée en contemplant sagement le départ des gros avions de bombardement qui s’en vont aux manœuvres.

    L’attente n’est d’ailleurs pas de longue durée. En effet, à 12 heures 9 minutes, 25 secondes, les deux Avro-Avian de Lady Heath et du capitaine Percival sont au-dessus de la piste. Très galamment, ce dernier se pose le second; l’un et l’autre sont aussitôt entourés et vivement félicités.

    Puis, après une nouvelle attente, le Caudron-Salmson de Rouyer apparaît à son tour, il est 13 h. 16 min. 30 sec. On enregistre ensuite les atterrissages de Lemerre, sur Guerchais-Anzani à 13 h. 16 m. 30 s. ; de Lusser à bord de son Klemm-Salmson, à 13 h. 19 ‘m. 30 s. et enfin du capitaine Broad a 13 h. 33 m. 25 s. ,

    A sa descente, Lemerre, toujours gante de beurre frais et couvert de son inséparable chapeau de paille, obtient un  joli succès. Son appareil, ainsi que celui de Lusser, d’une forme moderne, suscite tout particulièrement l’intérêt des visiteurs auxquels se sont joints, outre un imposant contingent de réservistes, tous les pilotes du régiment.

    Un peu avant la fermeture du contrôle, à 13 h. 55, le « Moth » qui transporte les pièces de rechange de l’équipe « Avian Cirrus » se pose à son tour. La toujours gracieuse aviatrice anglaise Lady Heath, emmène Mlle Marvingt à son bord et la fait évoluer pendant quelques minutes, de main de maître.

    Après avoir vérifié soigneusement les moteurs, fait le plein, s’être longuement prêté aux exigences des photographes et avoir inlassablement répondu aux mille questions qui leur furent posées, les concurrents prirent place dans les voitures que les membres de l’Aéro-Club de l’Est mettaient aimablement à leur disposition pour gagner Nancy.

    La, un brin de toilette s’imposait, avant de se rendre à la cordiale réception que M.Eugène Corbin nous a réservée. Aimable réception, dans un cadre d’une parfaite élégance, à la suite de laquelle tout le monde se retrouva, sauf le malchanceux Broad, encore aux prises avec son moteur, au dîner amicalement offert par l’Aéro-Club de l’Est La journée se termina ainsi par des agapes simples, mais exquises, avec, pour décor, la perspective unique et magnifique de la place Stanislas.

    A l’issue du dîner, après avoir remercié et félicité les concurrents, le président Brun remit à Ladv Heath et à Rouyer, les premiers arrivés des étrangers et des français, d’artistiques vases. Il remit aussi des médailles à tous les pilotes en souvenir de leur passage à Nancy.

    L’étape Nancy-Lyon

    A sept heures, le lendemain matin, pilotes et mécaniciens s’affairaient autour de leurs appareils en vue de couvrir la deuxième étape: Nancy-Lyon.

    Sans s’attarder davantage, les petits appareils – ils semblent encore plus petits auprès des « Goliath » qui voisinent avec eux sur la piste — sont sortis des hangars.

    Huit heures. « Vous pouvez partir », leur annonce le commissaire de l’épreuve. Et quelques minutes après, les moteurs ronronnent joyeusement.

    A 8 h. 13, Rouyé, le premier, s’élève sans difficulté. Il est suivi de près par Lemerre et Lusser. Enfin, en vol de groupe, les deux Avian et le « Moth » prennent leur vol. Avant de s’enfuir à tire d’ailes, les trois appareils exécutent de concert de beaux passages, en vitesse, avec montée en « chandelles », qui ont ie don d’enthousiasmer définitivement les fidèles spectateurs qui ont assisté à leur départ.

    Seul, reste dans un coin du vaste hangar qui nous avait été réservé, le « Moth » Gipsy, de Broad, qui ne devait partir, le dernier qu’à 10 h. 31.

    L’horaire de l’étape fut le suivant :

    Rouyer : D. : 8 h. 13. — A. : 11 h. 20.

    Lusser : D.: 8 h. 25. — A.: II h. 22.

    Lady Heath: D.: 8 h. 27. — A.: 11 h. 44

    Percival : D.: 8 h. 27. – A.: Il h. 44.

    Guerchais : D. : 10 h. 05. – A. : 13 h. 46.

    Broad : D.: 10 h. 31. — A.: 12 h. 40.

    A Lyon, l’escale avait été organisée par l’Aéro-Club du Rhône et du Sud-Est. La réception fut charmante et se termina par un dîner offert aux concurrents par M. Vermorel, président de l’Aé.C.R.

    L’étape Lyon-Marseille

    Les départs de Lyon pour Marseille furent pris, dimanche, de 8 h. 24 à 13 h. 15.

    C’est encore Broad qui s’envola le dernier.

    A Marignane, en raison de l’éloignement de la ville, le public est peu nombreux. Les représentants l’Aéro-Club de Provence étaient là, cependant, dès les premières heures de la matinée: MM. Pierre Blanchet, Garnier, Salvenave, Braun, etc.

    Lady Heath arrive la première à 9 h. 42.

    Les atterrissages se succèdent, sans incident. Le mistral commence cependant à souffler et Broad n’est pas encore là. Il ne devait se poser à Marignane qu’à 14 h. 45.

    La foule vint plus nombreuse l’après-midi. Le gros succès est toujours pour Lusser et Lemerre, dont la petite conduite intérieure fait sensation.

    L’horaire de l’étape Lyon-Marseille peut , se résumer comme suit :

    Ronyer 1)..8 h. 24. — A. : 10 h. 23.

    Lady Heath : D.: 8 h. 25. — A.’ 9 h. 42.

    Percival : D.: 8 h. 25. — A.: 9 h. 42′ 30″ Lusser : D. ! 8 h. 29- —. A.: 10 K. 24.

    Lemerre : D.: 9 h. 25. – A.: 11 h. 28.

    Broad : D. : 13 h. 15. – A.: 14 h. 45.

    Le soir, un dîner offert par l’ Aéro-Club de Provence réunissait concurrents et officiels.

    L’étape Marseille-Toulouse

    Le lendemain, les concurrents quittèrent Marseille à de brefs intervalles puisque les départs s’espacèrent de 8 h. 06 à 8 h. -50.

    A Toulouse, c’est l’Amicale des Aviateurs qui a assumé l’organisation de l’étape, réunissant trois prix régionaux. Là aussi, belle et cordiale réception.

    A Toulouse, devait se produire le premier incident de la course. Tous les pilotes se posèrent sans incident sur le terrain, sauf Lusser dont on resta fort longtemps sans nouvelle. En réalité, Lusser avait dû atterrir à Lezignan en panne d’essence Il se ravitailla, mais on lui fournit un carburant de mauvaise qualité qui le contraignit à se poser de nouveau à Carcassonne. Le voyage de tous les équipages fut contrarié par un fort vent auquel d’ailleurs Lusser dut sa première panne.

    L’horaire de l’étape fut :

    Percival : D. 8 h. 06 — A. 11 h. 21.

    Lady Heath : D. 8 h. 06 — A. 11 h. 22.

    Broad : D. 8 h. 07 — A. 10 h. 54.

    Rouyer : D. 8 h. 08 — A. 13 h. 11.

    Lusser : D. 8 h. 08 m. 30 s.

    Lemerre : D. 8 h. 29 — A. 13 h. 38.

    Lusser n’étant pas arrivé au contrôle a, 16 heures se voyait privé des 60 points qui étaient attribués à chacun de ses concurrents.

    Le soir, banquet sous la présidence du Président de la Chambre de Commerce.

    L’étape Toulouse-Bordeaux

    Mardi à 7 h.11, Lusser ayant quitté Carcassonne atterrit à Toulouse. Il manifesta un instant l’intention d’abandonner et c’est grâce à l’insistance de son mécanicien qu’il y renonça. Une demi-heure après, il repartait.

    Rien de particulier à signaler au départ de Toulouse. A Bordeaux, l’annonce du passage des petits avions n’a pas fait grand bruit. Sur le terrain, cependant, quelques connaissances : le pilote Descamps, l’ingénieur Letang, Darroman, Piene Bonnet, le lieutenant Goëgel, etc.

    A signaler, à cette escale, l’arrivée très jolie du « Moth » d’accompagnement de Lady Heath volant de conserve, aile à aile, avec le « Moth-Gipsy » de Broad. Tous les atterrissages se passent admirablement.

    L’horaire fut le suivant :

    Lemerre : D. 8 h. 25 — A. 10 h. 44.

    Lusser : D. 8 h.31-A.10h.48.

    Rouyer D. 8 h. 34 — A. 10 h. 48.

    Percival : D. 9 h, 16 m. 30 s. — A. 10 h. 52.

    Lady Heath : 1). 9 h. 17 — A. 10 h. 53.

    Broad D. 10 h. 04 — A. 11 h. 40. 1

    A 18 heures, un vin d’honneur fut offert à l’Aéro-Club du Sud-Ouest.

    Ayant bouclé le tour de France cinq avions sont revenus au Bourget Lusser, sur Klemm-Salmson, gagne l’épreuve, devant Percival et Broad Le Concours d’Avions Légers, organisé par l’Association Française Aérienne, a été un brillant succès. Il constitue, à la fois, une belle démonstration des possibilités pratiques de l’aviation légère et une excellente manifestation de propagande aéronautique.

    L’étape Bordeaux-Nantes.

    De Bordeaux, où nous les avions laissés la semaine dernière, les six survivants du Concours d’Avions Légers, toujours accompagnés du « Moth » de Lady Heath — « son cheval de bagages », comme elle dit si gentiment, — prirent la direction de Nantes. Les deux Français Rouyer et Lemerre, suivis de Lusser, décollent les premiers. L’équipe anglaise, plus rapide, s’offre un léger repos supplémentaire et s’envole en dernier.

    Cependant, à Nantes; dès 9 heures, quelques centaines de spectateurs les attendaient patiemment. Cette escale, grâce à la bonne collaboration de l’Aéro-Club de l’Atlantique, fut aussi parfaitement organisée.

    Sur le terrain, les aviateurs étaient attendus par MM. Matliivet, Préfet, et Moitié, maire; les généraux Brossé et de Torquet; Poisson, président de l’Aéro-Club ; Moitessier, secrétaire général du département ; Colombié, président du Conseil interdépartemental de Préfecture; Caillaux, secrétaire de la Ville; Cassegrain, Dolidon, Charpentier, adjoints au Maite; Aubert, conseiller général ; Guihard, conseiller municipal ; Maufra, secrétaire de l’Aéro-Club; Notté, ingénieur en chef des Ponts; Fiévé, commandant des pompiers ; Lasne, président du Syndicat d’Initiative, ainsi que par les représentants de la Presse locale et de nombreux officiers.

    A 10 h. 45, le gracieux monoplan Klemm se silhouette dans le ciel et, sans heurt, se pose sur le terrain. Puis arrivent ensuite Rouyer à 11 h. 2; Lemerre, à il h. 15; Lady Heath, à II h. 26; Percival, à 11 h. 27, et,-enfin, Broad, à 12 h. 46. Il était temps, les officiels allaient quitter le terrain.

    L’après-midi, un nombreux public se rendit à l’aérodrome pour examiner les appareils. Puis une réception eut lieu à l’Hôtel de Ville, tout pavoisé pour la circonstance.

    Après avoir apposé leur signature sur. le livre d’or de la ville de Nantes, les pilotes furent reçus dans la belle salle gothique où le maire, M. Moitié, leur souhaita la bienvenue en termes excellents. L’actif président de l’Aé.-C. de l’Atlantique, M. Poisson, et le pilote Lemerre, au nom des concurrents, remercièrent M. Moitié de la  cordiale réception qui leur fut réservée.

    Le soir, un dîner amical réunissait, par les soins de l’Aé.-C. de l’Atlantique, concurrents et officiels qui ont emporté de leur séjour à Nantes le meilleur souvenir.

    L’étape Nantes-Le Havre.

    Décidément favorisé des Dieux, le tour de France des avions légers aura connu, jusqu’au bout, un temps idéal. Il y eut bien, de Marseille à Toulouse, un bon petit mistral ; mais, d’abord, Marseille sans le Mistral ne serait pas Marseille et, ensuite, cela aura permis de démontrer que les appareils en course, même les plus lents, allaient au moins aussi vite que l’avion commercial qui prit, ce jour-là, le départ pour Lyon.

    Mais nous voici au Havre. Notre grand port commercial, dont les rues sont si joliment fleuries, a bien fait les choses. C’est que Le Havre a la chance de posséder un des aéro-clubs les plus vivants, où l’on vole beaucoup et où, par conséquent, on aime, bien sincèrement,1 sans phrase, l’aviation. La « Vieille Tige » Léon Molon, qui est le président et le grand animateur de cet aéro-club, peut être fier de son œuvre.

    Ses excellents collaborateurs, MM. Migraine, Hainneville, Guest, Lagneaux, Houllier et Martin ont droit, eux aussi, à nos sincères félicitations.

    Grâce à leur bonne propagande, grâce à leurs efforts, l’étape du Havre, la dernière de l’épreuve de régularité du concours, a été richement et généreusement dotée de 4.600 francs de primes Cette escale fut aussi celle où le public, plusieurs milliers de personnes, était le plus nombreux. Un important service d’ordre, dirigé par le Capitaine Soyer, avait été heureusement prévu, et les atterrissages purent avoir lieu sans incident. De nombreuses personnalités locales : MM. Lafaurie, vice-président de la Chambre de Commerce du Havre, de Puymaly, secrétaire général de cette assemblée ; Corbeaux, directeur général du Port Autonome, et Le Bourhis, ingénieur en chef; puis MM. Labay, maire de Bléville ; Lecrocq, conseiller municipal du Havre, représentant le député-maire ; Martin, adjoint au maire de. Sanvic, etc., avaient tenu à venir féliciter les pilotes dès leur arrivée sur le terrain.

    Pour une fois, c’est le Capitaine Broad qui, à 10 h. 43, se pose le premier. Quelques quarts d’heure se passent, puis les arrivées se succèdent plus rapidement : celles de Lemerre, à 11 h. 16; de Percival, à II h. 39; de Lusser, à II h. 57 et, enfin, de Rouyer, à 12 h. 6. La foule enthousiaste applaudit chaleureusement tous les pilotes.

    Toutefois, il manquait Lady Heath à l’appel ; son compagnon  de route, Percival, l’avait perdue de vue à environ 70 kilomètres du terrain. Un peu après 13 heures, un coup de téléphone nous rassurait sur son sort. Par suite d’une panne malencontieuse de son moteur, l’intrépide pilote avait dû se poser sur la plage de Trouville, sans aucun mal. Dès son retour, le « Moth » de dépannage lui porta secours et, en travaillant d’arrache-pied, la réparation put être effectuée à temps pour lui permettre, le lendemain, de regagner Paris dans les délais prescrits. Ce petit contretemps n’a fait perdre que 60 points à Lady Heath sans modifier, pour cela, sa place dans le classement général. S’il s’était produit quelques minutes plus tard, alors qu’elle se proposait de traverser l’estuaire de la Seine, les dommages auraient pu avoir de plus sérieuses conséquences.

    Cette journée devait être, pour l’Aé.-C.du Havre, celle des visites aériennes. En effet, l’après-midi, un Bréguet XIX militaire, piloté par le Lieutenant-Colonel Zarapoff, arrivait de Mayence après avoir traversé, en guise d’entraînement, toute là France d’Est à Ouest.

    A 16 h. 30, une cordiale réception attendait les pilotes à l’Hôtel de Ville du Havre, dont la façade était pavoisée pour la circonstance Dans la magnifique Salle des Fêtes, fleurie et décorée avec goût, le Maire, M. Lang, entouré des hautes personnalités havraises, souhaita la bienvenue aux aviateurs. Son cordial et vibrant discours exprima toute la foi qui anime les édiles de notre grand port maritime. Le Président de l’Aé.-C. du Havre, Léon Molon, remercia en termes émus M. Lang de l’appui bienveillant dont il entouie l’aviation.

    Puis, après que M. Lafaurie eut apporté le salut très cordial dû Port Autonome et de la Chambre de Commerce, le délégué de l’Association Française Aérienne remer- cia tour à tour l’Aé.-C. du Havre, la Mu-.nicipalité, la Chambre de Commerce et tous les généreux donateurs de primes. Il donna ensuite lecture du palmarès de l’escale, palmarès ainsi établi :

    1ere. prime : Capitaine Broad, 2.000 francs,

    2° prime : M. Lemerre, 1.500 francs, offerte par la Ville du Havre;

    3e prime : M. Percival, 500 francs, offerte par l’Aéro-Club du Havre;

    4e prime : M. Lusser, 200 francs, offerte par l’Automobile-Club du Havre;

    5e prime : M Rouyer, 200 francs, offerte par l’Automobile-Club de l’Ouest.

    En outre, une prime spéciale de 200 francs, offerte par l’Union des Commerçants du Havre, a été attribuée à M. Lemerre, Èomme, étant le propriétaire de l’appareil ‘le plus confortable, ayant pris part à la compétition.

    L’absence de la courageuse Lady Heath fut unanimement regrettée et le Maire, M. Lang, chargea le- Capitaine Broad de lui remettre, au nom de la Ville du Havre, une magnifique gerbe de fleurs.

    Le retour au Bourget.

    Bien avant huit heures, le vendredi matin, tous les appareils étaient sortis du hangal, Les «  pleins » ont été faits de la veille; au Havre, comme d’ailleurs à toutes les autres escales, les services de la Vacuum Oil, alertés, ont fait diligence et, grâce à cette remarquable organisation, plusieurs concurrents se sont trouvés débarrassés d’un grave souci. Néanmoins, pour la dernière étape, une promenade de moins de 200 kms, cependant, les concurrents ne veulent rien laisser au hasard.

    On croirait aussi remarquer une sorte d’impatience générale à gagner la capitale.

    à jouer la dernière carte du jeu !

    Dès que le signal du départ est donné, Lemerre s’envole le premier, bientôt suivi par Rouyer et Percival, qui décollent presque en même temps, à 8 h. 12. Lusser part à son tour, à 8 h. 14 et le capitaine Broad à 8 h. 23. Ce dernier départ devait nous ménager une surprise. En effet, sept minutes après, le « Moth-Gipsy » revient sur le terrrain. L’appareil est rentré dans le hangar; on ausculte le moteur. C’est sérieux ; la pompe à. huile ne fonctionne plus et laréparation, trop longue, ne permettra pas à Broad de gagner Le Bourget dans les limites requises. Cet incident va lui coûter la seconde place, car il est « serré » de près par son compatriote Percival.

    De bonne heure, au Bourget, plusieurs groupes se formaient, où on discutait ferme, tout en a espérant » les sélectionnés du concours. Ce fut l’Avro-Avion du capitaine Percival qui, à 9 h. 43, se posa le premier.

    Vivement félicité par un groupe de compatriotes et en particulier par l’attaché de l’Air britannique, le major Smyth-Pigott, le bon pilote apprend alors,* avec une heureuse surprise, que son concurrent direct, dans l’impossibilité de repartir, lui laisse la deuxième place du classement général.

    Les effusions que provoque cette nouvelle ne sont pas encore calmés que, à 10 h. 5, arrive Lemerre, dont la tenue élégante est maintenant célèbre dans toute la France. Le beau monoplan Guerchais-Anzani est aussitôt entouré. Son pilote est fleuri, puis congratulé. Les spectateurs admirent la propreté du moteur et du véhicule aérien à leur retour d’une aussi longue randonnée. Quelque vingt-cinq minutes se passent en bavardages et voici un autre concurrent français, l’excellent Rouyer, dont !e Caudron-Salmson a bravement tenu le « coup », malgré la lourde charge que ses modestes quarante chevaux ont eu à transporter.

    Puis Rouyer est à peine posé que le fin monoplan Klemm apparaît à l’horizon. De gracieuses- évolutions et le vainqueur du concours atterrit dans un très beau style. Tout souriant, Lusser est extrait de la carlingue, puis hissé triomphalement sur les épaules de ses compatriotes et amis.

    L’attente se prolonge un peu, car ce n’est : qu’à 13 h: 24 que Lady Heath arrive en dernier. Pour comble de malchance, elle a du, le matin même, changer son carburateur et procéder à un nouveau réglage.

    Une belle ovation salue son atterrissage; les officiels et les concurrents, ses amis et ses admirateurs ont tenu à féliciter tout particulièrement la charmante pilote, dont le « cran » et la sportivité sont unanimement reconnus. Au nom de l’A.F.A., on remet à Lady Heath une magnifique gerbe de fleurs.

    Le dernier tableau du concours des Avions légers se termina ainsi, en apothéose, sans que l’on eût le regret d’enregistrer le plus petit accident ou incident.

    Avant que les participants de cette « belle et utile manifestation ne reprennent le cours habituel de leurs travaux, l’A.F.A. les avait conviés à se retrouver une dernière fois, en un amical dîner. Ces agapes eurent lieu place Gaillon, dans les Salons Drouant.

    Notre ministre de l’Air, M. Laurent Eynac, retenu par la constitution de son département, était représenté par M. J’inspecteur général Grard ; y assistaient également : le major Srnyth-Pigntt, attaché de l’Air britannique; M. Claudius, attaché à l’ambassade d Allemagne, de nombreux confrères et, naturel tement, les pilotes, les constructeurs et les organisateurs.

    Après M. Cartier, qui félicita les concurrents, Lemctre, Scrnnir.g et Lady Heath remercièrent les organisateurs au nom des pilotes: M. l’Inspecteur Général Grard exprima aux dirigeants de l’A. F. A. tout l’intérêt présenté par les deux concours, qui se sont l’un et l’autre complétés, le concours de Vauville et celui d’Orly. Ces deux manifestations. a-t-il précié, ont vu le triomphe de la «  finesse » vers la recherche de laquelle, ainsi que le précisait dernièrement l’ingénieur Caquof, il faut résolument s’orienter. De chaleureux applaudissements saluèrent la nrroraison de M. inspecteur Général Grard. Et là-dessus, la soirée se termina fort agréablement en conversations très animées au cours desquelles de nombreux projets furent élaborés pour l’an prochain.

    Le classement.

    Voici, sous réserve d’homologation par la Commission sportive, ie classement définitif des concurrents du concours:

    1. — (N° 9). — Klemm. moteur Salmson 40 CV. Pilote: Lusser, 1.691 points.

    2. — (N° 18) — Avro-Avian, moteur Cirrus 85 CV. Pilote- Percival, 1.606 points.

    3. — ( 20) — de Havilland-Moth, moteur Gipsy 85 CV. Pilote: H-S. Broad, 1.581 points.

    4. — (N°25) — Avro-Avian, moteur Cirrus 85 CV. Pilote: Lady Heath, 1.520 pts.

    5. — (N° 1) — Caudron C. Joq, moteur Salmson 40 CV. Pilotes: Finat et Rouyer, 1.294 points.

    6. — (N° 10)Guerchais-Henriot, moteur Anzani 50 CV. Pilote: Lemerre, 1.055 points.

    7. — (N° 14) — Albert, moteur Salmson 40 CV. Pilote: Fisbach, 833 points.

    8. — (N° 4) — Caudron, moteur Salmson 60 CV. Pilote: Delmotte, 720 points.

    9. — (N° 3) — Caudron 161, moteur Salmson 60 CV. Pilote: Massot, 574 points.

    Il nous faudra revenir et nous y reviendrons, dès notre prochain numéro, sur les intéressants enseignements que l’on doit retirer de cettp belle compétition.

     

    Caudron C-113 F-AIUC, codé 6, prototype unique à moteur Anzani 6A-3 de 60 ch fut transformé en C-110 par montage d’un moteur Salmson 5Ac de 60 ch. © Collection Espace Air Passion, Angers.

    Sources des informations :

    Jacques Hémet

    BNF Gallica

    Hebdomadaire Les Ailes :

    en fait c’est 4 numéros hebdomadaires qui conscrent un article au concours des avions légers de 1928 :

    06 septembre 1928 page 1 et 2  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65546070/f1.item.r=Klemm
    13 septembre 1928 page 1, 2 et 15 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6554608d/f15.item.r=Klemm
    20 septembre 1928  page 8 ,9 ,11,14 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6554609t/f8.item.r=Klemm
    27 septembre 1928 page 11,12 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6554610g/f12.item.r=Klemm


    Le tour du Monde de Costes et Le Brix

    Départ du Bourget de Costes et Le Brix pour leur tour du monde

    Le 10 octobre 1927 à 9h45 Dieudonné Costes et Joseph Le Brix décollent du Bourget à destination de Saint-Louis au Sénégal à bord du Breguet XIX GR N°1685 emportant des lettres, des journaux, 600 kg. de fret pour l’etape suivante Buenos-Aires, et 2.800 litres de combustible. Le Breguet est dénommé « Nungesser – Coli »- en l’honneur des deux aviateurs disparus le 8 mai de la même année en tentant la traversée de l’Atlantique Nord d’Est en Ouest.

    Dieudonné Costes chef-pilote chez Breguet a une bonne expérience du Breguet XIX n° 1685 avec lequel, il a déjà réalisé plusieurs vols record de distance sans escale et sans ravitaillement :

    • Le 27 septembre 1926, avec le lieutenant René de Vitrolles comme navigateur, il effectue le vol Paris-Assouan, soit 4050 km , mais ils ne remporte le record de distance. Celui-ci a été battu par les frères Arrachart, le 27 juin 1926 en réalisant un vol d’une distance de 4 305 km entre Le Bourget et Bassorah (Iran).
    • Le 28 octobre 1926, avec le capitaine Georges Rignot comme navigateur il bat de record du monde de distance en réussissant un Paris-Jask (Iran), parcourant une distance de 5 396 km.
    • Le 4 juin 1927, toujours avec Georges Rignot en observateur, il tente d’améliorer son record en traversant l’Asie mais un problème mécanique le contraint à se poser à Tagilsk autour des Monts Oural en n’ayant parcouru que 4 640 km.

    Voici ce qu’en dit Dieudonné Costes dans le livre « Costes et Le Brix – Notre tour de la Terre «  »Bien qu’il ait l’âge de la retraite, le déjà glorieux Breguet XIX numéro 1685, devenu civil après une longue carrière militaire: Deux records de distance en ligne droite avec Girier et Dordilly (4700 km) puis Costes et Rignot (5400 km) – Voyageur infatigable, qui est allé montrer ses cocardes tricolores en Égypte, aux Indes et une seconde fois encore en Sibérie, totalisant 75000 kilomètres, – il ne peut se résigner à laisser remplacer ses trois couleurs par les disgracieuses lettres d’immatriculation. Ce serait une profanation. Il restera donc habillé en militaire comme un vieux soldat qui ne peut se décider à quitter l’uniforme. »

    Et c’était donc avant ce tour du monde…

    Dieudonné Costes, Jean-Jules Lacoste (Hispano-Suiza), Louis Breguet et Joseph Le Brix devant le Breguet XIX GR n°1685 « Nungesser – Coli » (collection privé René Brioux/Regis Jacquemin)

    L’itinéraire de la première étape était Bordeaux, Bayonne, Madrid, Rabat, la Mauritanie, le Rio de Oro, Saint-Louis, soit 4.300 Km. Louis Breguet et Jean-Jules Lacoste (Hispano Suiza) ont assisté au départ en compagnie des notabilités. françaises de l’Aéronautique. A l’arrivée, Jean Mermoz leur fait la surprise de les accueillir, une fois certain de leur départ du Bourget, il avait décollé de Toulouse pour pouvoir arriver avant eux à Saint- Louis.

    le 10 octobre1927 le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser – Coli » au Bourget prêt au départ pour un tour du monde (collection privé René Brioux/Regis Jacquemin)

    Voici le compte rendu de ce voyage qu’on peut lire dans

    La REVUE AERONAUTIQUE DE FRANCE, NOVEMBRE 1927 :

    Traversée de l’Atlantique-Sud-Paris-Buenos-Aires par une équipe nationale française

    sur le Nungesser – Coli, Breguet grand raid, Hispano-Suiza 600 CV, dont la cellule glorieuse a déjà totalisé environ 70.000 km., Costes et Le Brix se sont envolés du Bourget, le 10 octobre à 9 h. 45 emportant des lettres, des journaux, 600 kg. de fret pour Buenos-Aires, et 2.800 litres de combustible. L’itinéraire de la première étape était Bordeaux, Bayonne, Madrid, Rabat, la Mauritanie, le Rio de Oro, Saint-Louis, soit 4.300 Km.

    Avec les notabilités françaises de l’Aéronautique, MM. Breguet et Lacoste (NDLR : au nom d’Hispano-Suiza) ont assisté au départ, ainsi que M. de Alvarez, ambassadeur de la République Argentine, le colonel Pillotto, attaché militaire, MM. Ferreza, Muniz, de la mission brésilienne;

    Après un magnifique voyage de 26 heures, le Nungesser-Coli se posait à Saint-Louis (les mécaniciens Jean et Jousse l’y attendaient).

    Ils furent reçus par une foule énorme et félicités par les deux gouverneurs, celui du Sénégal et celui de la Mauritanie.

    Retardée par un terrain détrempé à la suite d’un orage, l’équipe française repartait le 14 et franchissant en 18 heures 30 les 3.200 km. de son étape au-dessus de l’Atlantique, se posait à 23 h. 40 (heure locale) sur le terrain de. Natal où l’attendait le gouverneur.

    Ainsi, l’Atlantique fut vaincu après bien des tentatives par une équipe françaisesur un appareil français dont les victoires ne se comptent plus. Le passé de Costes et de Le Brix est glorieux aussi. Leurs noms sont connus de tous, ils sont estimés et aimés.

    Le 16 octobre, le Nungesser-Coli quitta Pernanbouc et s’arrêta à Caravellas, à 750 km. au nord de Rio, sur un des terrains aménagés par Latécoère.

    Le 10 octobre 1927, le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » est sorti du hangar pour son départ du Bourget pour le Tour du monde 1

    Le 17, il arriva à.Rio à midi 43 (15 h. 43 de Paris).

    L’accueil fut enthousiaste de la part de nos amis Brésiliens, si disposés à acclamer l’Oiseau de France. Mais l’accident qui coûta la vie à trois aviateurs brésiliens qui venaient à sa rencontre arrêta la joie de Rio. Costes et Le Brix furent reçus par le Président de la République. A la même heure, en France, ils étaient tous deux inscrits au tableau puis nommés officiers de la Légion d’honneur.

    Partis de Rio-de-Janeiro le 19 octobre, Costes et Le Brix surpris par une tempête, durent atterrir dans l’Etat de Rio-Grande-do-Sul, à Pelotas (Brésil), non loin de la frontière uruguayenne. Enfin, le 20, après avoir tourné au passage au-dessus de Montevideo, capitale de l’Uruguay, escortés par deux escadrilles argentines ils arrivèrent à Palmas à 40 km. de Buenos-Aires. Là, les attendait M. Picot, ambassadeur de France, le colonel Cossinelli, chef de l’aviation militaire, les pilotes, dont quelques-uns avaient combattu en France, tel Almonacid, les aviateurs ou mécaniciens français fixés en Argentine.

    Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton

    Costes et Le Brix, officiers de la Légion d’honneur, ont bien travaillé pour la France. Ils ont trouvé le cœur 4e ces populations, nos sœurs latines ; ils ont été les fourriers magnifiques de la ligne postale France-Amérique du §ud. L’appareil avait déjà accompli :

    • Parîs-Omsk, sans escale et retour
    • Paris-Djask, sans escale.
    • Paris-Calcutta, et retour.
    • Paris-Tajilsk, sans escale et retour. Environ plus de 70.000 kilomètres.

    Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton
    Siège arrière du Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) en 2010 ©Xavier Cotton
    le Breguet XIX GR N°1685 « Nungesser et Coli » au Bourget prêt au départ pour un tour du monde (collection privé René Brioux)

    Source des informations

    • René Brioux
    • Regis Jacquemin
    • Notre tour de terre par Dieudonné Costes et Joseph Le Brix
    • Revue aéronautique de France novembre 1927 organe officiel de la Ligue aéronautique de France


    Baptême de l’air avec la S.T.A.R.

    Fokker F.VIIa F-AJUC (ex PH-AFG) de la Société de Transports Aériens Rapides au Bourget (Collection privée René Brioux)

    Nous sommes au Bourget à fin de l’été 1930. Comme chaque 1er jeudi du mois René Brioux (en costume clair sur la photo ci-dessus) délégué de la Ligue Aéronautique de France est chargé d’organiser pour ses membres une visite du Bourget et un baptême de l’air à bord des avions de la S.T.A.R.

    Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la Société de Transports Aériens Rapides, au Bourget (Collection privée René Brioux)

    Extrait de l’historique de la S.T.A.R. publié sur le Cercle Aéronautique Louis Mouillard : La Société de Transports Aériens Rapides (STAR), est une compagnie aérienne créée en mai 1930 filiale de la Société Nieuport-Delage, Gustave Delage en devenant directeur général, et Jean Denis d’Air Union comme chef-pilote.
    Son objectif est de faire du transport aérien à la demande et des liaisons rapides entre Paris et d’autres villes de France. Entre juin et septembre 1930, elle acquiert 7 Nieuport-Delage Nid-641(F-AJNO,NP, NU, QY, QZ, RA, RB ) et 3 Fokker F.VII a. (F-AJUB, UC, UD respectivement ex PH-AFF, FG, FH).

    Malheureusement en 1931, plusieurs accidents causant la perte d’un certain nombre de Nid-641 dont le F-AJRB* contribuent à la fin de la compagnie fin août de la même année. La société Air Union se met sur les rangs pour reprendre la S.T.A.R.

    Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la Société de Transports Aériens Rapides, au Bourget (Collection privée René Brioux)

    Accident du Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la S.T.A.R.

    D’après l’historique de la S.T.A.R. : Le 15 juillet 1931, la berline monomoteur Nieuport-Delage, type 641, n° 10, immatriculée F-AJRB, appartenant à la Société de transports aériens rapides (S.T.A.R.), s’écrase dans le brouillard, vers 11 h 30, lors de son approche sud du Col de Lus la Croix Haute (Drôme). L’appareil effectuait la liaison aérienne régulière Cannes- Paris avec escale sur le terrain d’aviation de Moirans, à proximité de Grenoble. Le pilote, Albert Bouthier, ainsi que deux passagers :Mlle. Aluta, connue dans le monde de la couture et de la peinture sous le nom d’Aline Chiffon et M. Arbeau, sont tués sur le coup; deux autres passagers sont commotionnés et transportés à l’hôpital de Grenoble: Mme. Soskins et M. Amon. Une vingtaine de mannequins appartenant à des maisons de couture parisiennes ont quitté Cannes à bord de trois appareils de la STAR, c’est l’un d’eux qui a été accidenté à Lus la Croix Haute.
    Sur les lieux de l’accident, un monument commémore la mémoire du pilote, et l’autre celle de ses deux passagers.

    Le pilote, le président de la ligue Aéronautique de France et René Brioux devant le Nieuport-Delage NiD-641 F-AJRB de la Société de Transports Aériens Rapides, au Bourget (Collection privée René Brioux)
    Le tout se terminant par une flûte de champagne pour fêter la journée passée au Bourget. (Collection privée René Brioux)

    Source des informations :


    Verrons nous revoler le Lockheed 1049 HB-RSC sous pavillon allemand?

    Lockheed 1049 Super Constellation « Star of Switzerland » (HB-RSC) au Salon du Bourget 2013 ©Xavier Cotton

    Depuis la décision de Bretling d’arrêter toute opération de sponsoring aéronautique, les chances de revoir voler un jour le Lockheed 1049 Super Constellation « Star of Switzerland » (HB-RSC) étaient minimes , d’autant plus qu’il y a des des travaux de restauration importants à réaliser en particulier sur les ailes. Et malgré tout la bonne volonté du comité de direction de « La Super Constellation Flyers Association » qui gérait jusque là le quadrimoteur, l’argent nécessaire n’a pu être collecté. Mais, « La Super Constellation Flyers Association » à annoncé le 7 juillet que le « Star of Switzerland » était racheté par un groupe d’investisseurs allemands qui possède déjà plusieurs avions de collection. Le « Star of Switzerland » sera démonté et transporté par la route jusqu’à l’aérodrome de Bremgarten sa nouvelle base,


    Patrouille d’après guerre sur Stampe

    Pilotes de la  Patrouille sur Stampe à Rouen-le Madrillet après guerre (collection privée Michel Léveillard)

    Cette photo de la collection personnelle de MIchel Léveillard a été prise selon ses souvenirs à Rouen-Le Madrillet lors du « Premier Grand Meeting d’Après Guerre » en 1947. A l’arrière de la voiture, de gauche à droite on identifie avec certitude le Lieutenant Alain Michaux le Capitaine Roger Perrier et le Lieutenant Yves-Marie Kerguelen, Seul le pilote à l’avant droite n’est pas encore identifié avec certitude
    C’est seulement en 1946 que se reforme une patrouille acrobatique à l’école des « Moniteurs de Tours ». Prenant le nom de « Patrouilles de Tours », elle fut équipée de Stampe SV4 paris les deux cents exemplaires qui furent livrés à l’Armée de l’Air. Cet avion conçu avant la guerre, fut utilisé également par les plus grands pilotes civils de la nouvelle génération : Jean D’orgeix, Léon Biancotto, Fred Nicole, Reine Lacours, Monique Caillard etc. Divers moteurs sont montés sur le biplan a ailes décalées : moteur Renault 4 P et ses dérivés ou le moteur Mathis retenu spécialement pour la patrouille.

    La patrouille était commandée par le Capitaine Perrier un grand ancien de la patrouille d’Étampes d’avant guerre, il constitua sa première équipe avec le lieutenant Guido et le Lieutenant Michaux. En 1947, deux nouveaux équipiers seront formés : le Lieutenant Darbois et le Lieutenant Kerguelen ; La formation des équipiers s’effectuait ici en deux parties : dans un premier temps, ils devaient réaliser l’exécution parfaite de toute les figures de voltige en solo de façon à se donner une grande assurance dans toutes les positions de vol. Ensuite ils passaient à l’entrainement en patrouille répétant les mouvements jusqu’à produire une évolution parfaite. Pour conserver leur qualification de chasseurs, les pilotes de la Patrouille d’Etampes volaient également sur monoplace, en l’occurrence, des Yak 3 hérités du Normandie-Niemen ( jusqu’en mars 1948) puis des Dewoitine D.520  double commande hérités de l’école des moniteurs de Tours qu’ils sont allés chercher à Châteauroux (le 22 juin pour les trois premiers). En 1949, ils avaient encore  six D.520.

    Au mois d’août 1947, l’école des Moniteurs de Tours était dissoute et la Patrouille reprit son ancien nom « Patrouille d’Etampes en rejoignant la base du même nom, mais dès le 1er septembre 1948 elle changea à nouveau de dénomination et prit le titre de d’Escadrille de Présentation de l’Armée de l’Air N°58 (EPAA 58).

    Au cours de la saison de 1948 de nombreuses démonstrations eurent lieu tant en France qu’à l’étranger : Luxembourg, Charleroi, La Haye-Ypenburg, Bruges-Maldegem, Anvers. Trois patrouilles à trois furent ainsi constituées, composées d’anciens chasseurs de a guerre 39-45 sous les ordres du Capitaine Roger Perrier

    • Capitaine Roger Perrier
    • Capitaine Jean Louveau
    • Lieutenant René Darbois du G.C. I/3
    • Lieutenant Yves-Marie Kerguelen du G.C. I/2
    • Lieutenant Maurice Guido du « Normandie Niemen »
    • Lieutenant Amaury Monfort du G.C. I/8S/
    • Lieutenant Richard du G.C. I/2
    • Lieutenant Alain Michaux du G.C. III/6
    • Lieutenant Louis Le Flècher du G.C. « Alsace »
    • Sergent-Chef Roger Parodi du G.C. I/5

    Plus 3 individuels

    • Capitaine Marc Izaac de Kasba Tadia
    • Lieutenant Alain Le Guénnec du G.C. II/3
    • Aspirant Jacques Ménard du G.C. I/4

    Marcel Lapotre assis dans un Stampe de la patrouille lors de la manifestation organisée à Saint Martin Aux Buneaux le 29 août 1948 (collection privé e de Michel Léveillard)

    La patrouille se déplaçait souvent à quatre : trois pour la patrouille et un pour une démonstration individuelle. Alain Le Guennec jouait le plus souvent le rôle du pilote débutant « Ademaï » en décollant avec MS-315, comme s »il ne savait pas piloter et se mettant en mauvaise situation , bien sûr comme tout numéro de clown, tout était maitrisé du début à la fin.

    De 1948 à 1951 les patrouilles étaient ainsi constituées

    En 1948

    Perrier, Kerguelen, Darbois
    Michaux, Le Flécher, Parodi
    Guido, Montfort, Slt Richard

    En 1949

    Perrier, Kerguelen, Darbois
    Michaux, Le Flécher, Parodi
    Guido, Montfort, Ménard

    En 1950

    Guido, Montfort, Ménard
    Michaux, Darbois, Kerguelen
    Izaac, Le Flécher, Claveau

    En 1951

    Guido, Ménard, Montfort
    Izaac, Claveau, Darbois
    Kerguelen, D’Hulst, Charollais.

     

    Source des informations :

    Michel Léveillard

    Didier Lecoq : http://aeroplanedetouraine.fr/patrouille_etampes/

    La Patrouille de France présenté par l’armée de l’air dont le texte est de Daniel Doucet

     


    Avion des frères Wright au Mans en 1908

    Flyer III des frères Wrigth au camp d’ Auvours près du Mans en août 1908, l’homme à la casquette derrière le biplan est le constructeur automobile Hart O’Berg (collection Sophie Leblay)

    Sur cette carte postale ancienne qui m’a été prêtée, on peut voir le biplan Wright Modèle A modifié pour emporter deux personnes assises dont Wilbur Wright est venu démontrer en France en 1908, les qualités de vol. Ces démonstrations en vol font suite à un accord de licence sur le Flyer conclu avec la « Compagnie générale de navigation aérienne » du français Lazare Weiller sous réserve de performances et de formation de trois pilotes.

    le 8 août 1908, il effectue le 1er vol du Flyer en Europe  devant de nombreux journalistes et bien sûr des pionniers de l’aviation tel que Louis Blériot et Henri Farman.

    L’avion d’une longueur totale de 12,50 m est composé de deux plans superposés, à l’avant se situe le gouvernail de profondeur et le gouvernail de direction est à l’arrière. Le moteur à 4 cylindres délivre 28 CV et entrainent les deux hélices propulsives qui tournent en sens inverse.

    Ne manquez pas d’aller voir le  précédent article sur le sujet : http://www.passionpourlaviation.fr/2015/01/18/wilbur-wright-au-mans-en-1908/


    Voyage en Afrique de Dieudonné Costes

    Ces deux photos m’ont étés prêtées par Jacques Hémet malheureusement sans plus d’information sur les personnages et les circonstances. Mais grâce au sérieux et la grande culture aéronautique des participants de « l’Aeroforum histoire de l’aviation » (http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist/index.php) des réponses ont étés apportées aux différentes questions.

    Dans la revue « l’année aéronautique » (1931-1932) de L.Hirschauer  et Ch.Dollfus qu’on peut trouver sur BnF Gallica, voici ce que  ce qu’on peut lire aux page 233/234

    VOYAGE EN AFRIQUE par COSTES
    16 Février – 23 Mars 1932

    But

    Itinéraire de la mission aérienne accomplie par Costes et Schneider sur Breguet 27 Hispano-Suiza 500cv ©Espace Patrimoine Safran

    Étude d’un nouvel itinéraire pour la ligne France-Madagascar.

    Équipage

    DIEUDONNÉ COSTES, pilote ; JEAN SCHNEIDER, de la Cie Air Union,passager ; VÉRON, mécanicien.

    Matériel

    Avion sesquiplan Breguel 270, moteur Hispano-Suiza de 500 CV.

    Le Voyage

    16 février 1932, Villacoublay-Marseille ; le 17, Rome ; le 18, Naples; le 19, Tunis ; le 20, Tripoli ; le 21, Benghasi ; le 22, le Caire ; le 23, Ouadi Halfa ; le 25, Khartoum; le 25, Abecher ; le 7 mars, Fort Archambault ;
    le 23, Bangui ; le 31, N’ Guigmi ; le 2 avril, Bilma ; le 13, Djado; le 14, Fort Saint ; le 16, Tunis; le 17, Alger ; le 18, Oran; le 19, Séville; le 20, Madrid (trois escales dans cette étape par su

    ite du mauvais temps) ; le 23,
    Paris (le Bourget).

    La longueur de ce voyage est de 15.000 km.

    En conséquence l’inscription sur la camion « Societa benzin…. » et l’uniforme de l’officier indiques que nous sommes en Italie, la scène se situe donc soit le 17 février à Rome, soit le 18 février à Naples

    Quand à cette photo on peut la retrouver sur le diaporama n° 28 de Pierre Jarrige (http://www.aviation-algerie.com/) avec cette légende

    17 avril 1932 – Dieudonné Costes,
    accompagné de Jean Schneider et Véron, se pose à Maison Blanche en Bréguet 27 en provenance de Tunis. Il rentre d’une mission en Afrique pour le compte d’Air-Union en vue de l’implantation d’une ligne aérienne vers le Tchad par le Sud-Tunisien. Il avait rejoint à Abécher, le 28 février, la mission automobile du prince Sixte de Bourbon. Il est vu ici avec le Colonel Weiss à Maison-Blanche (L Afrique du Nord Illustrée)

    Publicité Breguet (collection privée Roger Gaborieau)

    Sources des information :

    Jacques Hémet

    Roger Gaborieau  BLEU CIEL diffusion : http://www.aviation-legere.fr/

    BnF Galica : http://gallica.bnf.fr/

    Aeroforum Histoire de l’aviation : http://www.aerostories.org/

    Le site de Pierre jarrige sur « l’aviation en Algérie de 1909 à 1962 « : http://www.aviation-algerie.com/

     


    Amiral Gago Coutinho : traversée de l’Atlantique sud en 1922

    l’Amiral Gago Countinho sur ce billet de 20 escudos émis par la Banque du Portugal le 4 octobre 1978  est un officier de la Marine portugaise, navigateur et historien.

    Au service de la Marine portugaise, l ‘Amiral Carlos Viegas Gago Coutinho (1869 – 1959) a parcouru le monde.  À partir de 1898, il se fait connaître pour ses cartes géographiques de délimitation des frontières des territoires d’outre-mer. Au cours de ses travaux, Gago Coutinho fait une traversée de l’Afrique. En 1921, il réalise avec Sacadura Cabral la traversée aérienne Lisbonne – Funchal (Madère).

    Entre 30 mars et le 18 avril 1922 , Gago Coutinho et  Sacadura Cabral réussirent la première traversée aérienne , de Lisbonne au Rocher de Saint Paul dans l’Atlantique Sud. Les rochers Saint-Pierre et Saint-Paul sont une douzaine de petites îles et rochers situés dans l’océan Atlantique, à environ 985 km au nord-est de la ville brésilienne de Natal. Ils font partie de l’État brésilien du Pernambouc.

    Le 30 mars 1922 au matin, le capitaine de frégate Sacadura Cabral, pilote, et le vice-amiral Gago Coutinho, navigateur, quittaient la baie de Lisbonne sur un hydravion Fairey F-3 à moteur Rolls-Royce de 360 CV ; l’appareil était d’un type de série modifié par l’adaptation d’une plus grande voilure et de flotteurs appropriés à la charge accrue de l’hydravion, qui pesait plus de 3 tonnes. En huit heures et demie, le Lusitania — c’était le nom du Fairey — gagnait Las Palmas. Retenus aux Canaries par le mauvais temps jusqu’au 4 avril, les aviateurs volaient ce jour-là, en dix heures, jusqu’à Saint-Vincent (îles du Cap-Vert), où la tempête les bloquait. C’était seulement le 18 qu’ils quittaient Porto Praïa, au sud de l’archipel, à destination de l’île Fernando de Noronha. Un ravitaillement avait été prévu au rocher Saint-Paul pour le cas où le vent contraire interdirait de couvrir sans escale les 2.500 kilomètres de cette rude étape; de fait, le Lusitania, ayant dû mouiller au rocher, fut saisi par les lames violentes se succédant par trois, bien connues des marins habitués à ces parages ; un flotteur céda, l’hydravion fut détruit.

    Un hydravion L’hydravion Fairey avec lequel Coutinho et Cabral entreprirent la première traversée de l’Atlantique-Sud, de Lisbonne à l’îlot Saint-Paul (30 mars-18 avril 1922)

    Le 11 mai, Cabral et Coutinho, en possession d’un second Fairey, repartaient de Fernando de Noronha, allaient virer sur Saint-Paul où leur voyage avait été interrompu, puis remettaient le cap sur la côte brésilienne; cette fois, une panne de moteur les obligeait à se poser en mer et, huit heures plus tard, un vapeur britannique recueillait l’équipage; l’appareil, lui, était brisé dans les efforts faits pour le prendre à bord.

    Le 5 juin, à bord d’un troisième hydravion, Cabral et Coutinho allaient de Fernando à Pernambuco ; le 17, ils mouillaient en rade de Rio de Janeiro.

    Cette liaison, malgré ses traverses, était un grand exploit de navigation aérienne; l’amiral Gago Coutinho, alors âgé de cinquante-deux ans, avait apporté dans l’entreprise toute son expérience de spécialiste en matière de géodésie et d’observations astronomiques ; des bombes à fumée pour la détermination des dérives, un sextant spécialement étudié et depuis lors répandu à travers les aéronautiques du monde, des tables d’observation minutieusement préétablies pour tout le parcours, tels avaient été les éléments d’une navigation enfin victorieuse.

    L’amiral Gago Coutinho ne devait pas cesser, depuis lors, de manifester le plus actif intérêt pour les traversées aéromaritimes au long cours; au début de 1931, il fut à bord du Do-X géant lorsque le grand Dornier à 12 moteurs alla, à son tour, de Lisbonne à Rio de Janeiro. Quant à Sacadura Cabral, il devait disparaître en mer, probablement dans la Manche, le 14 novembre 1924, alors qu’il convoyait un hydravion de Hollande au Portugal.

    Auteur : Charles Dollfus (Histoire de l’Aéronautique 1938)

    Comme reconnaissance de toute son œuvre, Gago Coutinho fut nommé directeur honoraire de l’Académie navale portugaise en 1926. Il se retira de la vie militaire en 1939. Il décède à Lisbonne en 1959.

    Sources des informations :

    Gallica.BNF.fr /Musée Air France

    Histoire de l’Aéronautique 1938 par Charles Dollfus et Henri Bouché

    L’année aéronautique 1922 par  Louis Hirschauer et Charles Dollfus

     


    Le Breguet « ? » de Costes et Bellonte à Hanoï

    Costes devant le « Point d’interrogation » à Hanoï ©Jacques Hémet

    Voici deux photos de sa précieuse collection que Jacques Hémet nous fait partager. Cette fois ci, le travail d’identification, de localisation et de situation dans le temps  est plus facile à réaliser, il s’agit de l’escale du « ? » à HanoÏ lors du vol retour entre Shangai et Paris après le record de distance réussi par Costes et Bellonte.

    Fin 1927,  dans son usine de Villacoublay,  Breguet construisit cinq exemplaires du BR-19TR (pour Transatlantique ) plus connu sous le nom de « Breguet-Bidon » en raison de son réservoir d’essence de 3 735 litres situé dans la partie centrale du fuselage. Trois de ces avions étaient équipés d’un moteur Hispano-Suiza 12 lb de 600 cv, un avec un Renault 12 Kg de 550 Cv et le dernier avec un Lorraine 12 Eb en W, de 450 Cv. Deux exemplaires supplémentaires furent construits sous licence en Espagne

    Le troisième et dernier BR-19 TR   à moteur Hispano fit son premier vol le 23 juillet 1928. Équipé d’une double commande et d’un poste radio dont l’indicatif était F-RANS celui-ci était destiné pour le vol Paris – New-York. Son nom de baptême, le « Point d’Interrogation » vient des nombreux problèmes techniques qu’il fallut résoudre lors de sa mise au point, mais il sera aussi connu par l’appellation « Le Rouge » en raison de sa couleur écarlate. Ses essais furent poursuivis jusqu’au 8 septembre 1928 soit une environ une trentaine d’heures de vol puis transformé en  type19 TF « Super-Bidon » par plusieurs modifications de structure afin de supporter une augmentation de volume du réservoir le portant à 5 370 litres. Il effectua son 1er vol le  29 mai 1929 et finit ses essais un mois plus tard.

    Le 13 juillet 1929, Costes et Bellonte décollèrent à bord du « ? » à destination de New York, mais arrivés par le travers des Açores, Costes constata une consommation exagérée de carburant causée par un fort vent de face, il prit la sage décision de faire demi tour se reposer à Villacoublay. Ils avaient tout de même parcouru 5 400 km.

    Entretien du moteur Hispano-Suiza 12Nb de 650 CV du « ? » à Hanoï ©Jacques Hémet

    En attendant une météo plus favorable sur l’ Atlantique-nord, l’équipage décida  de s’attaquer au record de distance en ligne droite, malgré l’arrivée prochaine de l’hiver une tentative en direction de la Chine fut préférée à un vol vers l’Afrique du Sud.

    Décollant du Bourget le 27 septembre 1929, le « ? » vola non-stop jusqu’à se poser à bout de carburant  dans un champ de la Mandchourie le 29 après un vol de 7905 Km. Le lieu d’atterrissage étant une zone de conflit entre l’URSS et la Chine, Costes et Bellonte, furent pris pour des espions communistes en raison de la couleur rouge de l’avion et incarcérés par les chinois. Le consul de France du intervenir pour qu’ils soient enfin libérés le 8 octobre. Costes et Bellonte redécollèrent le 14 octobre pour Moukden, Shangaï et Hanoï où ils séjournèrent plus d’un mois dans l’ attente des autorisations de survol pour le voyage de retour.  Ils ne redécollèrent que le 14 novembre avec un sac de 100Kg de courrier. Après avoir fait escale à Calcutta, Karachi, Alep, Athènes, et Rome, ils atterrissaient le 21 novembre au Bourget.

    Toujours avec « le point d’interrogation » Costes et Bellonte réussirent ensuite, les 1er et 2 septembre1930, la 1ere traversée de l’Atlantique Nord d’Est en Ouest entre Le Bourget et  Curtiss Fiel à New-York

    Après une tentative Paris-Japon de Codos et Robida le 11 septembre 1931, qui échoua en Allemagne sur panne moteur, le »Point d’interrogation » fut donné au Musée de l’Air où vous pouvez toujours l’admirer. Il porte sur le flanc gauche, sur une bande tricolore, la liste des villes escales, en particulier Hanoï, entre Shanghai et Calcutta.

    Caractéristiques du Breguet 19 TF  » Super Bidon »

    • Moteur : HIspano-Suiza de 650 Cv
    • Hélice : Bipale en bois Breguet série 123
    • Envergure 18,30 m
    • Longueur : 10,71 m
    • Hauteur : 4,08 m
    • Surface portante : 59,94 m2
    • Poids à vide : 1990 à 2190 kg
    • Poids total en charge : 5240à 6700 kg
    • Vitesse maximale : 250 km/h
    • Plafond : 6700m
    • Autonomie maximale : 9000 km

    Sources des informations :

    Jacques Hémet

    Le Fana de l’Aviation N°110 janvier 1979

    Docavia N°9 « Records français de distance, 19191-1939 par Jean Liron


    Présentations d’avions de la 1ère guerre mondiale le 11 novembre à Toussus-le-Noble

    Replique FOKKER DR 1 F-AZVD de Philippe CIEPELA

    Replique FOKKER DR 1 F-AZVD de Philippe CIEPELA ©Xavier Cotton

    Aujourd’hui 11 novembre sur l’aérodrome de Toussus-le-Noble

     

    • A 13h30, ouverture au public.
    • A 14h00, arrivée des derniers avions qui rejoignent ceux déjà stationnés sur le statique: Breguet XIV, Nieuport 28 et Sopwith Pup, Fokker Dr1 et Blériot XI.
    • Des maquettes, véhicules et objets d’époque en relation avec l’aviation de 14-18 seront exposés, ainsi que des panneaux sur l’as Pégoud, les femmes pilotes, les écoles militaires de pilotes, …
    • Fin de l’exposition à 16h00.

    Pour plus de renseignements  : http://aviation14-18.com/

     


    Moteur Rolls Royce Eagle VIII du Sopwith Atlantic

    Moteur Rolls Royce Eagle VIII 12 cylindres du Sopwith Atlantic exposé sur le toit du magasin Selfridges, dans Oxford Street  ©Jacques Hémet

    Moteur Rolls Royce Eagle VIII 12 cylindres du Sopwith Atlantic exposé sur le toit du magasin Selfridges, dans Oxford Street ©Jacques Hémet

    Une fois de plus, Jacques Hémet nous fait partager une des photos de sa collection personnelle et je l’en remercie. il nous propose un petit défit d’identification sur les circonstances de l’exposition de ce moteur Rolls Royce Eagle VIII. de 550 cv Mais c’est sans compter sur les qualités de fin limier des amateurs de l’histoire de l’aviation que j’ai le plaisir de croiser sur Aéroforum.

    Merci à Michael, Jean-Louis et Frank qui ont trouvé l’explication. Il s’agit du moteur de l’avion Sopwith Atlantic avec lequel Harry Hawker, chef pilote d’essai de Sopwith Aviation pendant la Première Guerre Mondiale et K.Mackenzie Grieve , officier de la Marine Royale ont tenté la première traversée de l’Atlantique Nord. Le 18 mai 1919, ils ont décollé de l’Aérodrome de Perle en Angleterre, mais malheureusement  après seulement 1,050 miles, une surchauffe du moteur les força à amerrir. C’est la canalisation du réservoir d’eau alimentant le radiateur qui a été étranglée suite à un choc provoquant la défaillance de celui ci.

    Les deux pilotes ont étés repêchés par le bateau danois SS Mary , le 19 mai 1919, mais ce bateau ne possédait pas de radio. C’est donc seulement le 25 mai qu’on a appris que Harry Hawker et Mackenzie Grieve, que tout le monde croyait morts, étaient bien vivants.

    Le Sopwith Atlantic n’a pas coulé et été repêché par le SS Charlotteville qui faisait route du Canada vers Danzig. L’épave a été ramenée en Angleterre et exposée sur le toit du magasin Selfridges, dans Oxford Street.

    Source des informations :

    Jacques Hémet

    Aeroforum : http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist/

    Les archives de Flight Global du 29 mai 1919 page 694 à 697

    « Our Atlantic Attempt » de H.G. Hawker et K. MacKenzie Grieve


    Guynemer le spadassin

    Le Spad VII S 254 tel qu’on pouvait le découvrir au Musée de l’air et de l’espace du Bourget il y a quelques années, présenté suspendu au plafond de la « Grande Galerie ». Un avion d’une valeur inestimable présentant la particularité d’avoir conservé son entoilage d’origine. (photo : Xavier Cotton)

    Le Spad VII S 254 tel qu’on pouvait le découvrir au Musée de l’air et de l’espace du Bourget il y a quelques années, présenté suspendu au plafond de la « Grande Galerie ». Un avion d’une valeur inestimable présentant la particularité d’avoir conservé son entoilage d’origine. (photo : Xavier Cotton)

    De tous les avions présentés dans la « Grande Galerie » du Musée de l’air et de l’espace du Bourget, au sein de l’exposition conçue pour témoigner des prodigieux progrès techniques qui furent réalisés par l’arme aérienne de 1914 à 1918, il en est un qui, plus que tout autre, retient l’attention des visiteurs : le Spad VII immatriculé S 254 aux couleurs de la SPA 3, aisément reconnaissable à la cigogne ornant ses flancs. Un appareil qui, pour avoir été piloté par Georges Guynemer en personne et lui avoir permis de remporter plus du tiers de ses victoires homologuées, est plus qu’un avion : une relique.

    Paris, 19 octobre 1917. Dans la cour d’honneur des Invalides, un avion trône, autour duquel s’agglutine une foule compacte de curieux. C’est le Vieux Charles de Georges Guynemer qu’on présente à la population, laquelle a été conviée à venir voir l’appareil (1). La mort du héros de la chasse française, disparu mystérieusement un mois plus tôt dans le ciel de Belgique, vient d’être annoncée par les journaux et l’heure n’est plus à la stupéfaction mais au chagrin. Et au recueillement. La France, toute entière, est en deuil, et pleure son jeune champion. Les Parisiens, eux, se déplaceront par milliers et auront tôt fait de transformer l’austère pavé de l’hôtel national en un parterre de fleurs.

    C’est cet appareil à la valeur inestimable qui, un siècle plus tard, est présenté parmi de nombreux autres (2) au Musée de l’air et de l’espace du Bourget, où il est exposé depuis 1987 après l’avoir été pendant un demi-siècle au Musée de l’Armée (3) puis à Salon-de-Provence, siège de l’École de l’air. Un avion « pas comme les autres » qui, s’il appartint à l’ « as Guynemer », est de surcroît celui qu’il pilota le plus longtemps – de février à juillet 1917 – et avec lequel l’as remporta le plus de succès : pas moins de dix-neuf victoires certifiées et onze probables. C’est notamment à son bord que, le 25 mai 1917, depuis le terrain marnais de la Ferme de Bonne-Maison, il réalisa le quadruplé de sa carrière, abattant deux avions en une minute puis remportant dans la journée deux victoires supplémentaires.

    Georges Guynemer à la mi-septembre 1916, posant devant le premier de ses SPAD VII, immatriculé S 115 « Vieux Charles VI ». Un appareil qu’il utilisa au combat pour la première fois le 27 août 1916 et qui fut détruit moins d’un mois plus tard, le 23 septembre, touché par un obus de la défense antiaérienne française. (photo : collection du musée de la BA 102)

    Georges Guynemer à la mi-septembre 1916, posant devant le premier de ses SPAD VII, immatriculé S 115 « Vieux Charles VI ». Un appareil qu’il utilisa au combat pour la première fois le 27 août 1916 et qui fut détruit moins d’un mois plus tard, le 23 septembre, touché par un obus de la défense antiaérienne française. (photo : collection du musée de la BA 102)

    Ce S 254 ne fut cependant pas l’unique Spad VII qui passa entre les mains de l’as, ce dernier, dans les faits, en ayant piloté… quatre. Son premier fut celui qu’il reçut dès la fin août 1916, immatriculé S 115. Un appareil qui, bien que de présérie, se révéla immédiatement supérieur au Nieuport 17 que l’as pilotait jusque-là, et qui, d’emblée, le séduisit : « L’avion est merveilleux. » (lettre du 28 août 1916). Pourtant, bien que rapide, robuste et piquant parfaitement, il s’avéra vite que l’avion souffrait d’un relatif manque de maniabilité par rapport à son prédécesseur ; surtout, son moteur Hispano-Suiza de 150 chevaux, dérivé d’un moteur initialement conçu pour les automobiles construites par la célèbre marque de luxe, révéla des problèmes de surchauffe qui demandèrent du temps avant d’être corrigés. Malgré tout, aux commandes de ce premier Spad, Guynemer remporta quatre victoires sûres, abattant deux Rumpler (4) et deux Fokker (5). « Vous avez vu que le Spad est baptisé. […] Quand je suis arrivé à 1 800 tours [en surpuissance] sur les quatre, ils ont été affolés par ce bolide. Et quand ils ont repris leur sang-froid et [le tir de] leur mitrailleuse, il était trop tard. » (lettre de Guynemer à l’ingénieur Béchereau relatant sa victoire du 4 septembre 1916). Malheureusement, le 23 septembre, ce biplan fut atteint par un obus tiré par la défense antiaérienne française et fit une chute vertigineuse de 3 000 mètres… dont le pilote sortit miraculeusement indemne (6). L’as des as de la chasse française perçut alors un nouveau Spad VII, immatriculé S 132, à bord duquel il remporta cinq victoires sûres supplémentaires. Fin décembre, il reçut son troisième avion, le fameux S 254, appareil figurant parmi les tout premiers exemplaires dotés d’un moteur surcomprimé fournissant un surcroît de puissance de 30 chevaux et permettant à l’appareil de franchir le cap des 200 kilomètres à l’heure en vol horizontal. Une livraison qui ne tenait pas du « hasard » : Georges Guynemer entretenait depuis août 1916 une correspondance soutenue avec Louis Béchereau, le « père » de l’avion, et, ayant mieux que quiconque perçu les « points faibles » du biplan, avait recommandé à l’ingénieur d’augmenter la puissance de l’Hispano-Suiza. Enfin, en juin et juillet 1917, l’as pilota le Spad VII S 413, qui lui permit d’ajouter cinq nouvelles victoires sûres et trois probables à son palmarès.

    Georges Guynemer à la mi-septembre 1916, posant devant le premier de ses SPAD VII, immatriculé S 115 « Vieux Charles VI ». Un appareil qu’il utilisa au combat pour la première fois le 27 août 1916 et qui fut détruit moins d’un mois plus tard, le 23 septembre, touUn avion fleuri à la manière d’un autel : le Spad VII S 254 tel qu’il était exposé autrefois, en l’Hôtel national des Invalides, au sein du Musée de l’Armée. Un écrin que la précieuse relique ne quitta qu’en 1969, pour être transférée à l’École de l’air de Salon-de-Provence. (photo : collection du musée de la BA 102)ché par un obus de la défense antiaérienne française. (photo : collection du musée de la BA 102)

    Un avion fleuri à la manière d’un autel : le Spad VII S 254 tel qu’il était exposé autrefois, en l’Hôtel national des Invalides, au sein du Musée de l’Armée. Un écrin que la précieuse relique ne quitta qu’en 1969, pour être transférée à l’École de l’air de Salon-de-Provence. (photo : collection du musée de la BA 102)

    Le Spad VII avait fait son premier vol en avril 1916, ayant à son bord le pilote d’essai Maurice Béquet (7). L’avion, qui consistait en un biplan à structure en bois presque entièrement revêtue de toile – seul l’avant étant en acier –, avait été conçu par Louis Béchereau, ingénieur en chef des ateliers de la firme aéronautique SPAD (8), « autour » d’un moteur aux performances prometteuses mis au point à la mi-1915 : l’Hispano-Suiza 8A, un huit cylindres en V de 150 chevaux à refroidissement par eau, que l’ingénieur suisse Marc Birkigt, fondateur de la célèbre marque automobile, avait modifié pour les besoins spécifiques de l’aviation. L’avion révéla immédiatement des capacités nettement supérieures à celles des chasseurs alors en service, que Georges Guynemer apprécia à leur juste valeur : excellente vitesse en vol horizontal comme en montée, robustesse de la structure permettant de plonger sans restriction de vitesse mais aussi stabilité, une qualité qui faisait du Spad VII une plate-forme de tir particulièrement efficace. Ces heureuses perspectives justifièrent que, dès le 10 mai 1916, une première commande de 268 appareils fût passée. Malheureusement, l’avion souffrant de « défauts de jeunesse », leur production dura plus que prévu et, fin 1916, à peine plus de deux cents Spad VII avaient été assemblés. Toutefois, lorsque les difficultés furent surmontées, plusieurs constructeurs se mirent à produire l’appareil sous licence, non seulement en France – où plus de trois mille appareils sortirent finalement des chaînes (9) – mais aussi à l’étranger (10). Dans les faits, malgré l’arrivée de chasseurs plus performants dès l’automne 1917, le SPAD VII demeura durablement dans les unités de chasse du front, au sein desquelles, en raison de problèmes rencontrés par son successeur immédiat, il joua un rôle de premier plan jusqu’à l’apparition au printemps 1918 du Fokker D.VII, chasseur allemand aux performances à peu près comparables. Il servit d’ailleurs sous de nombreuses couleurs : britanniques (le Royal Flying Corps fut le premier à le mettre en service), belges, grecques, italiennes (11), russes et serbes.

    Indéniablement, le Spad VII, appareil indissociable de l’épopée des plus illustres des héros de l’air de la Grande Guerre, marqua un tournant dans les progrès effectués par la chasse. « [Le Spad] changea complètement le visage du combat aérien. » déclara l’as des as René Fonck. Le tournant fut même si important que le Spad VII donna naissance à deux autres redoutables chasseurs d’avions : le Spad XII-Canon à moteur de 200 chevaux, né de la volonté de Georges Guynemer de doter l’aviation française d’un chasseur armé d’un canon, et, surtout, le Spad XIII, son véritable successeur, au moteur de 220 chevaux. Deux appareils indéfectiblement attachés au souvenir de l’as panthéonisé qui, son « avion-canon » se trouvant en usine pour y être réparé, s’envola le 11 septembre 1917 à bord à bord de son nouvel avion de combat, le Spad XIII n° S504 qui arbore le numéro 2 attribué à Guynemer dans l’escadrille, comme il l’avait fait les jours précédents… Pour une mission qui, cette fois, fut sans retour.

    Frédéric Lafarge, chargé de relations publiques et délégué au patrimoine historique de la BA 102

    Notes explicatives

    (1) : L’événement fut, entre autres, annoncé par le quotidien L’Excelsior, qui en fit sa une et titra : « Le « Vieux Charles », l’avion de Guynemer, est exposé aujourd’hui aux Invalides » (édition du vendredi 19 octobre 1917).
    (2) : Avions du hall n° 2 parmi lesquels figurent entre autres, pour ne citer que les appareils de construction française, un Voisin type III, un Caudron G3, un Nieuport XI et un Breguet XIV.
    (3) : Musée qui, à ce jour, en est toujours propriétaire, quatre-vingt-dix-neuf ans après l’avoir reçu à titre de don « de l’annexe du service des fabrications de l’aviation de Buc ».
    (4) : Victoires des 4 et 15 septembre 1916.
    (5) : Doublé du 23 septembre 1916.
    (6) : Si l’on excepte une légère blessure au genou, qui résulta d’un choc avec la magnéto d’allumage.
    (7) : Détaché des armées début 1916 en tant que pilote d’essai auprès de Louis Blériot qui l’affecta à la Société pour l’aviation et ses dérivés (SPAD), il se consacra au pilotage des Spad VII et de ses versions dérivées (les Spad dans les versions XI, XII et XIII) et réceptionna tous les modèles de Spad jusqu’en avril 1917.
    (8) : Pour « Société pour l’aviation et ses dérivés », firme aéronautique installée rue des Entrepreneurs à Paris (15e arrondissement). Acronyme « adapté » de l’ancienne « Société de production des aéroplanes Deperdussin » fondée avant-guerre par l’avionneur Armand Deperdussin, qui fut mise en liquidation à la suite de la retentissante arrestation de son fondateur (août 1913) et achetée par Louis Blériot.
    (9) : Par Grémont, les Ateliers d’aviation Janoir, Kellner et Fils, de Marçay, la Société d’études aéronautiques, Régy et Sommer.
    (10) : L’avion fut produit au Royaume-Uni et jusqu’en Russie.
    (11) : Raison pour laquelle le Spad VII fut également la monture de l’as des as italien Francesco Baracca.

     

    Le SPAD VII en chiffres

    • Motorisation : Hispano-Suiza 8A (150 ch) puis 8AB (180 ch)
    • Envergure : 7,82 m
    • Longueur : 6,08 m
    • Hauteur : 2,20 m
    • Surface alaire : 18 m²
    • Masse en charge : 705 kg
    • Vitesse maximale : 212 km/h
    • Plafond pratique : 6 200 m
    • Distance franchissable : 300 km
    • Armement : une mitrailleuse Vickers de 7,7 mm à tir synchronisé