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POTEZ-CAMS 141 et 160 sur la Seine en 1938

Photo S.N.C.A.N du POTEZ-CAMS 141 sur la Seine à Sartrouville en 1938 (collection privé René Brioux/Regis Jacquemin)

Parmi les nombreuses richesses qui se trouvent dans l’album photo de René Brioux (1899-1982) qui m’a été prêté aimablement par son filleul Regis Jacquemin, j’ai trouvé deux photos d’hydravion tamponnées au verso de la « Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord (S.N.C.A.N) » avec pour celle ci-dessus la description suivante « Hydravion Potez type 141 à l’eau, quadrimoteur Hispano-Suiza 12Y 26/27 de 960 CV «  (NDR :12Y26 en rotation inverse au 12Y27) . et pour celle ci dessous « Hydravion POTEZ 160 Vide, de face maquette de l’hydravion transatlantique Nord POTEZ 161 6 moteurs« . On retrouve les deux photos publiées dans le magazine « Aviation de l’espace Spécial Henri POTEZ 1er avril 1961

Le prototype CAMS 141 fut conçu dans les bureaux de l’équipe de Maurice Hurel qui était alors directeur technique aux Chantiers Aéromaritimes de la Seine (CAMS, société intégrée à Potez en 1933) situés à Sartrouville sur la Seine. Cet hydravion quadrimoteur de 25 tonnes équipé de moteurs Hispano de 960 chevaux, répondait à la spécification de la marine française de 1935 pour un hydravion de reconnaissance à long rayon d’action. Un marché d’état fut signé courant 1936 pour la livraison d’un seul prototype.

Sa coque est divisée en sept compartiments étanches entièrement métalliques et séparée de la voilure elle aussi métallique par une cheminée. L’appareil dispose d’une autonomie de vol de plus de vingt heures. Les éléments de sa structure sont réalisées à Sartrouville, puis convoyés par bateau à Caudebec-en-Caux (ancien emplacement des usines Amiot), pour y être assemblés et testés. Le 21 janvier 1938, l’appareil y effectue son premier vol avec aux commandes Maurice Hurel, assisté du pilote Yves Lantz assistés des mécaniciens Lambert et Vaubourdolle. Ce dernier réussit à décoller l’appareil au poids de vingt tonnes.

Entre temps Potez-CAMS est intégré à la S.N.C.A.N (Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord) issue du plan de nationalisation des constructeurs de matériel de guerre selon la lois du 11 aout 1936

En juillet 1938, le Potez-CAMS 141 immatriculé provisoirement FW-071 est convoyé en vol à Saint-Raphaël où il est armé et testé. Enfin il est réceptionné officiellement par la Marine nationale le 18 mars 1939, sous le nom de baptême d’ « Antarès ». Propulsé par quatre moteurs Hispano-Suiza 12 Y 26/27 de 860 ch et quatre hélices Ratier tripales métalliques à pas variable réversible à commande électrique, le Potez-CAMS est capable de voler une vingtaine d’heures à la recherche d’intrus, avec douze hommes d’équipage à bord.

Le Potez-CAMS 141 est mis en service en mai 1939 dans l’escadrille E8 basée à Lanvéoc-Poulmic où il est codé E8.4. Ne lui restant plus qu’ a effectuer un vol de longue durée pour clore les essais, il décolle le 30 juin 1939 à destination de Dakar qu’il atteint après un vol sans escale d’une durée de 17H25 soit une moyenne de 230 km/h sur près de 4 000 km.Il est de retour à Berre le 10 juillet suivant. Il effectue des missions de surveillance maritimes sur l’Atlantique. Le grand monoplan effectue sa première mission de guerre le 20 septembre 1939. Le 18 juin 1940 jour de l’appel à résister du général de Gaulle, l’appareil est en l’air ; il regagne la Bretagne le temps de refaire ses pleins d’essence et de gagner Port-Lyautey (Maroc). Des bandes jaunes et rouges, symboles des avions soumis au nouveau gouvernement de Vichy, sont peints sur les dérives et les moteurs en juillet. L’ «Antarès » est ensuite affecté à l’escadrille E4 de Dakar. Après le débarquement des Américains en Afrique du Nord, le Potez-CAMS 141 «Antarès » et son équipage tentent de rejoindre les Forces Françaises Libres. Le 2 juin 1943, il coule à la bombe le U-Boote Allemand U-105 au large de Dakar. Peu de temps après ne disposant plus de pièces détachées de rechange, l’appareil est réformé, après 1.300 heures de vol, au grand regret de son équipage, après avoir fait la preuve de ses qualités et de celles de l’appareil. Le 19 octobre 1943, l’Antares rallie sur 3 moteurs le le petit port d’Arzew (Algerie) depuis Port-lyautey pour y être désarmé et ferraillé


Maquette volante du POTEZ CAMS 160 en essai sur la Seine à n
Sartrouville le 20 juin 1938 (collection privée René Brioux/Regis Jacquemin)

Le dernier hydravion construit par Potez-CAMS fut le grand « liner » transatlantique type 161 qui répondait au programme dit de « l’Atlantique- Nord ». Ce programme ambitieux visait la fourniture d’un hydravion capable de franchir 6.000 km d’une seule traite malgré un vent contraire de 60 km-h et à une vitesse moyenne de 300 km-h. Pour mener à bien le projet, une maquette volante du Potez- CAMS 161 fut réalisée à l’échelle 1/2,6 aux similitudes aérodynamique et géométrique rigoureuses, tant dans les formes de coques, la cellule, le respect du centrage que la répartition de la motorisation la cellule. Cet élégant  » banc d »essais volant » de plus de deux tonnes de charge de plus deux tonnes de chargeLe dernier hydravion construit par Potez-CAMS fut le grand « liner » transatlantique type 161 qui répondait au programme dit de « l’Atlantique- Nord ». Ce programme ambitieux visait la fourniture d’un hydravion capable de franchir 6.000 km d’une seule traite malgré un vent contraire de 60 km-h et à une vitesse moyenne de 300 km-h. Pour mener à bien le projet, une maquette volante du Potez- CAMS 161 fut réalisée à l’échelle 1/2,6 aux similitudes aérodynamique et géométrique rigoureuses, tant dans les formes de coques, la cellule, le respect du centrage que la répartition de la motorisation la cellule. Cet élégant  » banc d »essais volant » de plus de deux tonnes en charge, construit principalement en bois , à moteur Train 44-01 de 40 ch de puissance nominale au sol, calculée pour une vitesse de plus de 220 km/h était présentée à la presse lors de son vol inaugural le 20 juin 1938. Après une démonstration de maniabilité à flot, Maurice Hurel l’arrachait à 15 h 45 du plan d’eau devant l’usine de Sartrouville, pour un vol local de quinze minutes entamant ainsi une longue série d’essais exploratoires de la formule.

Sources des informations

  • Les Ailes françaises – Les hydravions à coque deuxième partie
  • Pégase N°114 Juillet/ aout 2004 : revue de l’association des amis du musée de l’air
  • Les hydravions Potez par Gérard Hartman
  • Aviation : magazine de l’espace Spécial Henri POTEZ 1er avril 1961
  • Le Fana de l’aviation n°232 Mars 1989

Michel Bourreau pilote planeur 1938

Les stagiaires de vol à voile de Challes-les-Eaux au Fayet en juin 1947. De gauche à droite : René Branciard tout à gauche, places 4 et 6 Marguerite et Michel Bourreau, avant dernier Gérard Pierre, futur champion du Monde et tout à droite Louis Notteghem, la future âme de Saint-Yan, (collection personnelle famille Bourreau)

Michel, né le 7 juin 1918, passe l’année de ses 20 ans, à la fois ses brevets de pilote d’ avion de tourisme 1er et 2eme degrés à Poitiers et ses brevets A, B et C de pilote de planeur.au centre national de vol sans moteur de La Banne d’Ordanche (Puys de Dome)

C’est 10 ans plutôt que sa vocation pour le pilotage est née, lorsque son son père l’emmena voir le meeting aérien qui se tenait aux Renardières à Châtellerault, le 16 septembre 1928. Alors qu’il vient d’assister aux figures d’acrobaties aériennes, comme on disait à l’époque, réalisées par Michel Detroyat, récent pilote d’essai chez Morane-Saulnier, et répondant à la question de son père sur ce qu’il voudra faire plus tard, Michel Bourreau du haut de ses 10 ans, répond sans hésiter  » je serai pilote ». L’avenir lui donnera raison.

Happé par la guerre, il entre dans l’armée de l’air dès le 9 septembre 1939 comme élève-pilote. Basé à Marrakech, il obtient le 3 avril 1940 son brevet de pilote de chasse. Pendant sa période marocaine, il a l’occasion de voler sur NAA 57, sur Curtiss Hawk H-75 et sur Dewoitine D520, puis il intégre l’escadrille Lafayette chez les « Sioux » et se retrouve sur le terrain des opérations pilotant un P-47 Thunderbolt et ce jusqu’à la fin de la guerre en Europe. C’est avec avec le grade de lieutenant qu’il est rendu à la vie civile.

En 1947 au Fayet, Michel Bourreau assiste un pilote au départ dans un Nord 2000 (collection personnelle famille Bourreau)

Après guerre, Michel Bourreau s’inscrit au stage planeur de Challes-les- Eaux prévu du 7 juin au 7 juillet 1947. Il y réalise d’ailleurs son vol de 5h et son gain de 1000 m. Puis, au milieu du stage, il participe à l’expédition du Fayet qui a lieu du 15 juin au 15 juillet 1947. Il rends part au film « Vers le record » tourné au Fayet en 1947 dans lequel il pilote l’avion remorqueur. A noter que participait aussi à ce stage de juin 1947 Pierre de la Martinière, futur président de la Fédération Française de Vol à Voile (FFVV), de nos jours Fédération Française de Vol en Planeur (FFVP), récemment décédé.

En 1948, Michel Bourreau est retenu par le Service de l’Aviation Légère et Sportive (SALS) pour participer au stage d’entrainement qui aura lieu en juin, au Fayet, en vue de constituer l’équipe de France du concours international de vol à voile qui se tiendra à Samedan en Suisse du 18 juillet au 1er août. Il ne pourra pas s’y rendre car, la même année, il entre à Air France…

Michel Bourreau et son fils Jacques dans un Nord 2000 au Fayet en 1947 (collection personnelle famille Bourreau)

Michel Bourreau volera quasiment 50 heures sur une quinzaine de type de planeurs dont les planeurs suivant Avia, Castel, Caudron, Kranich, Emouchet et Meise.

Brevet planeur type C et carnet de vol planeur de Michel Bourreau (collection personnelle famille Bourreau)

Brevets, numéro et date d’obtention des brevets avion de tourisme et planeur :

  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 1er degré N°10-260 le 28/03/1938
  • Brevet de pilote d’avion de tourisme 2eme degré N°10-260 le 11/10/1938
  • Brevet de planeur A N°343 22/08/38
  • Brevet de planeur B N°343 23/08/38
  • Brevet de planeur C N°343 03/04/38

Autres articles sur Michel Bourreau

Sources des informations


LATÉ 302 « Mouneyrès » en rade de Brest en mai 1938

Laté 302 « Mouneyrès » en rade de Brest 1938 ©Michel Quillien 
Mon ami Michel Quillien m’a fait parvenir ces photos originales d’un Hydravion prise en rade de Brest en 1938 en compagnie du contre-torpilleur « Le Terrible ». Avec l’aide des historiens d’Aéroforums (Lucien Morareau, Henri Marty et BS le pélican), nous somme arrivés à la conclusion qu’il s’agit du Laté 302 « Mouneyrès » (N°1023) alors basé à Lanvéoc-Poulmic sur la presqu’ile de Crozon. Celui ci faisait parti de l’escadrille d’exploration E4 qui regagna Lanvéoc-Poulmic en mai 1938 après un séjour à Berre et y demeura jusqu’en août 1939 où elle fut affectée à Dakar. Elle avait dans ses rangs, les Laté 302 « Guilbaud », « Cavelier de Cuverville » et « Mouneyrès » baptisés ainsi en l’honneur de  trois pilotes officiers de l’Aviation maritime disparus en mer (1). Malgré leur vétusté et l’usure prématuré de la toile des voilure due au climat et des coques qui avaient tendance à se couvrir de mollusques qui pénétraient les couches d’enduit et se fixaient directement sur la tôle d’aluminium, les trois Laté 302 continuèrent d’accomplir leur missions d’explorations à Dakar, effectuant chacun environ 1000 heures de vol  jusqu’en 1941 où ils furent réformés (le Cuverville en avril, le Guilbaud en juin et le Mouneyrès en novembre)
Laté 302 « Mouneyrès » derrière le contre-torpilleur « Le Terrible » ©Michel Quillien

Concernant la photo ci-dessus on peut en déduire les informations suivantes :

  • Le déploiement du pavillon de poupe indique une direction du vent qui peut avoir deux sens, mais dans les deux cas, il vient de tribord et même de tribord avant. On distingue un petit clapot, donc le vent est faible < 15 kts.
  • Le « flou » des hélices pourrait laisser penser que les moteurs tournent et que l’appareil avance, (ligne d’écume devant les nageoires), donc il n’est pas remorqué. La ligne claire partant du bas gauche de la photo et allant vers la poupe ne doit pas être une remorque, car la sécurité du personnel stationnant dans cette zone ne serait pas.
  • Tout l’équipage portent la coiffe bleue, les marins à pompon sont en bleu de chauffe et les gradés à casquette, en bleu de drap.
  • Dernière constatation sur la date, à partir du 1er mai, on arborait la coiffe blanche et on quittait le « jersey », les deux marins (André Quillien et Marcel Le Bars) à la poupe le portent encore, zone sombre à l’encolure. la photo a dû être prise en France et avant le 11 mai.
Laté 302 « Mouneyrès » aux abords du contre-torpilleur « Le Terrible » ©Michel Quillien

Caractéristiques générales du Latécoère 302 :

Hydravion sesquiplan quadrimoteur à coque méttalique
Envegure 44 m

Longueur : 26,15m
Hauteur : 7,98m
Motorisation : 4 x Hispano-Suiza 12 Ydrs.2 de 930 Ch
Hélices : Ratier tripale à pas variable en vol
Poids à vide : 13, 9 T
Poids max : 23, 7 T
Vitesse max en vol 235 km/h
Vitessse de Croisière : 160 Km/h
Rayon d’action : 3 100 km
Plafond pratique 3 500 m
temps de montée à 3 500 m : 45 minutes
Temps de décollage : 24 S
Équipage : 10
Armement : 4 bombes G2 (75Kg) ou 12 (150 Kg), 4/5 mitrailleuses Darne 7,5 mm(armement d’aile non monté)

(1) Le Lieutenant de Vaisseau Hervé Mouneyrès s’est perdu corps et bien au dessus de l’Atlantique Sud en tentant la traversée sur un Farman Goliath le  mai 1927.
Le Capitaine de Corvette René Guilbaud et son second, le Lieutenant de Vaisseau Albert Cavelier de Cuverville ont disparu le 18 juin 1928 à bord du Latham 47 qui se portait au secours du dirigeable italien « Italia » au pôle nord.

Sources des informations : 
Michel Quillien
Aéroforum : http://www.aerostories.org/~aeroforums/
Les Ailes Françaises : Les hydravions à coque 1ere partie
Poste des choufs : http://www.postedeschoufs.com/


Paul Legastelois pilote-representant

Paul Legastelois, organisateur de la croisière bleue ©Anseaume

À priori, rien ne destinait Paul Legastelois, à faire carrière dans l’aviation.
Son père, fils de petits paysans, devenu notaire, officiait à Sourdeval, dans la Manche. C’est là que Paul est né, en 1905.  Suivant les traces paternelles il avait fait l’école de notariat de Paris et avait commencé à travailler comme clerc dans l’étude de son beau père, lui aussi notaire, à Saint Lô.
Mais cette vie si étroitement rangée ne lui convenait pas et, s’il n’en dit mot, son organisme réagit bientôt par de fréquents évanouissements. Consulté, le médecin déclara que « ce jeune homme n’était pas fait pour la vie de bureau et devrait vivre « en plein air ».
Le conseil de famille se réunit autour de Paul et de sa jeune épouse pour réfléchir aux issues possibles. On ne sait comment la discussion se termina sur cette conclusion : deux professions permettraient à Paul de vivre au grand air : paysan ou aviateur !
–    Paysan ?  s’exclama Paul. Jamais ! Je serai aviateur.

Paul Legastelois devant son premier Caudron Luciole F-ALSJ en 1932 à occasion de sa participation au second Tour de France des avions de Tourisme ©Legastelois

Nous sommes alors en 1930. Laissant sa famille à Saint Lô, Paul part à Paris où il passe rapidement son brevet de pilote. Ce document en poche, il va trouver René Caudron, l’un des pionniers de l’industrie aéronautique française, pour lui demander une place de pilote-représentant.
« Jeune homme, lui répond Réné Caudron, je veux bien vous embaucher, mais à condition que vous achetiez l’avion avec lequel vous travaillerez … et avec lequel vous vous tuerez certainement ! »

Paul Lagastelois avec une passagère devant son Caudron Luciole F-ALSJ à Lyon-Bron en 1932 ©Legastelois

Accord conclu. Paul emprunte de l’argent à son beau-père, achète un Luciole et bientôt sillonne la France, présentant son biplan dans les meetings aériens. Il manifeste vite de réels talents de vendeur que René Caudron apprécie fort et poursuit jusqu’à la guerre une carrière où se conjuguent commerce et pilotage. Pour le travail et pour le plaisir : Paul participe ainsi en 1932 au deuxième Tour de France des avions de tourisme avec son Caudron Luciole (F-ALSJ) se classant à la 22 ème place sur les 47 concurrents classés à l’arrivée, 14 ayant terminé 1er ex-aequo, puis au Rallye du Hoggar en 1938 aux commandes d’un Farman 403 (F-ANPX). 
Une panne de moteur le contraint à l’abandon à In Salah.

Paul Legastelois en panne à In Salah avec son Farman 403 F-ANPX ©Legastelois

En 1939, mobilisé dans l’armée de l’air comme pilote-instructeur, Paul est affecté à la base aérienne de Caen. La naissance de son quatrième enfant le rend à la vie civile quelques mois plus tard.Il n’est plus question de vendre des avions de tourisme pendant la guerre. Paul monte un garage où l’on adapte les voitures au gazogène. Mais dès 1945, il retrouve le milieu de l’aviation et crée à Neuilly l’Agence aéronautique Legastelois, qui vend des avions de tourisme, puis de transport, et la société « Tout pour l’avion » qui fournit à ses clients des pièces détachées. C’est l’époque où la SCAN lance sur le marché le Norécrin un petit bijou dont Paul devient vite le vendeur quasi exclusif. Il en expose un exemplaire au premier salon de l’aviation de l’après guerre qui se tient sous la coupole du Grand Palais à Paris en novembre 1946.

Les Norécrins réunis à Tunis lors de la croisière bleue de 1948 ©Anseaume

En 1948, pour promouvoir ce si joli monoplan à aile basse et train rentrant, il organise, avec le soutien de la SNCAN, La « Croisière bleue » : 22 Norécrins font le tour de la Méditerranée : Toussus-le-Noble, Naples- Tunis- Bône – Alger – Boufarik – Oran – Rabat – Marrakech – Agadir – Casablanca – Tanger – Porto – Biarritz – Tours Toussus-le-Noble.

Paul Legastelois est alors président de la chambre de commerce de l’aéronautique.

Avec la période de l’après guerre le marché de l’aviation connaît un développement considérable. Pour monter leur flotte, les nombreuses compagnies qui se créent dans toute l’Europe et dans les colonies, ont recours au gigantesque marché d’appareils d’occasion né des surplus militaires. « Tout pour l’avion » devient bientôt « Centravia ». Installée cité Canrobert, dans le 15è arrondissement de Paris, la société dispose d’un entrepôt sous douane pour les pièces de rechange. Quand à l’agence aéronautique Legastelois, elle ne vend plus seulement des Norécrins et autres appareils de tourisme, mais des Dragons rapides Dehavilland, et bientôt des Douglas DC3 « Dakota », voire même un DC4 que Paul va acheter aux Etats-Unis pour le compte d’un client.  L’agence est le représentant en France du constructeur britannique Auster.

La guerre d’Indochine a créé un nouveau marché. L’armée de l’air y est en effet peu présente et les missions de ravitaillement des postes isolés sont confiées à diverses petites compagnies civiles. Le Dakota est l’avion idéal.  Paul fait, à l’époque, de fréquents séjours à Saïgon. La compagnie Aigle Azur est l’un de ses principaux clients.

A Paris, l’Agence et la société Centravia connaissent des années prospères. Paul emploie une dizaine de collaborateurs, dont une femme extraordinaire : Miss Roy Mary Sharpe, squadron leader dans la RAF pendant la guerre.

La fin de la guerre d’Indochine, puis l’indépendance de l’Algérie sonneront le glas de ce flux commercial. Dans le même temps, les grandes compagnies se sont développées au détriment des petites. Elles achètent désormais de plus en plus d’appareils neufs. En 1958 Paul dissout la société Centravia et, peu après, met fin aux activités de l’agence. Il s’installe dans les Alpes Maritimes où il entame une carrière d’agent et de promoteur immobilier.

De L’accident qu’il eu avec son Caudron Luciole, Paul Legastelois s’en tirera juste avec le nez cassé ©Legastelois

La page de l’aviation est alors tournée pour Paul Legastelois, mais elle n’est certes pas effacée de la mémoire de ses enfants. Comment, en effet, oublier le plaisir de ces dimanches passés  au bord de la piste, à Toussus-le-Noble ou Guyancourt, les salons de l’aviation du Bourget, le baptême de l’Air donné par son propre père, les récits de vols passionnants, voire d’accidents dont Paul eut la chance de se tirer sans autres conséquence qu’un nez cassé … « J’ai la baraka » disait-il en évoquant aussi ces deux avions de ligne qui s’écrasèrent et dans lesquels il aurait dû se trouver si un imprévu ne lui avait fait manquer le départ.

Paul Legastelois est mort, à Vence, le 24 décembre 1977.

Jean Legastelois

Accident d’autogire à Rouen en 1938

(photos collection privées Michel Léveillard)

Le 29 mai 1938, l’aéroclub de Normandie organisait son meeting annuel dans le cadre des fêtes Jeanne d’Arc présidées par Édouard Hériot sur le terrain de Rouen-Rouvray (Le Madrillet).
Le pilote Vautier (à l’arrière) devait présenter l’autogire Cierva C30A (F-AOIO) au cours du meeting. Afin de rappeler le meeting aux Rouennais, l’appareil fit un tour sur la ville emmenant avec lui comme passager le président de l’aéroclub de Normandie, Louis Antier. L’enquête n’a pas révélé ce qui s’est passé pendant la phase d’atterrissage, mais l’appareil s’écrasa dans les sapins qui bordaient le terrain. Le pilote fut éjecté et légèrement blessé, mais Louis Antier fut emmené dans le coma à l’hôtel dieu ou il décéda une heure plus tard. Pour honorer leur président une stèle fut érigé au bout du hangar des avions et face à l’Aéro-Bar qui abritait le siège du club (commune de Grand Quevilly). En 1968 le terrain du Madrillet fut fermé pour laisser place au parc des expositions, le club et toutes ses activités furent transférées sur le terrain de Rouen-Boos. La Stèle resta en place jusqu’à la construction du Zénith. Depuis,elle a été déplacée et aujourd’hui se situe en face du terminus du bus n°12.