(photo collection privée Bernard de Nerville)
Capitaine Jacques Estienne, pilote de Loire 130 à l’Escadrille du Calao en 1944 à la base de Wat Chay dans la baie d’Along

L’armée de l’Air n’a mis en œuvre que deux unités équipée d’hydravions : l’une d’elles était L’escadrille du Calao créee par la Marine en 1930 puis cédée aux aviateurs en 1933, et qui devait avoir une fin tragique en mars 1945, au moment du coup de force japonais contre l’Indochine.
l’Escadrille du Calao ou Escadrille du Donaï fut équipée de CAMS 37, CAMS 53, F.B.A 17 HL 2 et pour finir de LOIRE 130.
Le Général Barthélemy retrace cette épopée dans un livre paru en 1976 aux Edition France-Empire « L’escadrille du Calao « 

Pages 144-147, on peut lire »Au début de février, l’escadrille avait été scindée en deux groupes : Le capitaine Vouzellaud s’était vu attribué deux potez 25 et était partie à l’Ouest-nord ouest de Hanoï sur le terrain de Son La…..Le capitaine Estienne avait alors pris le commandement de la base de Watchay pour y poursuivre le travail normal dévolu à l’escadrille, c’est à dire l’appui des troupes de l’infanterie coloniale dans la région côtière. Brusquement la situation devient dramatique. Le 9 mars au matin l’armée japonaise déclenche une attaque sur Hanoï, Haïphong et Lang Son. La base de Watchay est dans l’ignorance totale de ces évènements quand à 17 heures, lui arrive de Hanoï l’ordre de détruire le matériel volant et de se porter à 80 kilomètres au nord-ouest avec ses armes et tout son personnel, sur une position tenue par l’infanterie coloniale….. ….. le capitaine Estienne, issu d’une vieille famille de militaires et de marins (il était le fils du contre-amiral Estienne) appartenant à la première promotion de l’école de l’Air connaissait le sens du mot « discipline »… ….il quitte la base le 10 mars à 3 heures avec son échelon roulant de quatre camions et une voiture légère et son personnel comprenant neuf sous-officiers et soixante dix tirailleurs indochinois. Le petit groupe arrive à Tien Yen vers 8 heures…….

…..Devenu fantassin avec sa petite troupe, le capitaine Estienne reçoit sa nouvelle mission du commandant de l’infanterie coloniale : couper le point le plus avancé de la ligne de résistance, « le Mamelon des Deux Arbres »…… …. Pendant trois jours et deux nuits les Japonais amplifient leurs attaques et le 13 mars au matin, ayant reçu d’importants renforts, ils parviennent à déborder au sud le « Mamelon de Deux Arbres », L’ordre de repli arrive alors au capitaine Estienne mais il est trop tard : Estienne ne se sent plus suffisamment appuyé pour décrocher avec succès. Il décide de tenir la position… …..Estienne tombe, frappé d’un coup de sabre, au moment où il lance une grenade…..il n’y aura pas de survivants à l’exception de quelques tirailleurs qui ont pu se cacher, blessés, sous les cadavres de leurs camarades.« 

Page 154, on peut lire l’allocution prononcée par le colonel Gauthier, commandant de l’école de l’Air lors de l’attribution du nom du capitaine Estienne à la promotion 59-61 de l’école de l’Air.

Voici la biographie du Capitaine Jacques Estienne, Parrain de la promotion 1959 de l’école de l’air, selon l’Association des Anciens Elèves de l’Ecole de l’Air.

« Jacques ESTIENNE est né le 19 janvier 1914. Entré à l’École de l’air le 4 novembre 1935, il participe aux opérations de 39-40 au sein de la 32ème escadre de bombardement. En avril 1941, il est affecté en Indochine à l’escadrille d’hydravions 1/CBS à Cat Lai, puis en février 1945 au commandement d’une section d’hydravions à Wat Chai. Le 9 mars 1945, au moment du coup de force japonais, il détruit sur ordre son matériel volant et rejoint avec ses hommes un groupe de résistance de l’infanterie coloniale. Attaqué par les Japonais, il trouve la mort le 10 mars au matin après trois jours de combats qui se terminent au corps à corps. »