L’Oiseau Canari (F-AJGP), est un avion français de grand raid, qui fut baptisé ainsi à cause de sa couleur. Cet avion, dérivé du Bernard 191, a réalisé la première traversée française sans escale de l’Atlantique Nord dans le sens Ouest-Est en 29h22min, les 13 et 14 juin 1929, piloté par Jean Assollant, René Lefèvre et Armand Lotti, et au passage pour avoir parcouru le plus long trajet au dessus d’un océan. Il est aussi connu pour avoir transporté le premier passager clandestin lors de la traversée, Arthur Schreiber. L’Oiseau Canari est maintenant exposé au Musée de l’Air et de l’Espace sur l’aéroport de Paris-Le Bourget . Ci-dessous vous pouvez lire comment fut raconté cet exploit dans le fameux journal hebdomadaire de la locomotion aérienne « Les Ailes »
Les Ailes n°418 20 juin 1929
Un bel exploit de l’aviation française :
Assollant, Lefèvre et Lotti ont traversé l’Atlantique
Pour la première fois, un équipage et un matériel français ont réalisé la traversée de l’Atlantique.
C’est un exploit sportif dont nous nous réjouissons qui fut accompli en vingt-neuf heures à la belle moyenne de 190 kilomètres à l’heure.
Le 12 juin, On apprenait d’Old Orchard que les deux avions transatlantiques « Oiseau Canari » et « Flamme verte » se préparait à un départ imminent avec les destinations respectives de Paris et de Rome.
Le soir de ce même jour, le Dr James H. Kimball, chef du bureau météorologique de New-York annonça aux équipages que les conditions atmosphériques semblaient exceptionnelles sur l’Atlantique et que le régime des vents d’ouest dominait.
Le lendemain, le Bernard-Hispano « Oiseau-Canari » était complètement équipé avec 3.670 litres d’essence dans ses réservoirs. Jean Asssolant, le pilote, René Lefèvre, le navigateur et Armand Lotti, le chef de mission, attendait l’instant favorable. Ce moment se présenta peu après 10 heures. Après avoir roulé deux à trois kilomètres sur le sable dur de la plage, assollant réussit à arracher l’avion à la limite des vagues. Il était alors 18h8 (heure américaine) ou 15h8 heure de paris (sic). L’appareil pesait 5.780 kilos et avait une surface portante de 43mq, ce qui donnait une charge de 134 kilos au mètre carré et de près de 10 kilos au cheval (ces chiffres ont étés fournis par l’équipage à la fin de sa randonnée).
De leur coté, les Américains Williams et Yancey, pilotes du Bellanca « Flamme Verte » tentèrent de prendre leur vol peu après le départ de l’équipage français. Il ne purent décoller. Trop lourdement chargé leur avion s’enlisa, et fit un cheval de bois, se coucha sur l’aile gauche et se brisa, sans aucun mal pour les occupants, après un parcours de 700 mètres. Pendant ce temps, le Bernard, après avoir pris 150 mètres d’altitude, vira sur la plage et piqua vers le large en direction de l’est. Il était accompagné par un hydravion garde-côtes qui, dix minutes après le départ, annonça par radio que tout allait bien et que l’avion français marchait à bonne allure à 300 mètres de hauteur. Au bout de 40 minutes, l’hydravion revint à Old Orchard
Dès cet instant, Assollant, Lefèvre et Lotti étaient seuls sur l’océan. Seuls? Pas tout à fait. Ils avaient bien emporté un passager en la personne d’un crocodile-enfant, long de 30 centimètres et répondant au doux nom de Rufus, mais qui n’était pas leur seul compagnon. Quelques minutes après avoir quitté la terre américaine, Lotti se trouva face à face avec un passager clandestin Nommé Arthur Schreiber, qui ayant lu trop de romans d’aventures, avait pensé que le meilleur moyen de gagner gloire et argent consistait à traverser l’Atlantique en avion. C’était ce jeune aventurier qui après s’être dissimulé dans le fuselage, venait de faire une soudaine apparition. Le premier contact fut assez froid, car ce poids supplémentaire risquait de compromettre la traversé. Deux solutions étaient possibles : le jeter par dessus bord ou le conserver. La première ne fut même pas envisagée, empressons-nous de le dire, et ce fut la seconde qui triompha après que Lotti, homme parfais, eût fait signer un contrat par le noble Arthur, à seule fin de réserver les droits pleins et entiers de l’équipage pour les bénéfices possibles de la randonnée. Diverses versions ont été présentées au sujet de la présence d’Arthur Schreiber à bord de l' »Oiseau Canari ». En particulier on a insinué qu’il n’est monté à bord de l’avion qu’au vu et au su de l’équipage auquel il avait rendu quelque service, en ce qui concerne particulièrement le mariage d’Assollant. Nous avouons préférer la version romanesque et dramatique qui fut fournie par Lotti lui-même.
A bord la vie s’organisa rapidement. Asssolant était au poste de pilotage, Lefèvre traçait la route, Lotti manipulait le poste de T.S.F. qui émettait sur 600mètres avec l’indicatif F.A.X. et Arthur apprivoisait le crocodile qui commençait à regretter sa lagune natale.
Une heure après le départ, à 11 h. 15 (heure américaine), le Bernard-Hispano était aperçu par le gardien du phare de l’île Martinicus. L’altitude était toujours de 300mètres.
Le chemin choisi par Lefèvre divisait l’Atlantique en en trois sections. Dans la première, l’appareil faisait route vers le Sud-Est jusqu’au 41° parallèle; Puis, remontant vers le Nord-Est, l’équipage passait franchement au nord des Açores et enfin piquait sur Saint-Nazaire, point choisi pour toucher la Terre de France. Le premier changement de cap devait être effectué après dix heures de vol de vol et le second après dix-huit heures. Les altitudes de vol devait croître régulièrement pour atteindre le palier de 4.000 mètres après vingt-cinq heures de marche. Cette Ligne de conduite fut respectée, et c’est ainsi qu’après trois heures de vol, le Bernard naviguait à 800 mètres; après dix Heures, il était à 1.200 mètres; au bout de quinze heures, il atteignait 2.000 mètres qui fut l’altitude moyenne de la majeure partie du voyage, avec quelques pointes à 2.500mètres; A la 21° heure, une brusque descente le conduisit à 500 mètres d’altitude, mais on peut dire que ce point fut l’altitude la plus basse enregistrée au dessus de l’Atlantique, si on excepte une abattée presque au niveau de la mer survenue à la troisième heure.
Ce pilotage, qui fut dur avec un avion lourdement chargé, montre bien toute la valeur d’Assollant qui prit les commandes la première journée jusqu’à 17 heures, se reposa vingt minutes, pilota toute la nuit, confia le manche pendant une demi-heure à Lefèvre, Le lendemain matin et, pendant les dernières heures, relaya tous les quarts d’heure son équipier.
Les premières informations concernant la marche du Bernard-Hispano furent fournies à 23 h 45 (heure de Paris), par le steamer Whiteville, qui rencontra l’avion à 1.400 kilomètres au Sud-Est du cap Race (Terre-Neuve)
Puis, dans la nuit, le 14 juin, à 2 heures du matin, le Rochambeau reçut un message, émanant de Lotti, et malheureusement brouillé, où l’on crut comprendre que par suite d’une forte dépense en carburant, l’équipage allait faire route vers le Portugal. Peu après, à 4 heures du matin, le steamer American-Farmer entra en liaison avec avec le Bernard. Tout allait bien à bord. On sut par la suite qu’Assollant, Lefèvre et Lotti avaient rencontré une zone de mauvais temps pendant la nuit et qu’ils avaient souffert de la pluie et du froid.
A 12 heures, à 1.100 km à L’ouest de la ponte de l’Espagne et à 1.400 km du Nord-Est des Açores, le vapeur Laconia entendit le bruit de l’Hispano. Le vent était du sud, avec de la pluie. A cet instant, l’avion était descendu à environ 2.000 mètres d’altitude, mais, caché par le rideau de nuages, les passagers du navire ne purent le voir.
Le dénouement de l’aventure était proche. A 6 H.30, la terre doit être en vue et l’avion perd rapidement de l’altitude. De 2.000 mètres il descend à 500 mètres, poursuivant sa route le long de la côte espagnole. Une heure et demie après, à 20 heures, on apprend son atterrissage sur la plage de Comillas, à 45 Kilomètres de Santander. Si, comme l’équipage l’a annoncé, il restait encore 300 litres d’essence à bord, on peut admettre que soit une avarie, soit la fatigue a conduit les vaillants pilotes à se poser sur l’accueillante plage espagnole. Néanmoins, le grand exploit était réussi, l’Atlantique avait été vaincu par un équipage français, avec du matériel français, un vol sans escale de 5.500 kilomètres avait été effectué en vingt-neuf heures de vol, à la remarquable vitesse moyenne de 190 kilomètres à l’heure.
Après ce vol magnifique, le retour en France paru laborieux pour les milliers d’enthousiastes qui attendait au Bourget. La journée du 15 se passa en ravitaillement et en réparations qui ne furent terminées que le soir à 19 heures. Le 16, à 6 h. 45 Assollant, Lefèvre, Lotti et Arthur Schreiber, accepté maintenant comme membre de l’expédition, quittèrent Comillas à destination de Cazeaux, mais ils durent atterrir sur la plage de Mimizan, 40 kilomètres avant d’arriver à leur étape. Il était 8 h. 35 . Le centre de Cazeaux, immédiatement alerté, envoya en reconnaissance, à 9 heures, le capitaine Fruchard, puis à 9 h. 30, l’adjudant-chef Laffargue avec, comme passager, le commandant Barès, décolla à son tour suivi, à 9 h. 40, de l’adjudant Dumenieu qui apportait le ravitaillement et le matériel de dépannage. La marée montante força l’équipage à haler son avion sur le haut de la plage, opération qui fut mené à bien de mulets et de madriers. Enfin, à 16 h. 51, la plage était redevenue libre, le Bernard-Hispano décolla de Mimizan, atterrit à Cazeaux à 17 H. 05, compléta ses pleins, repartit à 17 h. 50, traversa la France en bolide et, à 20 H. 44, se posa au Bourget au milieu d’un enthousiasme délirant… et bien mérité.
Décrire les manifestations de chaude sympathie qui accueillirent ces « forceurs de succès » sort du cadre que nous nous sommes imposés pour cette relation.
Qu’il nous suffise de dire que M. Laurent Eynac, MM. Mac Cracken, Lemarchand, Couhé, Norman, Armour, les colonels Poli-Marchetti, Antoinat et de nombreux autres eurent beaucoup de mal à apporter leurs félicitations à l’équipage heureux mais rompu, qui appartient maintenant à l’histoire Les Artisans du succès
Parmi les bons artisans du succès, on doit citer d’abord l’avion Bernard, œuvre capitale de Jean Hubert qui l’avait créé pour un vol transatlantique que devait effectuer Tarascon. Depuis cette époque et devant les qualités de l’appareil, Le Bernard-Hubert aux lignes élégantes a été choisi par de nombreux équipages qui voulaient tenter de grandes choses. L’âme de l’avion, ce fut le moteur Hispano-Suiza de 600 CV que l’on retrouve au palmarès de toutes les grandes traversées, celle de Costes, de l’Atlantique Sud, et aussi celle de Jimenez et Inglesias. Citons encore l’hélice métallique Levasseur, le Radiateur Chausson, les magnétos Scintilla, et enfin les essieux spéciaux de la Société Métallurgique de l’Ariège. »
Quel exploit!
Même si c'était dans le sens ouest-est, on parlera encore longtemps du Canari.
J'aurais une question, c'est un peu hors-sujet:
J'ai vu la liste des aéronefs présents au Bourget 2009. Je suis un peu déçu car il n'y aura peut-être même pas un seul avion de 5ème génération (la venue du F-22 serait annulée)
Il parait que c'est parce que c'estle 100ème anniversaire, le salon serait davantage tourné sur son histoire. L'exploit cité ci-dessus sera par conséquent sans aucun doute rappelé.
Je ne voudrais pas être trop hors-sujet, y aurait il un espace sur Passiondesavions pour discuter du salon du Bourget? C'est juste que je voulais savoir ce qu'en pensent les visiteurs, du salon de cette année.
Merci, @+
Je comprends ta déception par rapport au plateau du Salon du Bourget de cette année.
Sur "Passion pour l'Aviation" il n'y a pas de forum, mais je publierai quelques unes des photos que j'espère prendre vendredi 19, et il sera donc toujours possible de rajouter des commentaires.
j'espère que samedi tu seras quand même heureux du plateau
@+
Oh oui, certainement!
Tu penses bien, j'ai vu de nombreuses expositions et meetings aérien et ce sera pourtant mon premier salon du Bourget.
Les stands seront sans aucun doute très intéressants et d'y retrouver des connaissances ajoutera l'agréable à l'utile. Dommage que nous ne puissions pas nous croiser mais une prochaine fois peut-être.
Je comprends volontiers ta décision au sujet d'un forum. Je n'en ai pas voulu non plus car j'ai un ami blogger en Inde qui a eu non seulement beaucoup de travail mais aussi des problèmes car il y a toujours tôt ou tard des débordements et apparemment ce n'est pas facile de modérer certains posts qui sont parfois "sur la ligne" à peine en dedans voire à peine en dehors des clous.
Je reviendrai voir ce que tu as ramené en ligne,
En te souhaitant une très bonne soirée,
@+
Pour Philippe
Philippe,
Je suis très content que mon site de passionné vous plaise, car je le tiens en amateur pour faire partager ma passion.
je suppose que votre réaction fait suite à l'article que je leur ai consacré pour le 80e anniversaire de leur exploit : http://passiondesavions.blogspot.com/search/label/Oiseau%20Canari
J'avais en stock des photos de l'oiseau Canari que j'ai prise au Musée de L'air et de l'Espace au Bourget, alors quand je suis tombé sur cet exemplaire des Ailes avec un grand article relatant leur exploit, je ne pouvais à mon tour qu'en parler à l'occasion du 80e anniversaire de leur traversée.
Je ne sais pas pourquoi on ne les honore pas autant que les autres aviateurs que vous avez cités, mon hypothèse est que leur traversée n'était pas une première, bien que restant du domaine de l'exploit.
Sinon je suis aussi philatéliste en amateur, et ayant récupéré la collection de mon grand -père, je suis en possession d'un carte postale éditée à l'occasion de la tentative de vol sans escale entre Paris et Santiago du Chili en 1935par Paul Codos et Maurice Rossi, Je suppose que l'article consacré à cet édition vous interessera : http://passiondesavions.blogspot.com/search/label/Atlantique%20sud
En tant que philatéliste, si vous ne les avez pas déjà, je vous recommandes les revues ICARE (éditées par le Syndicat national de Pilotes de Lignes) N° 173 2e trimestre 2000, N) 177 2e trimestre 2001 et N°179 4e trimestre 2001 racontant en 3 tomes l'histoire de La poste aérienne française, illustrés par de nombreux plis aéronautiques et timbres célébrant l'histoire de l'aviation. Il semble encore possible de les commander directement sur le site de la revue ICARE : http://www.revue-icare.com/
Bonjour. Je suis espagnol et je ne savais pas du tout de cet histoire jusqu'à la semaine dérnière quand j'ai regardé par hasard à la tele un docu realisé para Juan Molina. C'est alors que je l'ai apris. Le pasé weekend je suis allé expres à la plage d'Oyambre. Lá la cafeterie et restaurant s'apelle "El pájaro amarillo" le oiseau canari. À Comillas, les aviateurs ont eté acuelli justement pendent les fetes du village et j'ai apris que l'orqueste ont joué La marsellaise un peu avec le ritme du pasodoble. C'est ça que le docu dit.
Bonjour Javier,
Merci pour le commentaire, quand on voit la plage d'Oyambre vue d'avion http://pajaroamarillo.com/ on comprend qu'ils aient choisis de s'y poser