C’est sur la base aérienne 102 de Dijon – base centenaire de l’Armée de l’air – que se dresse l’un des plus célèbres monuments érigés à la gloire de Georges Guynemer, le héros mythique des ailes françaises. Un aviateur dont il sera beaucoup question en 2017, année qui verra l’Armée de l’air célébrer le centenaire de la fin tragique de l’as « tombé en plein ciel de gloire ».
C’est en 1932 que ce monument fut inauguré, au cours d’une cérémonie qui rassembla sur l’aérodrome militaire bourguignon, outre une foule dense, de nombreuses autorités civiles et militaires, en présence de la mère de l’aviateur et de sa sœur Yvonne.
Georges Guynemer, en tant que porte-drapeau, avait pris part le 13 mai 1916 à une importante cérémonie au cours de laquelle le drapeau de l’Aviation militaire, prestigieux emblème qui avait été remis à l’armée quelques mois plus tôt par le président de la République Raymond Poincaré, fut présenté aux aviateurs du 1er groupe d’aviation de Dijon.
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Georges Guynemer sur le terrain d’aviation d’Ouges-Longvic le 13 mai 1916, portant le drapeau de l’Aviation militaire.

Georges Guynemer sur le terrain d’aviation d’Ouges-Longvic le 13 mai 1916, portant le drapeau de l’Aviation militaire.

La guerre terminée, l’as de guerre était devenu un héros légendaire et « officiel » de l’aviation militaire, et une circulaire datée du 25 septembre 1924 avait instauré la tenue chaque 11 septembre, sur tous les aérodromes militaires, d’une cérémonie commémorant sa mort au champ d’honneur et comportant la lecture de sa dernière citation.

En 1928, le colonel Gaston Ludman, commandant du 32e régiment d’aviation mixte de Dijon (formation installée à Dijon depuis 1920), prit la décision de faire ériger en lisière de l’aire d’envol, face à l’entrée du quartier Ferber, un monument à la gloire du héros national entré au Panthéon six ans plus tôt. Pour en assurer le financement, il mit sur pied un comité qu’il chargea de récupérer les fonds nécessaires et lança une souscription publique « pour l’érection du monument commémoratif de la remise au capitaine Guynemer du premier drapeau de l’aviation ».

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Le monument peu après son inauguration.

La construction du monument, en pierre du pays, fut confiée à l’entreprise Lonati, qui l’érigea d’après des plans de M. Paris. Quant au buste, encadré de l’inscription « Au capitaine Guynemer, l’Aviation », il fut réalisé par la fonderie Lauterbach Frères de Dijon d’après une sculpture de deux artistes dijonnais, madame Yencesse et son fils. Le lundi 25 juillet 1932, jour de l’inauguration, le colonel Ludman termina son discours inaugural en ces termes « Chaque nuit, un phare fixé à l’intérieur du lanterneau de l’édifice projettera vers le haut une vive lumière, symbole de cette flamme ardente qui anima Guynemer jusqu’à son dernier jour. » Le dernier orateur, le colonel René Geibel, son successeur à la tête de ce qui était devenu le 32e régiment d’aviation d’observation, conclut son discours par ces mots : « L’aviation, fidèle à ses belles traditions que domine le souvenir de l’impérissable silhouette du capitaine Guynemer, vole impassible et sereine vers ses destinées, les yeux fixés sur la plus belle citation qui fût donnée à l’un des siens. » Après les discours, l’effigie de Georges Guynemer fut solennellement dévoilée ; puis les troupes défilèrent pour la première fois devant le monument, qu’encadraient trois avions frappés de la célèbre cigogne symbolisant l’escadrille SPA 3. Enfin, une brillante démonstration aérienne mit un terme à la cérémonie, au cours de laquelle Michel Détroyat, Marcel Haegelen, Louis Massotte, Paulhan, se prêtèrent à des voltiges des plus osées.

L’édifice, épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, sera inauguré une nouvelle fois en 1966, sous le commandement du colonel Bernard de Royer, à l’occasion du cinquantenaire des « Cigognes », en présence des généraux Alfred Heurtaux et Emmanuel d’Harcourt, non sans avoir été préalablement rénové et transformé en obélisque par la suppression du lanterneau sommital. Il sera enrichi, pour l’occasion, d’une plaque gravée de la célèbre citation attribuée à titre posthume à l’as de guerre aux cinquante-trois victoires officielles, choisi quelques années plus tôt par les aviateurs dijonnais pour être le parrain de la base aérienne 102.

Stèle Guynemer, le 15 mars 2015

Le monument Guynemer de nos jours.

En mai 2016, quelques semaines avant d’être dissoute, la base aérienne 102 rendra hommage au plus illustre des as et célébrera les cent ans de sa venue à Dijon. Elle organisera du lundi 9 au samedi 14 mai une « Semaine Guynemer » qui comportera, principalement, une exposition (Archives départementales de la Côte-d’Or), un concert (Dijon), une conférence (Ouges), une cérémonie militaire (BA 102) et un « événement philatélique » (Longvic). Frédéric Lafarge, délégué au patrimoine historique de la BA 102 de Dijon.