Les déménagements ont ceci de merveilleux, est qu’ils permettent de retrouver des objets que l’on croyait perdus à jamais. Ainsi en est-il de la première édition chez Flammarion du livre «Mes vols», égaré dans le tréfonds de mes bibliothèques depuis au moins le début des années quatre-vingts.

J’ai donc relu Mes vols.

Ce livre à la sobre couverture verdâtre qui représente sur deux-tiers de hauteur un océan tumultueux puis un ciel qui l’est tout autant est merveilleux. Je dirais même que sa lecture est nécessaire pour tout fanatique de l’aviation qui se respecte. S’il porte comme auteur Jean Mermoz, il a été écrit après sa mort par Joseph Kessel – qui n’était pas encore élu à l’Académie Française – en qui l’Archange voyait le seul écrivain capable d’évoquer sa vie et son travail. Gageure supplémentaire, la plume est à la fois vivante et étincelante, ce qui est la marque du grand écrivain.

Ce livre avait été acheté par mon père à Limoges le 20 juin 1937, date de la sortie en librairies de l’ouvrage. Je devais avoir douze ans, lors de la première lecture et vous imaginez l’émotion ressentie alors. Cela ne faisait que vingt-cinq ans que Mermoz avait disparu. Avec l’âge qui passe, je mesure aujourd’hui qu’un quart de siècle n’est rien dans une vie. Je mesure surtout les progrès accomplis depuis.

Lire cet ouvrage est plus que nécessaire, c’est obligatoire.

Anecdote : ce livre est pour moi particulier pour avoir été dédicacé le 15 août 1981 par Jean Dabry (cf photos ci-jointes) unique survivant des traversées sur l’Atlantique sud, et de plus, membre de l’équipage du Laté 28 Comte de la Vaulx, avec Mermoz et Léon Gimié, lors de la première traversée historique de Saint-Louis du Sénégal à Natal, les 12 et 13 mai 1930.

Vous comprenez pourquoi désormais, plus aucun déménagement ne m’en séparera.

Pierre PEYRICHOUT